Parce que les rêves changent avec le temps!

ScreenHunter_01 Sep. 15 07.28Lorsque j’étais dans la vingtaine, un de mes plus grands rêves était de publier une bande dessinée (comme scénariste, ça va de soi), dans le Magasine Lanfeust Mag des Éditions Soleils. Ce mensuel de BD de science-fiction et de fantasy avait, pour ces quelques années, remplacé Spirou dans mon cœur, et la bande dessinée était pour moi le médium idéal, celui qui m’échappait encore.

Il y a deux ans, alors que mon mari avait une possibilité de travailler à Aix-en-Provence, siège de Lanfeust Mag et de son fameux Gottferdom Studio où est produit le magasine, je lui annonçais que si jamais nous déménagions dans cette ville, je déposerais un manuscrit à leur porte toutes les semaines, jusqu’à y être publiée!

FlashFoward à cet été, alors que j’habite Aix-en-Provence pour deux mois! J’apprends même que le Gottferdom Studio est à exactement deux coins de rue de mon appartement provisoire, et que le bar d’en face, celui dont j’entends la musique si je vais dans la cuisine la nuit, est leur place de détente préférée!

Je guette donc parfois la terrasse du bar de la fenêtre de la cuisine, en espérant y voir le rédacteur en chef.

Le problème, c’est que maintenant que le rêve est à portée, je ne sais qu’en faire! À avoir eu un concept de série appropriée en tête, j’aurais trouvé le temps de le mettre sur papier, et le courage de sonner à leur porte. Après tout, ce n’est pas plus terrifiant que de faire du porte-à-porte au BEA! Je fouille donc mon esprit, et y trouve…

… et y trouve un concept de roman premières lectures qui me travaille depuis des mois et que j’ai bien hâte d’écrire. Et y trouve le prochain cycle de Victor Cordi qui a commencé à se manifester au printemps. J’y trouve des mots, sans images, et des histoires pour bien plus jeunes que le public de Lanfeust Mag.

Je n’ai pas cogné à la porte des Éditions Soleils! Ma place, même rêvée, n’est plus là! Je suis bien dans mon médium, et bien dans mon créneau… du moins pour le moment!

Après tout, si les rêves ne changeaient jamais, nous deviendrions tous ballerine ou pompier!

Le petit plus qu’apporte la littérature en voyage

Les voyages, à la base, c’est fantastique. Mais l’imaginaire littéraire permet d’y ajouter une couche de fantaisie qui transporte l’esprit dans un autre monde. Quelques exemples tirés de mon été en France.

Chéverny

Tout d’abord, le château de Chéverny dans la vallée de la Loire. À première vue, ce n’est qu’un château comme il  en a une bonne trentaine dans la région.

Dans la vraie vie, il ressemble à ça.

 Chéverny, photo Sébastien Provencher

 

Mais pour tout fan de bédé, Chéverny, c’est plutôt ça :

 

 moulinsart-tintin

Hergé s’étant inspiré de ce château (deux ailes en moins) pour dessiner Moulinsart, marcher jusqu’à la grande porte du la bâtisse de la Loire, c’est plonger en plein Secret de la Licorne. Même moi qui ne suis pas si Tintinophile, j’en avais des frissons!

 

Le pont de Droiturier

Juste au nord de Lapalisse où nous avons séjourné deux nuits, se trouvait un pont de l’époque romaine. C’était le genre d’attraction qui se mérite : loin des sentiers touristiques, il fallait marcher sur un minuscule chemin de campagne, puis entrer dans la forêt pour le retrouver. Le détour en valait la chandelle.

 pont de Droiturier, photo Sébastien Proivencher

Laissant les légionnaires aux fans d’Histoire avec un grand « H », pour moi ce pont représentât immédiatement tous les ponts de contes de fées et de chevalerie que j’ai lus dans ma vie. Jamais je n’avais rencontré une structure plus susceptible d’héberger un troll, ou encore d’être bloquée par un chevalier tout de noir vêtu.

 

Le Mont-Saint-Michel

J’en avais entendu parler, mes attentes étaient élevées, et je ne fus pas déçue! Je m’attendais à une simple cathédrale sur une colline, alors que c’est une ville flottante qui s’est pointée à l’horizon.

 le-mont-st-michel, photo du blogue pelerins-et-nomades

 

Vu de loin, le Mont-Saint-Michel, semble tout droit tiré d’un roman fantastique! Robin Hobb, G.R.R. Martin, choisissez votre préféré! Il n’y manque que quelques dragons volant en cercle au dessus!!

