Atelier d’écriture, une première pour moi

Hier, j’étais dans une école de Châteauguay. La chose n’a rien d’extraordinaire, les animations dans les écoles sont des choses courantes. Par contre, cette fois-ci, plutôt que de faire mon animation habituelle, je devais répondre à une demande spéciale d’atelier d’écriture. Une première pour moi, et c’est donc avec quelques appréhensions que je suis partie hier.

Appréhensions inutiles? Complètement! Je n’ai jamais eu autant de plaisir dans une classe! Je leur ai fait inventer chacun une histoire, dans un cadre très précis de composition de personnage. Non seulement ils étaient tous très fiers de partager leur histoire avec tous, mais les élèves étaient même très prompts à suggérer des idées lorsque l’un des leurs ne trouvait pas de suite à la leur.

Et des histoires, il y en a eu de toutes sortes :

Politique : un jeune solitaire persévérant réussit à faire changer les politiques Harper en matière d’environnement

Loufoques : un paresseux rêvant d’un meilleur lit doit se contenter de celui de son père parce qu’il n’a pas assez travaillé pour se payer celui dont il rêve

Fantastique : un plongeur est aux prises avec un tremplin hanté

Historique : un gladiateur stupide, mais bon en stratégie réussit à protéger son village

J’ai même réussi à insérer mes deux segments d’animation préférés, soit celui avec marionnettes et celui avec guitare, pour le plus grand plaisir de tous!

Bref : à refaire! Absolument!

Pour ou contre le verbe « dire »?

Il y a quelques semaines, je me prononçais contre une règle d’écriture dictée par Elmore Leonard , soir : « never use a word other than « said » to carry dialogue. Ou, si vous préférez, « n’utilisez jamais un mot autre que « dire » pour porter le dialogue ».

Il fallait déjà un certain culot pour s’opposer aux conseils d’un auteur connu, du haut de mes deux romans publiés. Et voilà que, depuis, deux autres personnes (Mathieu Fortin et Mireille) se sont portées à la défense de ce verbe proscrit. Plus direct et invisible de par son omniprésence, ce mot laisserait toute la place au dialogue sans distraire le lecteur.

Ébranlée dans mes convictions, j’ai tenté de trouver un peu de documentation. Google n’offre que des activités pédagogiques pour aider les élèves à remplacer le verbe « dire », ou encore des listes de synonymes pour choisir un mot plus précis. Rien sur le débat lui-même.

Je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’agit d’une notion que j’ai ratée, n’ayant pas fait d’études littéraires. Du genre, littérature moderne 101 : vérités et mensonges sur les choix de verbe. Une classe animée par un jeune chargé de cours dynamique.

Dénuée de sources technologiques ou pédagogiques, je choisis la « bibliothèque des cigales » si chère au cœur de Daudet, et m’allonge pour réfléchir. Ma conclusion : que c’est une question de style et que, je dois me l’avouer à moi-même, le mien n’est ni direct, ni moderne. En fait, il est à la limite du fleuri! Ça va! N’ai je pas prouvé mes allégeances linguistiques en vous citant l’auteur des lettres de mon moulin quelques phrases plus haut?

Je persiste et signe : pas de verbe « dire » pour moi!

Chose promise, chose due


Mercredi dernier, j’étais dans une école de Saint-Hubert pour faire des animations. Lors d’une période de questions merveilleusement enthousiaste (jamais moins de 5 mains levées, du jamais vu!), une élève m’a demandé si mes personnages allaient parfois aux toilettes dans mes romans. Plutôt amusée, j’ai du répondre par la négative, en sachant pertinemment que cette absence complète de fonctions digestives est un cliché non seulement de littérature, mais également de télévision et de film.

Lorsque cette même élève est venue me demander une dédicace au salon à peine une heure plus tard, ça a été plus fort que moi. Je lui ai promis solennellement par écrit qu’un de mes personnages irait aux toilettes d’ici le tome 5 de Terra Incognita. Moi! J’ai fait cette promesse, à peine quelques heures après vous avoir avoué, chers lecteurs, mon aversion pour tout ce qui touche à l’humour anal.

Me voilà donc pris, non seulement à mentionner une visite aux toilettes, mais en plus à le faire avec bon goût. Je suis une femme de parole! Rendez-vous au tome 5 (peut-être même au 4, mais ce serait surprenant puisque le plan est déjà terminé) pour voir le résultat.

