Anecdote d’écriture

Ces temps-ci, je travaille trois manuscrits différents. Deux en direction littéraire (Limbo-cumulus chez Bayard et Mon moniteur est un gobelin chez La Bagnole) et un original en écriture (Le Nouveau).

C’est rare que j’alterne autant, moi qui suis plutôt linéaire dans mon écriture. Ce qui est drôle, c’est que ça me permet de comparer, et de repérer un peu mes penchants, mes habitudes.

Par exemple, dans mon livre sur les nuages, j’ai un chapitre qui termine ainsi:

« Il n’a jamais été aussi seul… Jusqu’à l’arrivée des bernaches. »

Dans Le Nouveau, j’en ai un qui se termine comme ça:

« Je ne saurai jamais si c’était une coïncidence, mais c’est le lendemain qu’est arrivé le premier faucon. »

Si un jour on me demande quels sont mes tics d’écriture, je pourrai répondre que j’adore annoncer l’arrivée d’oiseaux en fin de chapitre!

Dilemme à la première personne!

Mon manuscrit en cours, au titre de travail « Le Nouveau », est écrit à la première personne. La semaine dernière, alors que je retravaillais mon premier jet, un doute s’est immiscé dans mon esprit au détour d’une phrase.

Je ne me souvenais plus si mon narrateur utilisait le « on » ou le « nous » pour parler de lui et du nouveau en question.

Il faut dire que les deux options sont possibles, à condition que l’utilisation soit constante tout le long du manuscrit. On ne peut pas passer d’un à l’autre, sauf pour les dialogues, ou tout est permis. Ce n’est pas mon plus un choix qui doit être fait à la légère, puisqu’il influencera grandement le ton du roman et le ressenti du lecteur.

Analyse personnelle :

On : plus familier, plus direct, donnera l’impression au lecteur que le narrateur est un pair qui s’adresse directement à lui comme à un ami.

Nous : plus classique, plus littéraire, le narrateur aura vraisemblablement couché l’histoire sur papier pour la postérité.

Le choix de pronom doit aussi s’accorder avec le niveau de langage du texte. Imaginez les deux phrases suivantes :

  • Nous jasions entre vieux chums
  • On conversait entre compagnons de longue date

Le tout sonnerait beaucoup plus naturel et fluide en inversant :

  • On jasait entre vieux chums
  • Nous conversions entre compagnons de longue date

Remarquez, comme toutes bonnes normes d’écriture, il est possible d’y contrevenir volontairement pour créer un effet!

Pour en revenir à mon manuscrit

Après réflexion, j’ai donc choisi le nous cette fois-ci, qui me semblait mieux convenir. Une rapide recherche dans le manuscrit m’a confirmé que c’est ce que j’avais utilisé instinctivement la plupart du temps, et j’ai corrigé les quelques exceptions. Je dis « cette fois-ci », mais une recension de mes précédents romans écrits à la première personne m’informe que c’est ce que j’ai toujours fait. Les narrateurs de Le Soutermonde, Romane et les Émotis, Simon et la galette d’intelligence et Pétronille inc. utilisent tous le pronom « nous » lorsqu’ils sont accompagnés.

L’exception importante : les dialogues
Dans tous les cas, j’utilise tout de même le « on » dans les dialogues, parce qu’il faudrait vraiment des circonstances particulières pour qu’un personnage s’exprime à haute voix en utilisant la première personne du pluriel. Un personnage vieux jeux, qui utilise « diantre » comme juron, par exemple. Je me demande soudain ce qu’utilisaient les personnages de La comtesse de Ségur!

Je me promets de le faire, un jour!

Le grand rêve de tous les auteurs

Image de Linnaea Mallette prise sur Publicdomainpictures.netLa semaine dernière, dans une classe, j’ai vécu le grand rêve de tous les auteurs.

Je transférais d’une classe à l’autre pendant la récréation, et je me suis cognée le nez sur une porte fermée. Une stagiaire m’a demandé de patienter une minute, elle était en train de terminer la lecture du premier tome des Chroniques avec ses sixièmes années.

Deux minutes plus tard, les élèves sont sortis, et là j’ai vu… j’ai vu…

… une jeune élève essuyer une larme sur sa joue!

LA PREUVE ULTIME : celle que mon livre a touché un lecteur.

