Dans « Lanfeust Mag », l’incroyable scénariste de bande dessinée Christophe Arleston tenait une chronique dans laquelle il décrivait une créature fantastique de son cru. Cet exercice m’impressionnait toujours énormément. « Mais où prend-il toutes ses idées » me demandais-je avec la naïveté du bleu qui n’a tout simplement jamais essayé.
Avec chaque album de Terra Incognita, mon propre bestiaire se forme, et je suis la première surprise de constater que les créatures s’inventent plutôt facilement! Certaines ne sont présentes que pour donner un peu de couleur à l’ambiance et leur description se limite à une ou deux caractéristiques particulières, alors que d’autres, comme le singe de l’illustration juste à côté, jouent un rôle majeur et sont un peu plus développées. Pour le tome 4 que je suis présentement en train d’écrire (plus que 3 chapitres et un épilogue, yé!!!), j’ai créé une race d’insecte: les scarpassons, avec assez de détail. Voici un peu le processus de création.
D’abord, il y avait certaines caractéristiques dont j’avais besoins pour les péripéties déjà décidées:
- – Il devait s’agir d’insectes
- – Ils devaient voler un objet échoué au fond de la mer.
- – Ils devaient cacher ledit objet dans un souterrain complexe, accessible pour un enfant, mais pas un adulte.
- – Ils ne devaient pas être sensibles aux phéromones, contrairement à la plupart des insectes.
À parti de ces caractéristiques obligatoires, les autres propriétés ont découlé de manière toute naturelle.
Voler un objet brillant caché sous l’eau :
Les créatures seront donc amphibies. Du coup, leurs six pattes sont devenues palmées. La possibilité de plonger exige que leur densité corporelle soit suffisamment lourde pour ne pas flotter, ce qui rend la capacité de vol impossible. On est donc plutôt « Blatte » que « Hanneton ». Puisqu’il leur faut une raison valable pour aller dans l’eau, j’ai choisi le corail comme source d’alimentation. Finalement, pour justifier le vol d’objet, je leur ai simplement donné une fascination pour tout ce qui brille, à l’instar des pies voleuses.
Les souterrains :
Pour qu’ils puissent creuser leurs souterrains, je leur ai installé des griffes au bout des palmes, à la manière des taupes. J’ai ensuite estimé leur taille à celle d’un chien de petite taille (un peu plus gros qu’un grille-pain), afin que les galeries laissent pénétrer un enfant de justesse.
Insensibilité aux phéromones :
Cette insensibilité est facilement justifiée par le fait qu’ils sont amphibies, et que les phéromones ne se déplacent que difficilement dans l’eau. Leur sens principal est donc devenu la vue, ce qui marchait merveilleusement avec leur attrait pour tout ce qui brille. Cette dernière découverte m’a également permis de parfaire la justification pour le vol d’objet brillant : ces insectes posent des objets brillants partout dans leurs tunnels pour amener la lumière du jour jusqu’aux plus profonds recoins, puisqu’ils utilisent le sens de la vue.
Il ne restait plus que le nom, pour lequel j’ai choisi la première syllabe d’un insecte connu (scarabé = scarpasson) pour créer une association subtile dans l’inconscient du lecteur!
Pourquoi devaient-ils être des insectes? Est-ce qu’il y a une raison liée à l’histoire? J’imagine quelque chose à mi-chemin entre la taupe, la grenouille et le scarabé après ta description…
@gen Le thème de ce quatrième tome est les insectes, avec un tribu qui utilise toutes les parties du corts d’insectes géants pour constuire leurs armes, outils, maisons, etc. TOn idée d’hybride est super intéressante, mas cette série est trop proche du réel pour imaginer un mélange entre les différents règnes… à moins de faire entrer en jeu une sorte de Dr Moreau.
Ah, ok, je pige pourquoi il fallait un insecte alors 🙂