Cher éditeur, valide moi!

Récemment, Maxime DeBleu et Nancy Pilon discutaient sur Twitter de cette crainte, partagée par plusieurs écrivains, qu’un de leur manuscrit n’ait pas la qualité désirée.

Ma participation, en 140 caractères, ressemblait à ça : http://twitter.com/Annie_Bacon/status/9640758883 mais j’ai eu envie d’élaborer un peu.

Voilà : pour le premier manuscrit, le seul fait qu’un éditeur qui n’a jamais entendu parler de toi et qui n’est définitivement pas ton ami décide de le publier est preuve suffisante de la qualité du manuscrit. Ces gens en reçoivent des centaines par année et n’acceptent que très peu de nouveaux auteurs. La validation est complète (et très satisfaisante pour l’égo)!

Or, ce n’est plus le cas du deuxième manuscrit, surtout s’il s’agit d’une série! La question s’insinue : « et si mon éditeur (trice, dans mon cas) avait accepté de publier le Tome 2 uniquement parce que le Tome 1 se vend bien ». Un éditeur mercantile, ça s’est déjà vu! Ce doute est invariablement suivi par l’angoisse : « et si le tome 2 était mauvais! »  Reste quoi? Les critiques? Les chiffres de vente? Ces deux choses ne remplaceront jamais la validation de l’éditeur, Grand Autre par excellence de l’industrie.

Les trois pires règles d’écritures

Aujourd’hui, Mathieu Fortin, du blogue les archives du sanatorium, a partagé sur Twitter un fort intéressant article du Guardian intitulé « The ten rules for writing fiction »  dans lequel plusieurs auteurs connus dévoilent leurs dix règles d’écritures. À partir d’un tel article, je pourrais avoir eu envie de partager les perles (il n’y en a plusieurs), ou encore d’écrire mes propres dix règles. Ces deux choses viendront peut-être… pour l’instant, je préfère vous présenter les quelques règles auxquelles je m’oppose avec véhémence!

Elmore Leonard

Rule #3 : Never use a verb other than « said » to carry dialogue.

En fait, je suis tellement en désaccord, que, dans mes animations scolaires, je fais un segment complet sur l’incapacité du verbe “dire” à exprimer quelque chose d’intéressant! Imaginez la scène : un personnage perd pied au sommet d’une falaise et se rattrape in extremis à une racine.

– À l’aide, dit-il.

Et bien non! Il ne « dit » pas! Il crie, il hurle, il vocifère, il supplie, il s’époumone, il pleure, mais il ne « dit » certainement pas!

Richard Ford

Rule #2 Don’t have children.

Je comprends son point : les enfants prennent un temps fou, temps qui ne peut être utilisé pour écrire! Mais voilà, j’ai personnellement écrit mes deux premiers romans lors de congés de maternité. Sans enfants, je n’aurais possiblement jamais écrit de livre. D’ailleurs, une autre auteure, Helen Dunmore, cite le contraire comme règle numéro 8 : « If you fear that taking care of your children and household will damage your writing, think of JG Ballard.”

PD James

Rule #1: Increase your word power. (…) We who write in English are fortunate to have the richest and most versatile language in the world. Respect it.

Non, mais, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! J’aimerais bien savoir combien de langues le PD James en question parle pour pouvoir affirmer une telle énormité! L’anglais, langue la plus efficace? Oui! La plus rependue? Peut-être. Mais la plus riche et versatile! J’en serais bien surprise!

Je joue à l’avocat du diable, mais en fait, l’article au complet est bien inspirant! J’ai possiblement décidé de lister les mauvaises règles parce qu’elles étaient beaucoup moins nombreuses que les meilleures!!! Paresse, quand tu nous tiens!

Je vous invite fortement à aller y faire un tour!

Aperçu d’un lancement à la fois local et social!

Et voilà! 42 livres signés plus tard, le lancement est terminé, et l’auteure prend un repos bien mérité!  Malgré la neige du matin, l’événement a été un franc succès et le Péché Glaçé autant que mon Éditrice sont très satisfaits des résultats! De mon côté, j’en conclus que le succès a été dû à deux choses : le choix de faire un lancement « local », et l’utilisation des médias sociaux dans ma vie en générale.

Soyons d’abord prophètes dans notre quartier!