Ça peut sembler bête, mais si vous demandez à des auteurs de décrire leur plus grand rêve, vous entendrez souvent cette réponse : « voir quelqu’un que je ne connais pas lire mon livre et y réagir ». Selon l’auteur, l’endroit sera différent : le métro, le parc. La réaction aussi : rire, pleurer ou autre.

Mais la base reste la même! Nous cherchons tous des preuves que nous avons réussi à toucher le lecteur avec nos histoires, et celles trouvées sur le terrain, au moment même du fait, à l’insu du lecteur lui-même, sont les plus sincères possibles.

Limbo-cumulus Partie 11 : le choix de l’illustrateur

Illustration de Sylvain Cabot, prise sur son Instagram

La première direction littéraire est terminée. Il y en aura d’autres, mais le gros de l’histoire est stabilisé, on peut donc s’occuper un peu de « l’objet livre », ce qui commence par le choix de l’illustrateur!

C’est souvent une étape réalisée par l’éditeur, ou même le directeur créatif, lorsqu’il y en a un. Personnellement, j’aime bien suggérer des noms, tout en étant consciente que ce n’est pas moi qui aurai le dernier mot. Parfois, l’éditeur accepte, parfois, il contre-propose, et c’est moi qui accepte. J’ai choisi l’illustrateur d’environ la moitié de mes livres.

Pour Limbo-Cumulus, l’heureux élu est… roulement de tambour : Sylvain Cabot.

Il a illustré le fantastique « Dans la nuit tu te dévoiles » aux éditions 400 coups, un de mes coups de cœur de l’année.

Extrait de « Dans la nuit, tu te dévoiles »

Des romans chez Bayard et Courte Échelle

Et même des documentaires aux éditions Milan.

Extrait du documentaire « Champollion »

Je ne lui ai pas trouvé de Porte-folio, mais je vous encourage à le suivre sur Instagram : https://www.instagram.com/sylvaincabot/

Billets précédents:

 

L’Intelligence Artificielle, les syndrome de l’autruches, et moi.

Autruche faite par un véritable être humain: l’artiste Serge Lemonde

J’ai un mari en technologie. Ça fait donc bien longtemps que j’entends parler d’intelligence artificielle, d’apprentissage profond et tout le tralala.

Mais depuis que cette technologie s’est raffinée au point de pouvoir faire des illustrations et des textes complets susceptibles d’être publiés, mon attitude envers elle a changé.

De saine curiosité, je suis passé au déni le plus complet.

JE VEUX PAS LE SAVOIR!

Je pars en courant, je me mets les mains sur les oreilles en chantant « La la la la la », je me plonge la tête dans le sable.

Je fais l’autruche.

Je sais, c’est malsain. Peu digne d’une femme intelligente. Je devrais, au contraire, m’informer, apprendre, militer.

Mais ma réaction est viscérale.

Je refuse d’envisager un monde dans lequel le plus beau métier du monde, celui de créateur, se voit remplacé par un logiciel. Je ne peux même plus me réconforter en me disant que ça n’arrivera pas : une nouvelle littéraire rédigée par intelligence artificielle a déjà gagné un prix littéraire en chine et je peux vous nommer au moins trois livres jeunesse québécois dont la couverture, les illustrations intérieures ou les deux ont été faites par intelligence artificielle.

Le pire, c’est que je ne m’inquiète même pas pour moi! Il ne me reste qu’une vingtaine d’années de carrière, et cette dernière est suffisamment installée pour que je me rendre jusqu’à la retraite sans être trop affecté. Le problème n’est pas là.

Je vous dirais bien ce qui me fait peur dans tout ça… mais, honnêtement : JE VEUX MÊME PAS Y PENSER!

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La cinquantaine!

image de Rostislav Kralik prise sur publicdomainpictures.net— Quel âge vous avez, madame?

Une question qui revient souvent en animation scolaire, et à laquelle je réponds toujours sans gêne. La prochaine fois, la réponse aura changé de décennie : j’ai 50 ans aujourd’hui.

Je suis chanceuse, j’ai un des métiers artistiques dans lequel vieillir est le moins problématique. Aucun éditeur ne m’a jamais parlé de mon poids, de mes rides ou de mes cheveux blancs. Pas de culte de la jeunesse, ou d’invisibilité âgiste : personne ne s’attends à ce qu’un auteur soit beau et lisse!

Ma deuxième chance est que je ne suis pas une autrice « hip » ou « actuelle ». J’essaie (je dis bien j’essaie!!!) d’écrire des classiques, des livres sans âge, universels. J’ai choisi le bon genre pour y arriver : il est plus facile d’éviter les références culturelles ou technologiques dans les romans de l’imaginaire que dans les romans miroir.

