Il fut un temps où je n’écrivais que lorsque la maison était vide.
Il fut un temps où j’avais un bureau, juste à moi, dans la moitié d’un salon double.
Aujourd’hui, j’apprends à écrire dans le chaos.
Il y a bien un bureau dans le sous-sol dans notre parcelle de triplex, mais mon mari, qui travaille à distance et passe le plus clair de son temps en téléconférence, est plus dérangeant que moi, alors c’est lui que l’on cache dans le bureau. Moi, je travaille sur la table de la salle à manger, entre la caisse de clémentines et les restants de miettes de pain du déjeuner.
Mes enfants ont grandi. Ils n’ont plus l’âge de venir me déranger aux cinq minutes. Au contraire, ils ont celui de s’enfermer dans leur chambre et de ne sortir qu’à l’heure des repas. Alors quand ils décident de partager l’espace avec moi, je les laisse faire, même si j’ai un chapitre à terminer. La table où j’écris est à deux mètres du divan du salon, dans la même pièce. La semaine dernière, j’ai écrit pendant que mon jeune adulte y jouait a des jeux vidéo. La semaine d’avant, pendant que mon deuxième, fiévreux, y dormait pour récupérer.
En conférence au Comiccon, Cory Doctorow conseillait d’apprendre à écrire dans toutes les conditions : sans rituel, quel que soit l’endroit ou l’état d’esprit.
J’essaie de faire comme lui.
Dans une entrevue, j’ai déjà lu que Stephen King, une fois sobre, avait installé une console de jeux dans son bureau et qu’il avait retissée des liens avec ses grands enfants en leur permettant de venir y jouer à n’importe quelle heure, qu’il travaille ou non.
J’essaie de faire comme lui.
Lorsque l’on parle de la conciliation famille-travail, on pense habituellement à la femme d’affaires qui quitte le bureau plus tôt pour aller chercher les enfants à la garderie. Dans mon cas, c’est surtout une question de tolérance… et de concentration!