Tous les articles par Annie Bacon

Les mots soutenus et la théorie schtroumpf

Mes livres ont un vocabulaire soutenu, ce qui pose problème à certains lecteurs. J’en suis consciente, et c’est un choix que j’assume entièrement, je dirais même que ça fait partie de ma signature. En discutant avec ma plus jeune, j’ai développé une nouvelle manière d’expliquer la meilleure manière d’aborder ces mots soutenus avec les jeunes lecteurs. J’appelle le tout « la théorie schtroumpf ».

On a tous déjà lu un album des schtroumpfs. Dans le dialogue, environ un mot sur dix est remplacé par le mot « schtroumpfs » sans ce celui-ci ne soit expliqué. Pourtant, on comprend l’histoire.  Dans l’exemple ci-haut, on comprend très bien ce que veut le Grand Schtroumpf, même si un des mot de sa phrase est incompréhensif.

C’est la même chose pour les mots soutenus. Comparez les deux phrases suivantes :

  • Ils crapahutaient dans la forêt en direction du village
  • Ils schtroumpfaient dans la forêt en direction du village

La même phrase avec le même nombre de mots nous permettant de déduire le sens du verbe mystère. Pourtant, la première phrase fera peur aux jeunes lecteurs, alors que dans la deuxième, ils devineront le sens de la phrase.

La leçon : Il faut faire confiance à la capacité de notre cerveau à combler les trous et ne pas laisser les mots soutenus nous arrêter dans notre lecture.

Évidemment, il y a des limites. Dans la Flute à six Schtroumpfs, lorsque Pirlouit déclare qu’il veut : « schtroumpfer un schtroumpf de schtroumpf », personne ne comprend ce qu’il veut, pas même les schtroumpfs eux-mêmes.

 

C’est pourquoi il est important de lire des livres à sa hauteur (où à sa pointure), ou un peu au-dessus… mais pas trop. Parce que s’il n’est pas important de comprendre chaque mot, il est important de comprendre le sens général de la phrase.

Fin de mon TED Talk!

L’illustratrice de Camp de jour : Camille Maestracci

Lorsque j’ai réalisé, à huit mois de la publication, que l’illustrateur ou illustratrice de Camp de jour n’était toujours pas choisi, je dois l’avouer, j’ai un peu paniqué! Ces pigistes affichent souvent complet des mois et des mois d’avance! Mon éditrice (Marie-Hélène Poitras, pour ne pas la nommer), m’a rapidement rassuré en me proposant Camille Maestracci, qui était libre sur le champ.

Gros coup de cœur pour cette illustratrice française et ses univers imaginaires! Il faut dire que j’adore travailler avec des bédéistes (coucou Boum et Mathieu Benoit) qui ont le don de trouver exactement la bonne expression faciale à mettre selon la situation.

Voici donc quelques illustrations choisies sur ses différents sites… cliquez par ici pour en voir plus sur son compte Instagram :  https://www.instagram.com/camillemaestracci/

Continento-Stratus partie 12 : la révision d’orthographe professionnelle

Image: Muhammad Mahdi Karim

Une fois que le texte est à la satisfaction de l’éditeur (voir direction littéraire), il l’envoie à un réviseur ou réviseure pour la correction d’orthographe. Croyez-moi, vous aurez beau utiliser tous les logiciels de correction du monde, je n’ai jamais vu un manuscrit dans lequel il ne restait pas des fautes à trouver à cette étape.

Pour l’auteur, c’est assez simple : il suffit d’accepter les corrections dans le manuscrit. Après tout, un « s » manquant, ça ne s’argumente pas.

Il arrive parfois, par contre, que des cas particuliers d’orthographe demandent une réflexion plus poussée. Pour Continento-Stratus, j’ai eu un problème de genre pour les fleurs.  Les fleurs étaient définitivement féminines dans leur identité de genre et j’avais donc tout accordé au féminin. Le problème : c’était des dahlias, et le mot « dahlia » est masculin.

La phrase suivante est donc impossible :

— Non! Surtout pas! le réprimande la dahlia d’ondée la plus proche.

Dans ce cas-ci, je me suis inspiré de non-binarité anglophone en mettant tout au pluriel :

— Non! Surtout pas! le réprimandent les dahlias d’ondée les plus proches.