Par contre, un auteur jeunesse ne doit pas être dépassé, et là, l’âge de mes enfants m’inquiète plus que le mien! À 19, 16 et 13 ans, ils sont désormais plus vieux que la plupart de mes lecteurs et je ne pourrai bientôt plus me fier à eux pour répondre à mes questions de langage ou de références. Au souper, il ne m’est pas rare de prononcer des phrases commençant par : « les enfants, comment appelez-vous…? » ou encore « est-ce que vos amis connaissent…? ».

Je vieillis, et je perds progressivement mon focus-groupe maison.

Heureusement, l’imaginaire n’a pas d’âge, et les émotions des jeunes restent les mêmes, quelle que soit l’époque. Je suis bonne pour d’autres décennies encore.

Mon père rêvait de jouer son âge au golf… si tout va bien, j’aurai publié le même nombre de livres que mon âge d’ici la retraite!

Statistiques d’animation

Une des écoles que j’ai visitée la semaine dernière! (image prise sur Google Maps)

Les Éditions Druide m’ont demandé de leur envoyer le détail de mes animations scolaires de l’année pour que leur équipe commerciale puisse voir quelles librairies desservent les écoles que j’aurai rencontrées. Honnêtement, ça me semble une très bonne idée, je suis presque surprise de ne jamais me l’être fait demander en près de 20 ans de carrière!

J’ai donc rempli pour eux un document Excel de toutes mes rencontres prévues, ce qui m’a permis d’en avoir un réel aperçu! Je gère habituellement cette partie de mes activités directement de mon calendrier, outil un peu déficient lorsqu’il s’agit d’obtenir une vue d’ensemble.

Après un printemps un peu exagéré l’année dernière, j’ai décidé de restreindre un peu mieux mes disponibilités. Je me suis auto-imposé les règles suivantes pour cette année :

  • Deux journées d’animations par semaine, exceptionnellement trois si elles sont toutes dans la même école.
  • Jamais d’animation le lundi
  • Aucun déplacement à plus d’une heure de voiture de mon domicile, sauf en cas de projets spéciaux en terres lointaines (comme la Louisiane et le Nouveau-Brunswick l’année dernière)
  • Fin des animations à la mi-mai.

J’ai ouvert mon calendrier le 23 août, et les nombreuses restrictions ne m’ont pas empêchée de remplir mon calendrier en moins d’un mois.

Selon mon tout nouveau document Excel, ça me fera :

  • 65 journées d’animations
  • Dont 12 au deuxième cycle du primaire, 14 au troisième cycle et 39 au secondaire (secondaire 1 et rares secondaires 2).
  • Dans 36 écoles différentes
  • Malheureusement aucune tournée spéciale en terre lointaine cette année.

En compilant le tout, je conclus que j’ai accepté trop de journées au secondaire. J’aimerais bien faire moitié-moitié avec le primaire. Je tâcherai d’y veiller mieux pour l’année prochaine.

Tout ça me laisse en moyenne deux journées d’écriture par semaine, avec un mois à temps plein en début et en fin d’année scolaire pour plancher de manière plus assidue.

Je verrai en fin d’année si la balance était bonne!

Limbo-Cumulus Partie 10 : La direction littéraire

C’est le temps d’être humble! La direction littéraire en fait toujours prendre un coup à notre égo d’auteur, puisque c’est le moment où l’on se fait pointer tout ce qui cloche avec notre histoire! Erreurs de logique, problème de rythme, motivation bancale des personnages, tout y passe!

Personnellement, j’aime bien recevoir ma direction littéraire par écrit. Je lis alors tous les commentaires vers la fin de ma journée… et je dors dessus. Ça me donne le temps de digérer le tout avant de m’attaquer aux changements suggérés.

Quelques exemples de changements apportés à l’histoire en direction littéraire:

  • Dans le premier tome de Chroniques Post-apocalyptiques d’une enfant sage, mon détecteur littéraire m’avait demandé de m’attarder un peu plus sur les deux scènes d’actions, puisqu’elles étaient rares. J’ai ajouté la scène du garçon aux chevalières qui se fait blesser pendant la bataille du Jean Coutu, et rallongé la rencontre avec les chiens.
  • Dans La Promesse du Fleuve, ma directrice littéraire se désolait que tous les personnages rencontrés au fil du voyage quittent leur pays. Elle désirait qu’au moins l’un d’entre eux réussisse à s’entendre avec les siens et à rester. Le Personnage de Thibald et tout l’arrêt aux industries Capital C. Capital ont été ajoutés.
  • Cette fois-ci, dans Limbo-Cumulus, ma directrice trouve la chicane à l’origine de la fugue du personnage principal insuffisante pour générer une telle réaction. J’ai donc ajouté une scène dans laquelle il entend sa mère raconter leur altercation au téléphone avec une amie avec des mots blessants.