L’idée était de mon chum. Je me questionnais sur la pertinence d’une semaine d’animations scolaires dans les maritimes, et il me suggéra de commencer plutôt par mon quartier. Après tout, on y trouve une bonne dizaine d’écoles! J’ai donc fait deux animations scolaires dans le coin pendant la semaine qui précédait le lancement. Résultat? Plus de la moitié des livres vendus lors du lancement l’ont été à des élèves de ces deux écoles qui, plusieurs jours après l’animation, m’avaient encore assez en mémoire pour faire le détour jusqu’au péché glacé. Merci aux parents, d’ailleurs!

Les réseaux sociaux rendent asocial? Pffffttt!

Ce n’est pas de la promotion du lancement dans les médias sociaux qui m’a impressionnée, mais bien le fait que, grâce à ce médium, j’ai de nouveaux amis! Des amis que je n’avais jamais rencontrés avant des les suivre sur Twitter, d’autres que j’avais perdus de vue avant Facebook, d’autres encore qui n’auraient jamais sauté la clôture qui sépare « contact de travail » et « amis » si ce n’était des réseaux enligne. Certains prétendent que les contacts humains se raréfient à cause des médias sociaux, et bien plusieurs personnes sont venues prouver le contraire samedi, et je leur envoie un merci tout particulier!

On se reprend en septembre pour la sortie du troisième?

Deux anecdotes d’animations scolaires

created by Mark A. Hicks, illustratorCette semaine, en l’honneur du lancement qui s’en vient, j’ai fait deux animations dans des écoles de mon quartier. Voici les faits les plus cocasses qui s’y sont produits.

Pendant la période de questions à l’école Saint-Louis-de-Gonzague, un garçon de 10-12 ans m’a demandé le plus naturellement du monde : « Est-ce que tu as un prix Gémeaux? Mon père, lui, il a un prix gémeau »! Intérieurement, je me suis dit qu’il fallait vraiment habiter le Plateau Mont-Royal pour avoir le droit à de telles questions!

Dans la deuxième école, soit Saint-Pierre Claver, on discutait des salons du livre, et j’expliquais que j’aimais bien y rencontrer d’autres auteurs. Une préadolescente aux lunettes trendy et à la couette « emo », a commencé à tourner autour du pot en me demandant si je ne rencontrais QUE des auteurs québécois. La voyant venir de loin, j’ai immédiatement répondu avant même qu’elle ne m’en pose la question : « Je n’ai jamais rencontré Stéphanie Meyer, si c’est ce que tu désires savoir ». Elle en est restée bouche bée : j’avais lu dans son esprit! J’adore ces moments où ma connaissance de la culture des 9-12 me permet de les surprendre! Il suffit alors d’une phrase pour qu’un grand lien de complicité se tisse!

Le véritable métier des auteurs jeunesse

Femme, multitasking, libre de droits

Au dernier Salon, après avoir reçu une dédicace, une mère m’a montré en exemple à sa fille en lui disant : « Tu vois, c’est possible de vivre de l’écriture ».  J’ai réussi à ne pas recracher ma gorgée de café, mais je n’ai pas eu le temps de lui répondre qu’elles étaient déjà parties. Car voilà : si c’est possible (et ce l’est), ce n’est pas mon cas pour le moment, et ce n’est pas le cas de la grande majorité des auteurs!

La plupart des auteurs jeunesse ont un deuxième métier qui leur permet de mettre du beurre sur le pain : professeur, correctrice, rédactrice, journaliste, scénariste, quand ce n’est pas un métier complètement autre; eh oui, votre comptable écrit peut-être des romans jeunesse en cachette… googlez-le juste pour voir!

Le jonglage entre les deux se fait de manière différente, et en proportion différente, selon chacun! Le soir et les week-ends pour les plus vaillants, entre les contrats pour les pigistes, à temps partiel pour les chanceux!

Moi dans tout ça? Je suis scénariste en jeux vidéos! J’ai de la chance : c’est un métier créatif, que j’aime beaucoup! Ainsi, cette semaine, entre un salon du livre, deux animations scolaires et un lancement, j’ai également une échéance et une rencontre avec un nouveau client potentiel… et je trouve tout de même le temps de vous écrire ce mot!

Bilan du Salon!

Si les deux journées de semaine ont été terriblement décourageantes, au  point de les trouver inutiles, les deux journées du week-end ont largement compensé! Les spectacles ayant fait salle comble, le trafic ne manquait pas, et nous avons rarement eu plus d’une dizaine de minutes de répits entre les différentes vagues. Au bilan, presque qu’une centaine de livres de vendus (et signés), alors qu’on parlait plutôt d’une vingtaine après les trois jours de visites scolaires.