Parfois, la gymnastique a été encore plus compliquée. La phrase suivante :

Les dahlias acclament Philou. Elles applaudissent à toutes feuilles en criant des « bravos » et des « mercis ». Plus jamais elles n’auront peur de la cavalcade. Elles sauront arrêter sa course.

Est devenue :

Les dahlias acclament Philou et applaudissent à toutes feuilles en criant des « bravos » et des « mercis ». Plus jamais ces fleurs n’auront peur de la cavalcade. Elles sauront arrêter sa course.

Ce qui m’a sauvé est que le mot « fleur », lui, est féminin. Une fois ce mot utilisé, je pouvais donc accorder mes pronoms et adjectifs sans mégenrer mes personnages.

Bref, ne pensez jamais que cette étape est ennuyeuse! Les règles de grammaire offrent parfois des défis plutôt stimulants!

Deux romans changent de noms!

Quand j’invente des histoires dans des classes, il arrive souvent que des élèves soient catastrophés qu’on n’ait pas encore donné de titre à l’histoire, comme si c’était la partie la plus fondamentale de la création. Je leur explique chaque fois que le titre n’est pas important, et qu’il ne faut pas non plus s’y attacher, puisqu’il y a des risques qu’il change en cours de route!

Ma série Victor Cordi s’appelait « Clé en poche » avant de trouver un éditeur.

Le premier tome des Gardiens des soirs de bridge s’est appelé « Titre à trouver » pendant des mois avant de devenir « Sous le divan ».

Et voici que mes deux prochains romans ont également changé de titre! Je vous annonce donc que

Mon moniteur est un gobelin s’intitule désormais Camp de jour T1 : Attaques souterraines. Et que Limbo-Cumulus s’intitule désormais Continento-Stratus : L’orage au cœur

MISE À JOUR: Le premier tome de Camp je jour a changé de sous-titre deux semaines plus tard, et s’appelle finalement Camp de jour: l’éveil du kraken.

Pour ce dernier, ça veut sans doute dire que je vais changer les titres des nombreux billets de blogue associés! J’ai du pain sur la planche!

Je ne sais pas comment parler de « Le Nouveau »

En animations scolaires, il est fréquent qu’un élève me demande sur quel livre je suis en train de travailler, et comme je suis toujours en écriture de « Le Nouveau », c’est celui-là que je décris en réponse à la question.

Le problème, c’est que je n’ai pas encore trouvé comment en discuter pour que ça sonne aussi intéressant que ça ne l’est en réalité!

C’est un problème courant! Certains livres peuvent être résumés en quelques phrases clés accrocheuses… pour d’autres, c’est plus compliqué. Au fil du travail d’édition, et dans les premiers mois de vie du livre, les opportunités d’en parler de manière succincte abondent : 4e de couverture, communiqué de presse, réunion avec l’équipe commerciale, puis nombreuses rencontres de lecteurs potentiels en salon du livre. De fil en aiguille, notre « pitch » s’affine. On trouve les bons mots, le bon angle pour accrocher les lecteurs sans pour autant dévoile tous les secrets de l’histoire.

Mais de manière très apparente : je n’en suis pas là avec « Le Nouveau »! Il est si bon sur papier (et encore meilleur dans ma tête), mais dès que j’en parle, je m’éparpille et il ne sort de ma bouche que des banalités. Je vois alors l’élève qui a posé la question hocher la tête de manière polie, sans qu’aucune étincelle d’intérêt ne vienne éclairer son œil.

Découragée, j’enchaine avec la question suivante.

Ceux qui pensent que les auteurs sont les meilleurs pour parler de leur livre ne m’ont jamais entendu.

Prédictions 2025

Je voudrais commencer par vous souhaiter une fabuleuse année 2025, remplie de joie, de réussites et d’émerveillement. J’espère que vous avez tous passé un bon temps des fêtes, de mon côté, ça s’est passé en petite famille sous un pied de neige dans la région de Baie-Saint-Paul.

Puisque le temps des bilans est terminé, voici venu celui de regarder vers l’avenir et de se demander ce qui s’en vient pour l’année 2025!

Publications 

Trois livres au calendrier cette année, que voici dans l’ordre :

J’ai aussi participé à deux collectifs dans les dernières années, et je réalise que j’ignore leur date de publication! Je les mets avec points d’interrogation ci-dessous, mais je ne sais même pas s’ils sont pour cette année :

  • Collectif pour les 400 coups?
  • Collectif pour Héritage?