Quand une critique en rachète une autre!

Lureluautomne2013J’avais un autre billet de voyage de prévu, mais je ne pouvais attendre de vous parler de la critique du troisième Tome de Victor Cordi dans Lurelu! C’est la première qui sort pour ce tome, et c’est possiblement ma meilleure à vie!

Outre les « aventure trépidante », « personnages dotés d’une personnalité véritablement intéressante », « livre fortement recommandé » et autre, il y a un point tout particulier qui m’a fait plaisir! Deux critiques du tome deux avaient relevé un même défaut : ils n’aimaient pas le Grand Machiavélicon, l’une le trouvant manichéen, et l’autre unidimensionnel.  Évidemment, à la lecture de ces critiques, le tome trois était déjà écrit, et je trépignais d’impatience qu’il sorte, puisque la personnalité du méchant en question avait été dosée exprès pour permettre la révélation de sa profondeur au troisième tome (intitulé, après tout, « le secret du Machiavélicon »)!

Pari réussit, car voici ce qu’en dit Lurelu :

« D’ailleurs, il est rare, en littérature jeunesse, qu’un antagoniste ne soit pas fait seulement de carton-pâte : le Grand Machiavélicon représente un méchant dont la personnalité dépasse la vision manichéenne du bien contre le mal. On souligne donc la prise de risque de l’auteure, et on s’attache au personnage même s’il est l’ennemi du héros. »

Je me sens complètement justifiée et comprise, n’est-ce pas un sentiment merveilleux!

Bref, cette critique me donne des ailes… juste comme je dois m’attaquer aux corrections du tome 6! Ça tombe bien! À nous deux, manuscrit!

Littérature québécoise jeunesse en France

20130626_132515Je reviens d’un été complet en France, la majeure partie ayant été passée à Aix-en-Provence. J’ai, évidemment, beaucoup de choses à dire sur l’expérience que j’y ai vécue, et qui alimentera les prochains billets de blogue, mais tout d’abord, je voulais parler de la présence qu’y tient la littérature jeunesse québécoise.

Pas de chiffres, je ne suis pas une journaliste, mais simplement ce que moi j’ai vu au fil de mes pérégrinations!

Dès mon arrivée, j’ai été accueillit pas une grosse affiche annonçant la Vie compliquée de Léa Olivier (voir photo). J’ai revu le livre en question quelques jours plus tard dans un présentoir spécial « lectures ado » d’une librairie aixoise, en compagnie du journal d’Aurélie Laflamme!

Dans la toute petite librairie spécialisée jeunesse pas loin d’où j’habitais, bien en vue sur un comptoir, trônaient deux livres tout-carton de Marianne Dubuc, ici publiés par Courte-Échelle, et là-bas repris par Casterman!  (Ben oui, il y a des auteurs jeunesse québécois publiés chez Casterman! Chez Pocket aussi!)

À la FNAC, un Morgan de Corinne de Vailly traînait sur une tablette, et à la réception d’un hôtel de Loches, près de Tours, un album BD des éditions La Pastèque était proposé en lecture libre parmi une avalanche de titres Dupuis.

Pendant ce temps, une amie partageait une photo du Capitaine Static d’Alain Bergeron proposé comme coup de cœur par une librairie parisienne, Katia Canciani annonçait qu’un de ses textes avait été retenu pour le fameux magazine français J’aime Lire, et Priska Poirier rendait officielle la disponibilité de son Royaume de Lénacie en Europe pour cet automne.

Mis tous ensemble, comme ça, dans un seul billet, ça en jette, non?

 

Prière de ne pas déranger…

… je suis en vacances!

ScreenHunter_01 Aug. 11 18.47

 

Abandonné ma cage
Attiré par la plage
J’ai roulé jusqu’ici
Sous un ciel sans nuage
J’ai le coeur en voyage
J’ai envi de ma vie

Je ressassais des idées sombres
Du côté du mur à l’ombre
Tout a changé et plus rien n’est pareil
J’ai sauté du côté du so_leil

J’m’endormais dans mon coin
Je ne rêvais plus à rien
Mon chien s’mourait d’ennui
J’me trainais les pieds
En retard à l’arrivée
J’éprouvais mes amis

Depuis je n’parle plus je chante
Je ne marche plus je danse
Tout a changé et plus rien n’est pareil
J’ai sauté du côté du soleil

Un air d’été tout léger, tout léger, toutléger
Comme une fleur en plein coeur de l’hiver
M’a rendu cette envie de valser
Un air d’été tout léger, tout léger, toutléger
Comme une bouteille retrouvée dans la mer
M’a rendu le courage d’aimer
Prière de ne pas déranger
Je suis en vacances
dou dou dou dou dou dou dou dou dou dou…
J’suis bien dans ma peau
Heureux à nouveau
Prière de ne pas déranger
Je suis en vacances.