Et ce ne sont que d’infimes exemples par rapport à ceux que jeu peux changer au manuscrit suite aux commentaires de direction littéraire. Voici, pour vous donner une idée, de quoi a l’air le manuscrit annoté.

C’est comme ça sur 80 pages. C’est beaucoup de travail, mais c’est excitant, parce que le manuscrit deviendra entre 20% et 40% meilleurs après ce passage! Avec un peu de chance, il y aura quelques petits cœurs ou émojis souriants à travers les suggestions d’amélioration, qui indiquent que le directeur ou la directrice littéraire a beaucoup aimé un passage… ça soigne l’égo et aide à tenir le coup!

Une fois les corrections terminées, on retourne le tout à l’envoyeur… et on repart pour un deuxième tour, parfois un troisième, et parfois plus encore.

Autres billets de cette série:

Le retour de Limbo-Cumulus!

Il y a un an, j’avais fait une série de billets sur l’écriture d’un de mes prochains romans, soit une aventure dans les nuages portant comme titre de travail, Limbo-Cumulus. J’avais commencé avec la recherche, et avait arrêté à la partie 9 : l’attente! Des liens vers chacune de ces parties se trouvent en fin de ce billet.

L’attente n’est pas terminée pour les lecteurs,  puisque le livre sera publié à l’automne 2025, mais elle est terminée pour moi : je recommence le travail! Dans les prochains mois, vous aurez donc droit à une nouvelle série de billets, cette fois-ci couvrant le travail qui se fait avec l’éditeur.

Dès la semaine prochaine, je commencerai donc à vous parler du retravail de ce roman. En attendant, je continue de réfléchir à un éventuel changement de titre… que diriez-vous de « L’orage au cœur »?

Voici les billets de cette série jusqu’à présent :

Des nouvelles de Pétronille!

Octobre est à nos pas, et c’est habituellement le temps de publication d’un nouveau tome de Pétronille inc., ma petite sorcière entrepreneur héroïne de romans à gros caractères.

Pas de nouveau tome cette année, mais tout de même trois différentes nouvelles à vous annoncer!

Un album pour l’année prochaine!

Première nouvelle, Boum, les Éditions Druide et moi sommes en préparation d’un album de Pétronille dont l’histoire se passe AVANT le premier roman, à l’époque où Pétronille est encore une sorcinette habitant la jardinerie d’Ursule. Je vous en dévoilerai des images tout au long de l’année jusqu’à sa publication en octobre 2025.

Un concours dans plusieurs librairies!

Dans certaines librairies, vous pourrez voir des affiches annonçant la possibilité de gagner le premier Tome de Pétronille inc., soit « Bave de crapaud bio ». Il suffit de remplir un coupon dans une des librairies participantes, listées ci-dessous. Bonne chance à tous!

Librairie Moderne
Librairie Laliberté
Librairie Pélagie Caraquet
Le papetier Joliette
Le papetier Repentigny
Le papetier Sainte-Marthe-sur-le-lac
Buropro Citation Drummondville
Librairie Alire
Librairie Raffin Repentigny
Librairie Raffin St-Hubert
Librairie Raffin Versailles
Librairie Marie-Laura
Librairie L’Option
Librairie Pantoute St-Roch
Librairie Poirier
Librairie Pélagie Shippagan
Carcajou
Librairie Lulu
Librairie Monet
Librairie Ste-Thérèse
Librairie du Soleil Hull
Librairie du Soleil Ottawa
Librairie du Soleil Gatineau
Édition Vaudreuil (Hamster)

Et finalement, une belle étape de franchie…

J’ai récemment reçu mes chiffres de vente, et ma petite sorcière a passé le cap des 15 000 copies vendues! Je voulais donc seulement profiter de ce billet pour remercier tous mes lecteurs et lectrices de Pétronille, et tous ceux qui les font découvrir aux nouveaux lecteurs de romans, année après année!