Prochain billet, je vous le promets, on change de sujet!!

Ou l’auteure prend position contre « Caca Boudin »

Ma fille est revenue de l’école avec un « sac à dos de lecture », soit un sac en forme de toutou contenant un livre, un jeu associé au livre, et une consigne pour les parents d’utiliser le tout avec l’enfant à l’intérieur de deux jours. Des lectures obligatoires, en pré-maternelle? Pourquoi pas!!! Il n’est jamais trop tôt!

Avec beaucoup d’enthousiasme, j’ai pris ma puce sur mes genoux et j’ai sorti ladite lecture obligatoire. Mon enthousiasme a fondu devant le titre : « Caca Boudin ». Si la situation avait été tout autre, j’aurais déposé le livre immédiatement pour le remplacer par un autre, mais : lecture obligatoire.  Si je veux que ma fille se tape L’étranger de Camus comme tout le monde au secondaire, mieux vaut montrer l’exemple, et accepter le choix du professeur! Sait-on jamais, peut-être que le contenu sera plus impressionnant que le contenant. En gros : un petit lapin ne sait dire que « Caca Boudin ». Il se fait manger par un loup, ressort, et, SPOILER ALERT, sait maintenant dire « Prout ».  Un coup de cœur Renaud-Bray. Rien de moins.

Évidemment, ma fille a adoré!

Loin de moi l’idée de me lancer dans le grand débat « classique contre pop » qui a sévi dans les blogues et les médias dans les derniers mois. Je n’oserai en fait même pas dire que c’est une aberration que de tels livres soient publiés. Il en faut pour tous les goûts. Par contre, je me lève haut et fort pour contester contre cette culture du « give them what they want ». C’est évident que les enfants aiment les « joke de pet »! Mais, croyez-moi, ils n’ont pas besoins d’aide pour s’initier à cette forme d’humour! Déjà qu’il est impossible depuis quelques années de voir un film pour enfant sans qu’il y ait présence de rot, pet, ou même vomi (un gros merci à Shrek qui a parti la mode!), si la littérature s’y met, on n’est pas sorti de l’auberge.

Je vous laisse sur la couverture de cet autre titre, tout aussi aberrant :

Vignettes de salon, édition Québec 2010.

Quel beau salon que celui de Québec! Remarquez, je n’y ai été présente qu’une toute petite après-midi, mais j’en suis revenue complètement énergisée! Il y a eu une foule telle que j’ai eut grand peine à tenir une conversation avec mes deux cosignataires, René Cochaux et Stéphanie Paquin, tous deux des éditions du Phoenix, tant les gens se succédaient à notre table.

Entendu : une ado qui, ayant couru jusqu’au stand sur lequel reposait les livres de la série Twilight, s’exclamer « Osti qu’il est épais! » en regardant, découragée, la tranche du dernier tome.

Rencontré : Corinne de Vailly (Celtina, Mon premier livre de contes du Québec) et Patrick Dion (Fol allié). J’avais déjà rencontré la première lors d’une animation dans une école de Napierville, et le deuxième virtuellement sur Twitter après avoir pensé (faussement) l’avoir croisé à l’épicerie. Non seulement je vous recommande fortement leurs livres, mais je vous invite à aller les voir à leurs tables au prochain salon, j’ai vérifié, aucun des deux ne mord.

Signé : des livres et encore des livres, dont un à une Jessica, qui est également le nom de mon héroïne, deux à des anciennes lectrices toutes contentes de voir qu’une suite était disponible, et à non pas une, mais bien deux Raphaëles avec un tréma et un seul « L ».

Soupçonnée : une dame au comptoir d’accréditation qui clamait être Dominique Demers et avoir perdu son badge de la veille. C’était probablement elle, mais, depuis l’ histoire de vol d’identité de Geneviève Lefebre, je me méfie!

Appris : que mon éditrice avait trouvé un distributeur pour la France, et que mon livre Terra Incognita : Les naufragés de Chélon,  lauréat aux prix Hackmatack, faisait maintenant parti du « final four »! C’est donc un « à suivre » pour ces deux dossiers!

Pourquoi je n’irai pas voir le Blues de la Métropole!