C’est le genre de projet sur lequel j’hésite à vous en dire trop, puisque plusieurs personnes sont impliquées! En toute probabilité, je vous en parlerai seulement une fois qu’ils sont annoncés officiellement.

Écriture :
De ce côté, deux certitudes pour les prochains mois :

  • Le Nouveau (presque terminé)
  • Mon moniteur est un gobelin Tome 2

Et des possibilités un peu plus floues pour la suite :

  • Les Abysses Tome 3?
  • Pétronille T7 (on peut rêver)?
  • Une nouvelle idée qui me sera apparue en cours de chemin?

J’ai aussi un projet d’adaptation dans un autre médium qui est en attente de subvention et qui pourrait chambouler tous mes plans, puisqu’il me demandera beaucoup de temps!

 Souhaits pour l’année :
Que demander d’autre que des lecteurs? Il n’y a rien de plus triste, pour un auteur, que de travailler des mois et des mois sur un livre et de voir ce dernier disparaître des tablettes sans un bruit. Je me souhaite donc tout plein de lecteurs, pour mes nouveaux livres comme pour les anciens.

Et si mon projet en attente pouvait aller de l’avant, ça serait pas mal, aussi!

Bilan 2024!

Graphisme fait par moi-même pour m’assurer que ce n’est pas de l’I.A.

Je prends deux semaines de congé pour les fêtes, ceci sera donc mon dernier billet de l’année, et, comme il se doit, je fais un bilan des douze derniers mois!

J’ai relu mon billet de prévision pour l’année pour constater que certaines choses se sont confirmées, alors que d’autres se sont passées autrement! Voyons le tout point par point!

Publication:
Comme prévu, je n’ai publié qu’un seul titre:

Par contre, alors que l’idée d’une seule publication m’angoissait au début de l’année, je dois avouer qu’il n’en a rien été au jour le jour. La vie continue, la crise existentielle n’a pas eu lieu.

Rédaction:
Je parlais, en début d’année, d’écrire les deux premiers tomes d’une nouvelle série chez un nouvel éditeur. Il s’agissait de “Mon moniteur est un gobelin”, qui sortira ce printemps chez la Bagnole. C’était les deux seuls projets dont j’étais certaine, les autres n’étant que pure conjecture.

Ce que j’ai vraiment écrit:

Donc, j’ai bien écrit le tome 1… mais pas encore le deuxième! Il attendra 2025! À la place, j’ai écrit un livre dont j’avais envie depuis longtemps, soit la suite de La légende de Paul Thibault, mais aussi un manuscrit tout à fait inédit appelé Le Nouveau, venu par une “idée miracle” et sur lequel il me restera au moins une autre révision après les fêtes. J’ai aussi passé beaucoup de temps en direction littéraire cet automne, entre autre sur mon roman de nuage, limbo-cumulus.

Résolution de souhait
Mon souhait pour cette année était plus personnel que professionnel, mais je vous annonce tout de même qu’il s’est réalisé en partie! J’espérais que la physiothérapie que j’avais entamée pour des problèmes de dos au septembre précédent porterait fruit, et je dois avouer que les douleurs sont désormais maîtrisées! Il y a de bons jours et de mauvais jours, mais je ne me sens plus handicapée comme je l’étais il y a deux étés! Yé! On peut même dire que 2024 aura été l’année où j’ai recommencé à me mettre en forme!

Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes, on se revoit au premier lundi de janvier avec mes prédictions 2025! 

Présentation : Mon moniteur est un gobelin

Je vous avais déjà parlé de l’origine du projet, et vous avez certainement vu le nom passer quelques fois si vous êtes des assidus de ce blogue, mais voilà le temps de vous présenter mon prochain roman de manière plus officielle :

Je commence une nouvelle série pour les 9-11 ans chez La Bagnole, dont le titre est « Mon moniteur est un gobelin ». Le premier tome, « L’arbre de vie » sortira au mois de mai.

Il raconte les aventures de six jeunes inscrits dans un camp de jour de Montréal. Lors d’une visite au Jardin Botanique, ils assistent à une attaque souterraine contre le grand peuplier du jardin des Premières Nations et découvrent que ce dernier est en fait l’arbre de vie de Montréal, celui qui rends toute magie possible dans la ville. Ils apprendront surtout que leurs moniteurs sont respectivement un gobelin de métro avec des dettes de jeux et une dryade de réverbère capable de se fondre dans le métal.

