Les jeunes lecteurs : public éphémère.

 

J’ai certains auteurs fétiches que je suis depuis des années : Robin Hobb depuis 7 ans, Gregory Maguire depuis 10,  Guy Gavriel Kay depuis 20, etc. Dès que leur nouveau roman sort, peu importe les critiques, je l’achète, je le lis, et j’attends impatiemment la suite. Je suis une lectrice fidèle.

 

Qu’en est-il de la fidélité des jeunes lecteurs? Tout d’abord, ils sont habituellement fidèles à une série plutôt qu’un auteur. À preuve, ils dévorent les Geronimo Stilton sans être embêté par le fait qu’ils sont tous écrits par des auteurs différents, et n’ont pas nécessairement suivi Bryan Perro lorsqu’il a troqué Amos D’arragon pour Wariwulf.  Premier problème.

 

Deuxième problème : leur fidélité ne dépasse pas les limites de leur âge en tant que public cible. Prenez ma série Terra Incognita, qui est pour les 9-11 ans. J’ai vu des adolescentes de 13 ans passer devant mon kiosque et s’exclamer : « Wow! Je l’ai lu ce livre-là, j’avais super gros aimé! ». Lorsque je mentionne qu’il y a maintenant deux suites, elles me dévisagent l’air de dire : « Es-tu folle, c’est pour les bébés! ».

 

D’un côté, là est notre travail! Les auteurs jeunesse doivent aider les jeunes à passer à autre chose. Nous construisons des ponts entre l’album illustré et le roman « tout court ». Une fois que notre lecteur ouvre un Balzac, un Auster, même un Crichton, on peut considérer que notre « job est faite »!

 

J.K. Rowling a contourné le problème d’une manière absolument audacieuse en faisant vieillir non seulement ses personnages principaux, mais en offrant également des thèmes, un ton, et une quantité de texte s’adressant à un public de plus en plus âgé. Ainsi, il est possible d’offre à un enfant un Harry Potter à tous les ans à partir de 9 ans, et qu’il y trouve toujours son compte, année après année.

 

Remarquer tout le travail n’est pas perdu pour autant! Les médias, bibliothécaires et libraires, eux, y sont pour longtemps et se souviennent des noms des auteurs. Une carrière d’auteur jeunesse se « bâtit » donc de la même manière que celle des autres… avec la différence que les lecteurs ne font que passer.

 

8 réflexions sur « Les jeunes lecteurs : public éphémère. »

  1. C’est une des principales raison pourquoi l’écriture jeunesse ne m’attire plus. J’essaie de bâtir mon lectorat sur le long terme. J’ai vu qu’avec le jeunesse, ce n’est pas évident. Plusieurs auteurs s’en sont rendus compte : même au sein d’une même série, si tu sors ton livre quelques mois en retard, du peux te faire oublier.

  2. Par contre, les jeunes lecteurs sont des dévoreurs de série. Si celle-ci n’est pas trop datée, vous pouvez être sûrs que s’ils ont aimé le premier, ils vont lire les 22 suites.

    J’ai l’impression que la longévité des séries jeunesse est peut-être plus grande que celles pour adulte, qui ont tendance à disparaître des mémoires dès que le dernier tome est sorti.

    Mais c’est ptêt l’espoir qui parle! 😉

  3. @Dominic: Je te comprends. Surtout qu’avec le médias sociaux, on peut engager le lecteur dans une relation bi-directionnelle et le garder au courrant des nouveautés. Une autre chose qui est impossible avec des jeunes de 9 ans.

    @Gen: Je suis d’accord sur la capacité des jeunes à dévorer des séries entières! Je n’ai qu’à me rappeler du nombre de Bob Morane que mon frère a lu! Par contre, je ne pense pas que leur longévité est plus grande. Seuls les hyper gros succès vont continuer d’être tenus en librairie après que le dernier tome ait été paru, et certains libraires ne re-stockent pas un tome 1 écoulé même si le tome 2 sort.

  4. Par chance, il y a les box set pour regarnir les librairies de premiers volumes et offrir aux jeunes lecteurs plus d’un tôme d’une série qu’ils adorent. À 9-11 ans, on était déjà bien contentes que les pages s’accumulent par le regroupement de livres. N’as-tu pas dans ta bibliothèque un superbe coffret de Narnia?

  5. @Fanny: j’ai en effet le plus beau coffret de Narnia au monde!!! Hum, je me demande ce que ça prendrait à mon éditrice pour sortir mes livres en coffrets… ou même un gros tome qui réunit les trois premiers livres! C’est certain que ça aide la durée de vie! Mais je pense qu’il faut un succès énorme pour mériter un tel traitement!

  6. T’es tombée dans le mille, chère Annie. Je crois qu’on a une fenêtre de trois ans maximum pour sortir tous les livres d’une série. Après, on voit les ventes s’effriter.

    Aussi, les jeunes sont impitoyables. Ils adorent ou ils détestent. C’est ce que j’aime d’eux.

    C’est Pakkal ou Namasté qu’ils aiment, pas moi. Parce que c’est l’époque de leur vie où ils ont besoin de s’identifier pour grandir.

    Enfin, ils sont aussi plus faciles à rejoindre, donc à cibler, parce qu’ils vont tous à l’école et sont à peu près tous sur Facebook (même si, en théorie, il faut avoir 13 ans).

    1. @Maxime: je n’avais pas pensé en terme de nombre d’année, mais trois, comme tu suggère semble faire beaucoup de sens. Par contre, si Facebook marche bien pour les 5-6e année, les 3-4e année (mon groupe à moi) sont plus difficile à rejoindre.

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