J’ai une grande confession à vous faire : je suis une fan de comédies musicales! Au point de posséder des dizaines de trames sonores qui remplissent la colonne « artist » de iTune des mots « Original Broadway Cast ». Et pourtant, je n’irai pas voir « le Blues de la Métropole ». Pour confondre immédiatement ceux qui pourraient croire qu’il s’agit là de snobisme anti-québécois, je vous arrête immédiatement en disant que j’irais avec le plus grand plaisir voir les comédies musicales « Belles sœurs » et « Filles de Caled ». Ah!

La création de comédies musicales à partir des chansons déjà existantes d’un artiste populaire semble être une nouvelle mode dans ce milieu (American Idiot, the musical, bientôt sur Broadway!). Une mode que je décris. J’ai vu la comédie musicale « Belles, belles, belles » basée sur les chansons de Claude François à l’Olympia il y a quelques années, puis plus récemment, la version cinéma de « Mamma Mia », basée sur les chansons de Abba, et qui est possiblement le plus grand responsable de cette mode. Dans les deux cas, l’histoire était insipide, à la limite du supportable, et pour une bonne raison : sa seule fonction était de permettre l’insertion de chansons présélectionnées. L’histoire du « Blues de la métropole » ne sera certainement pas différente : scénario prétexte à chanson de Beau Dommage.

Inventer une histoire à partir d’une play-list, c’est comme d’écrire un Roman avec un chapitre sur deux de déjà écrit. Des personnages intéressants? Des intrigues palpitantes? Des évolutions psychologiques captivantes? PFFFFTTTT!!!  Vous serez chanceux si vous avez une intrigue qui fait du sens.

En comédies musicales, les chansons doivent être au service de l’histoire, et non pas l’inverse.

Et si vous êtes des admirateurs de Beau Dommage? Allez voir un spectacle hommage à la place! De toute façon, je n’ai jamais entendu une version « comédie musicale » qui soit meilleure que la version concert!

La création d’univers, une question de balance.

Depuis que je suis allée voir le Alice de Tim Burton, je me pose beaucoup de questions sur la création d’univers (ou mondes fantastiques) en littérature, et surtout, sur ce qui fait qu’un univers marche, et d’autres non. J’en suis arrivée à trois conclusions. Une des premières règles consiste en la présence de systèmes et de règles, aussi saugrenues soient-elles, et en la constance desdits systèmes et règles. La deuxième consiste à établir un univers qui soit bien à soi, et non une simple fac-simili d’une autre série connue. J’élaborerai certainement ces deux pensées dans d’autres billets. Aujourd’hui, je désire parler de la troisième :

Pour qu’un univers soit attrayant, il doit balancer habilement l’imaginaire et le commun.

Eh oui. On pourrait s’attendre à ce que l’imagination soit roi et que le plus éclaté l’univers, le plus intéressant il sera, mais je crois qu’il s’agit plutôt d’un exercice d’équilibre. Lorsque l’on pense aux univers qui ont traversé les âges, on y retrouve des éléments familiers dont quelques caractéristiques à peine les distinguent de leurs contreparties réelles. Des exemples :

Le magicien d’Oz : un épouvantail qui parle, un robot qui ressent des émotions, des singes volants, une sorcière, des fées, rien d’exagéré!

Alice : Un chat qui disparaît, un lapin habillé, un chapelier fou, on dirait presque que l’auteur à tiré, au hasard, des choses et des qualificatifs dans deux chapeaux différents pour composer ses personnages.

Tolkien : Des nains, des trolls, des elfes, bref des créatures folkloriques connues. Auxquelles sont venues s’ajouter des créations inventées (hobbits, bulrog, etc)

Même dans Harry Potter, parmi les inventions complètes, on retrouve une partie d’animaux légendaires qui nous sont familiers : licornes, dragons, fantômes. Ces ancrages sont rassurants pour le lecteur en plus de permettre une image mentale claire sans devoir recourir à des descriptions à n’en plus finir.

Un exemple d’univers qui va trop loin : Abarat de Clive Barker. Possiblement l’univers le plus original que j’ai rencontré dans mes lectures. Malheureusement, on s’y sent perdu. Non seulement les créatures impossibles se succèdent à une vitesse folle, mais même la géographie y est difficile à suivre. « Une île par heure » semblait une bonne idée en théorie, mais lorsque j’essai de m’en faire une image mentale, je ne réussis qu’à attraper un bon mal de tête.