La série s’inscrit dans la tradition de la fantaisie urbaine, dans laquelle les créatures mythiques médiévales sont transposées dans notre ère moderne. Les sylphes volent autour des gratte-ciels, les fées se cachent dans la bibliothèque, et les trolls hantent les viaducs, moins humides que leurs ponts d’autrefois.

Au fil des prochains mois, je vous présenterai l’illustrateur, quelques extraits, la page couverture et autres surprises! En espérant que vous serez au rendez-vous!

Anecdote d’écriture

Ces temps-ci, je travaille trois manuscrits différents. Deux en direction littéraire (Limbo-cumulus chez Bayard et Mon moniteur est un gobelin chez La Bagnole) et un original en écriture (Le Nouveau).

C’est rare que j’alterne autant, moi qui suis plutôt linéaire dans mon écriture. Ce qui est drôle, c’est que ça me permet de comparer, et de repérer un peu mes penchants, mes habitudes.

Par exemple, dans mon livre sur les nuages, j’ai un chapitre qui termine ainsi:

« Il n’a jamais été aussi seul… Jusqu’à l’arrivée des bernaches. »

Dans Le Nouveau, j’en ai un qui se termine comme ça:

« Je ne saurai jamais si c’était une coïncidence, mais c’est le lendemain qu’est arrivé le premier faucon. »

Si un jour on me demande quels sont mes tics d’écriture, je pourrai répondre que j’adore annoncer l’arrivée d’oiseaux en fin de chapitre!

Dilemme à la première personne!

Mon manuscrit en cours, au titre de travail « Le Nouveau », est écrit à la première personne. La semaine dernière, alors que je retravaillais mon premier jet, un doute s’est immiscé dans mon esprit au détour d’une phrase.

Je ne me souvenais plus si mon narrateur utilisait le « on » ou le « nous » pour parler de lui et du nouveau en question.

Il faut dire que les deux options sont possibles, à condition que l’utilisation soit constante tout le long du manuscrit. On ne peut pas passer d’un à l’autre, sauf pour les dialogues, ou tout est permis. Ce n’est pas mon plus un choix qui doit être fait à la légère, puisqu’il influencera grandement le ton du roman et le ressenti du lecteur.

Analyse personnelle :

On : plus familier, plus direct, donnera l’impression au lecteur que le narrateur est un pair qui s’adresse directement à lui comme à un ami.

Nous : plus classique, plus littéraire, le narrateur aura vraisemblablement couché l’histoire sur papier pour la postérité.

Le choix de pronom doit aussi s’accorder avec le niveau de langage du texte. Imaginez les deux phrases suivantes :

  • Nous jasions entre vieux chums
  • On conversait entre compagnons de longue date

Le tout sonnerait beaucoup plus naturel et fluide en inversant :

  • On jasait entre vieux chums
  • Nous conversions entre compagnons de longue date

Remarquez, comme toutes bonnes normes d’écriture, il est possible d’y contrevenir volontairement pour créer un effet!

Pour en revenir à mon manuscrit

Après réflexion, j’ai donc choisi le nous cette fois-ci, qui me semblait mieux convenir. Une rapide recherche dans le manuscrit m’a confirmé que c’est ce que j’avais utilisé instinctivement la plupart du temps, et j’ai corrigé les quelques exceptions. Je dis « cette fois-ci », mais une recension de mes précédents romans écrits à la première personne m’informe que c’est ce que j’ai toujours fait. Les narrateurs de Le Soutermonde, Romane et les Émotis, Simon et la galette d’intelligence et Pétronille inc. utilisent tous le pronom « nous » lorsqu’ils sont accompagnés.

L’exception importante : les dialogues
Dans tous les cas, j’utilise tout de même le « on » dans les dialogues, parce qu’il faudrait vraiment des circonstances particulières pour qu’un personnage s’exprime à haute voix en utilisant la première personne du pluriel. Un personnage vieux jeux, qui utilise « diantre » comme juron, par exemple. Je me demande soudain ce qu’utilisaient les personnages de La comtesse de Ségur!

Je me promets de le faire, un jour!