Petite question rapide pour vous : qu’ont en commun Jane Fonda, John Lithgow, Jane Lynch et Michael Moore? Si vous avez répondu « ils ont écrit un livre », vous avez gagné!
Quoi? Ce n’était pas votre première réponse? Et pourtant, tous ces individus feront parti d’un grand événement littéraire, soit le « Book Expo of America », BEA pour les intimes, le mois prochain à New York, ils sont mis de l’avant dans une série de conférences qui, je cite, a l’ambition de « highlight a handful of selected major authors ». Major authors, rien de moins! Pourtant, ils qualifieraient plutôt de “major celebrities who just happen to have written books”, non?
Le phénomène de préférer une célébrité ayant écrit un livre plutôt qu’un écrivain ayant réussit à gagner une certaine notoriété n’est pas un phénomène nouveau. On le retrouve dans les listes d’invités aux émissions culturelles, sur les estrades de salon du livre, et même dans les (rares) pages de critiques littéraires des médias de tous acabits. Dans tous ces cas, on peut toujours tenter de trouver des excuses du genre « tous les moyens sont bons pour amener les gens à la lecture », « oui, mais c’est ça que les gens veulent » et autres platitudes du genre. Mon problème avec le BEA, c’est qu’il ne s’agit pas d’un Salon du livre ouvert au public, mais bien d’un événement ciblant uniquement les membres de l’industrie : éditeurs, critiques, libraires et auteurs publiés en seront les seuls visiteurs. S’il existe, dans le monde, une seule foule plus excitée à l’idée d’entendre parler Michael Connelly que de voir Brad Pitt en bobettes, il s’agit bien de celle-là!
Si même l’industrie, à l’interne, cède à l’éblouissement de la célébrité télévisuelle et cinématographique, c’est que le mal est profond, et que les auteurs « ordinaires » ne sont pas sortis de l’auberge.