Aller trop loin déstabilise le lecteur et l’empêche de jouir pleinement des péripéties. Remarquez, je n’ai pas lu « Lovecraft ». Il me ferait peut-être changer d’avis.

Mon plan de travail

Cette semaine, malgré les enfants malades, j’ai réussi à terminer mon plan de travail pour Terra Incognita : tome 4. Ce plan est en fait une courte description de ce qui arrivera dans chaque chapitre. C’est un exercice que je fais avant l’écriture de chaque livre. Au cours de l’écriture, il arrive que le plan change. Des chapitres se fondent les uns aux autres, d’autres sont ajoutés, mais je ne fais jamais de changements sans mettre à jour le plan, pour m’assurer que le tout fera du sens. Il faut dire que, dans cette série, j’alterne toujours les chapitres entre plusieurs groupes de personnages, donc, impossible de couper un chapitre sans revoir la structure au complet.

En exemple, voici le début de mon plan de travail pour Terra Incognita : Pirates à bâbord. Le plan complet comprend 21 chapitres, un prologue et un épilogue.  Avec le recul, c’est amusant de voir comment tous les noms ont changé! SharkMeat est devenu « Squale », Alan est devenu « Aldebert », et La Miss Fortune est devenue « la Rapinière ».

Petite note : il n’y aura pas de nouveau billet lundi! Joyeuses Pâques tout le monde!

Les aléas de l’écriture à la maison

Cette semaine, c’était décidé, j’écrirais! J’avais même écarté un projet de livre numérique pour pouvoir me consacrer plus rapidement et plus sérieusement au tome 4 de la série Terra Incognita. Remettre mes notes en ordre mardi, puis écriture pour le reste de la semaine. Avec un peu de chances, une vingtaine de pages terminées avant la fin de la semaine.

Du moins, c’était le plan… jusqu’à ce que la vraie vie me rattrape!

Ma puce est malade, et les possibilités de contagions sont telles que je n’ose envoyer son frère à la garderie non plus.

Ma semaine ressemblera donc plutôt à : Clinique médicale mardi, pâte à modeler et bricolage pour le reste de la semaine.

La chanson thème de la semaine : « ♫Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine ♬»!

Jeune Auteure vs Jeunauteur

J’ai pris l’habitude, après mon premier salon, de ne jamais acheter de livre lorsque je suis en séance de dédicace. Voyez-vous, la tentation est bien grande et on retourne souvent chez sois après avoir dépensé plus de sous que ce que les ventes de la journée nous offriront (un an plus tard) comme profit. Comme modèle d’affaires, on repassera!

Je m’apprêtais d’ailleurs à faire un billet « ce que j’aurais acheté au Salon du livre de Trois-Rivières si j’avais eu un budget illimité », mais, voilà, j’ai dérogé à la règle!

Notre kiosque était installé tout juste devant un étalage exhibant le dernier « JeunAuteur » de Stéphane Dompierre et Pascal Girard. Il s’adonne que j’ai adoré le premier! L’ayant pris à la bibliothèque, je l’ai lu plus d’une fois avant de devoir le rendre, probablement en retard, comme à l’habitude. Ceux qui me lisent régulièrement savent d’ailleurs que j’y ai déjà fait référence, pas une, mais bien deux fois! Ce n’es pas de ma faute si les petits travers de la vie d’auteur y sont si bien représentés!

Une force de volonté sans pareille m’a permis tout de même de terminer ma journée sans délier les cordons de la bourse.

Puis, vint ma séance de dédicace de samedi. Non seulement le tome deux était toujours en place pour me narguer, mais les deux auteurs y étaient également! Séance de dédicace commune! Juste devant mon nez! C’en fut trop! Zoup, zoup, zoup, je n’eut qu’à traverser le corridor, passer à la caisse,  et me voilà l’heureuse propriétaire d’un JeunAuteur tome 2, signé, dédicacé et illustré! Voici d’ailleurs le mot de Stéphane Dompierre :

Salut Annie

J’espère que tes pirates ne rencontreront jamais Morlante…

Peace, love, machettes.

S.

Il faut dire que nous avons discuté « pirates », vu nos publications respectives! Très sympathique! Au plaisir d’être de nouveau leur voisine de salon!

P.-S. Il faudrait vraiment que je mette la main sur une petite caméra qui me permettrait d’illustrer ces billets anecdotiques de photos sur le vif!