Les rencontres

J’ai pu revoir pour la première fois depuis plusieurs années, Nadine Descheneaux, auteure de la série du Divan Rose, (z)impartaite à ses heures, et ancienne collègue de chez PetitMonde. J’ai également pu discuter en personne (et avec grand plaisir) pour la première fois Élise Bouthillier, avec laquelle j’échange depuis quelques mois sur Twitter. Mes deux journées de semaine se sont fait en compagnie d’Isabelle Larouche, avec qui je passerais des heures à jaser plutôt que de vendre de livres, et, évidemment, de Viateur Lefrançois et de Liliane, toujours fidèles au poste pour les Éditions du Phoenix!

Mais surtout, une rencontre avec des centaines d’enfants dont les yeux s’allument à la vue de tant de livres! Des enfants qui écoutent, partent, reviennent, supplient leurs parents, et repartent, tout contents, avec un livre autographié! Serai-je présente au salon l’année prochaine? Certainement! Ferais-je tous les jours de tous les Salons de la province? Certainement pas! Après tout, mon métier est avant tout d’écrire, le reste de la promotion de terrain sera une question de choix… et de dosage!

Les visites scolaires dans les salons : culture ou perte de temps?

Après la publication de mon dernier billet, pensés après cette première journée de salon, une grande discussion s’est engagée sur Facebook entre de mes amis auteurs et de mes amis professeurs au sujet de l’interdiction d’acheter des livres au Salon que certaines écoles en visite imposent à leurs élèves. Évidemment, cette décision ne plaît pas aux auteurs qui prennent une journée à leur frais pour faire de la promotion et n’ont pas envie de la passer à poireauter devant des piles de livres invendus.

Les raisons des professeurs sont nombreuses : argent perdu, emphase des inégalités sociales, mauvais choix de livre, enfants pris dans une file pour payer alors que l’autobus s’en va, etc. Je comprends parfaitement les raisons des enseignants : la gestion de l’argent est une chose compliquée à apprendre aux enfants, possiblement une qui devrait être du ressort des parents plutôt que de celui des professeurs.

N’empêche que le résultat est que les enfants ne font qu’errer sans but pendant une heure entre les allés de livres en collectionnant les signets devant des auteurs qui, eux, se disent qu’on ne les y prendra plus. Donc, si cette tendance se maintient, les auteurs bouderont de plus en plus l’événement, du moins durant la semaine, et, avouons-le, tant qu’à amener les élèves dans un salon sans auteurs, les écoles sont aussi bien de les amener au Renaud-Bray!

Mon conseil au Salon du livre jeunesse de Longueuil:

Utilisez plutôt les jours de semaine pour organiser une journée pour les professionnels (conseillers pédagogiques, bibliothécaires, etc.) remplie de conférences et d’animations. Si vous réussissez à en attirer un bon nombre, les éditeurs se battront pour un espace-kiosque.

Mon conseil aux parents :

Allez au Salon du Livre Jeunesse avec vos enfants, donnez-leur 20$ et « lâchez-les lousses »! Le salon est trop petit pour être dangereux, et ce sera pour eux soit une belle occasion d’apprendre, soit une belle occasion de vous surprendre.

Mes conseils aux écoles qui imposent cette interdiction d’achat :

– Si vous désirez que vos élèves aient un contact avec des auteurs, invitez-en plutôt un dans votre classe, que ce soit pour une animation comme la mienne, avec la Caravane de la fête du livre où avec le programme La culture à l’école.

– Si vous désirez leur offrir un moment privilégié entouré de livres, amenez-les à la bibliothèque où ils pourront les ouvrir et s’y plonger.

– Si vous désirez tout de même les amener au Salon, imposez-leur au moins un devoir qui les obligera à regarder les livres, par exemple d’en noter trois qui serviront de suggestions pour la bibliothèque de l’école.

Finalement, il existe aussi une solution qui les englobe toutes : certaines librairies (Boyer sur la Rive-Sud, et BuroPlus à Saint-Jean, entre autres) font des salons privés dans les gymnases des écoles. On jumèle le tout avec une présence d’auteur dans les classes, et les achats s’effectuent avec les parents lorsqu’ils viennent chercher leurs rejetons après 3 h! Tout le monde y gagne!

Pensées en vrac après cette première journée de Salon

Tenir son livre dans ses mains pour la première fois, c’est toujours un bon « feeling »!

Fini la distribution systématique des signets! Je ne renfloue plus ces collections qui termineront toutes éventuellement dans les poubelles! Je ne les donne plus qu’aux personnes qui semblent réellement intéressées.

J’ai beau comprendre les raisons des professeurs, je trouve qu’interdire aux enfants d’acheter des livres lors de leur présence au salon, c’est envoyer le mauvais message à tout le monde!

C’est l’arrivée des « booth babes » dans les Salons du livre! Juste devant notre kiosque, une grande blonde habillée en « SuperGirl » faisait la promotion de livres personnalisés de Marvel.

Les professeurs de primaire masculin existent! J’en ai rencontré trois juste aujourd’hui!

Salon du livre Jeunesse de Longueuil et questionnement professionnel!

Je serai en séance de dédicaces au kiosque des Éditions du Phoenix (12) pour la presque totalité du Salon du Livre Jeunesse de Longueuil. En fait, il n’y a que le vendredi où je devrai m’absenter pour cause de contrat; il faut bien vivre!

Bien qu’il me soit arrivé souvent de faire des jeudis-vendredis intensifs, ce sera la première fois que je fais également la fin de semaine.  J’y vais avec en poche une grande question : est-ce que ça en vaut la peine?

Pour se ressourcer? Sans contredit! Pour rencontrer et discuter avec des lecteurs? Absolument! Pour créer des liens avec d’autres auteurs et éditeurs? Encore plus! Financièrement?… C’est là où le bât blesse!

Je donne en exemple mon premier Salon, soit celui de Sherbrooke en 2007. J’y ai passé les deux premières journées au cours desquelles j’ai vendu près d’une trentaine de livres, un assez bon chiffre, me suis-je fait dire. Or, À 10 % de droits d’auteurs sur des livres à 8,95 $, ça ne paie même pas l’essence utilisée pour me rendre en Estrie! Sans compter que, durant ces deux jours, je n’ai ni écrit, ni fait de contrats.  Bon, évidemment, les ventes ne sont qu’une partie de l’équation! J’ai également parlé à des centaines de lecteurs potentiels qui ont peut-être retenu mon nom et distribué d’innombrables signets (tel que si bien illustré ici par Stéphane Dompierre et Pascal Girard).

Je ne remets pas en question ma présence dans les salons, j’aime trop les trois premières raisons mentionnées pour m’en faire avec la quatrième! N’empêche que la question se pose : à quel point cette publicité de terrain aide-t-elle la carrière d’un auteur jeunesse?

John William Waterhouse: illustrateur de fiction!

Depuis plusieurs mois, le Musée des Beaux Arts de Montréal présente une exposition des œuvres de John William Waterhouse. Une éclaircie dans mon écriture et mes contrats m’avaient permis de faire le projet d’y aller vendredi dernier, mais malheureusement, un imprévu m’a obligée à reste à la maison. L’exposition se termine dans deux jours.

Certains se demanderont l’intérêt d’un tel artiste. Après tout, c’est du figuratif, style considéré comme intellectuellement un peu « facile », et n’est même pas dans les meilleurs du genre, comme, par exemple, un Raphael ou un Michel-Ange. Pourtant, il est de loin mon préféré, parce que ce n’est pas un peintre : c’est un illustrateur de fiction! On retrouve dans ses œuvres tous les grands personnages féminins des auteurs qui ont traversé les âges : Ophélie (Shakespeare), Circé (Homère), la belle dame sans merci (Yeats), pour n’en nommer que quelques-unes! Mais non seulement ses tableaux sont inspirés des plus grands récits fantastiques, mais chacun semble raconter, sans le support de l’œuvre originale, une histoire à lui seul. À preuve, ses tableaux ont ornés maintes et maintes couvertures de livres écrits bien après sa mort.

J’ai mémoire d’une encyclopédie du merveilleux que possédait une tante, et dans laquelle figuraient plusieurs tableaux de John William Waterhouse, dont la sirène placée en haut du présent billet. Que d’heures j’ai passées à les regarder avec la conviction grandissante que ces personnages mythiques avaient existé pour de vrai!

Certaines expositions ouvrent les yeux, d’autres l’esprit, celle de John William Waterhouse, j’en suis certaine, ouvre l’imagination.