(Pierre Bertrand)

 

Quand le vilain est le héros

Osbert The AvengerDepuis quelques années, on a pu voir une nouvelle tendance tant dans les fictions adultes que jeunesse : celle de mettre le « méchant » en vedette. Du côté des adultes, on pense surtout aux séries télé avec les Sopranos, ou Dexter. Du côté jeunesse, aux films « moi moche et méchant » et à la série de livres Artémis Fowl.

La tendance est plutôt sympathique, et permet une certaine forme de défoulement, mais la question se pose : jusqu’où peut-on aller? J’ai trouvé ma limite personnelle avec le livre Osbert : the Avenger.

Décrit comme un « nouveau Roah Dahl », l’auteur Christopher William Hill y raconte les différents meurtres prémédités perpétrés par son héros de 12 ans. Évidemment, toutes les victimes sont des « pas-fin » qui abusent de leur position de professeur pour maltraiter les élèves. N’empêche qu’on ne par le pas ici du tout de défense légitime. Le jeune héros n’est pas sous le joug de ces professeurs, il planifie les meurtres avec soin et les exécutent avec grande satisfaction simplement pour se venger et venger une de ses amies. Le public cible? Les 9 ans et plus.

Je n’ai aucun problème avec la violence dans les romans jeunesse, bien au contraire, elle ajoute au sentiment de danger et permet à l’enfant d’explorer certains sentiments plus sombres. Mon problème, c’est avec sa justification! Dans Roah Dahl, le message est les adultes sont parfois cruels, ne vous laissez pas faire ». Dans William Hill, c’est plutôt « Le meurtre est une très bonne solution à certains problèmes ». Passe pour les Clown Vengeurs, mais… pour des 9 ans et plus?

Eh voilà, me voilà une vieille matante rétrograde qui chiale que les livres corrompent la jeunesse!  *Soupir* Je vais aller acheter quelques Béatrix Potter, ça me remettra d’aplomb!

 

Un style reconnaissable entre tous

Dans les dernières semaines, la découverte qu’un livre signé Robert Galbraith avait été écrit par nul autre que JK Rowling. Si la nouvelle a fait couler beaucoup d’encre sur les sujets des pseudonymes et de la publicité, un petit détail de l’aventure a plutôt retenu mon attention : une analyse de texte a permis de confirmer qu’elle avait bien écrit le livre.

J’adore l’idée que le style d’écriture d’un auteur est reconnaissable, même lorsque le genre du roman n’est pas le même, un peu comme la voix de certains chanteurs est repérable entre mille! Je ne peux m’empêcher de me demander ce que trouverait l’ordinateur de décodage dans mes propres textes. Qu’est-ce qui fait que mon écriture est mienne? Quels tics sont assez charmants pour passer à travers les mailles du filet de direction littéraire? Quels mots non-usuels se retrouvent-ils plus souvent qu’à l’habitude dans mes descriptions?

Pour le découvrir, il ne me reste plus qu’à devenir une auteure d’une telle importance qu’un universitaire se penche sur mon cas pour sa thèse! Pain sur la planche, vous pensez?

Et si la beauté résidait dans l’inutile

mary poppinsJ’ai récemment ré-écouté Marry Poppins. En analysant mes scènes préférées, soit celles à l’intérieur du tableau à la craie, j’ai dû me rendre à l’évidence : elles sont narrativement plutôt inutiles. Bon, elles servent à installer le caractère fantasque de Marry Poppins, mais pour être très honnête, les trois quarts des scènes du film ont exactement la même utilité. L’histoire n’avance donc pas vraiment. Est-ce qu’il aurait fallu les couper? Jamais de la vie! Le film aurait alors perdu une grande partie de son charme.

En narration occidentale (j’inclus ici les livres, mais également le cinéma et la télé), nous avons une obsession pour la pertinence. Si une scène ne sert à rien, elle doit être coupée. L’efficacité est de mise. Mais n’y perdons-nous pas en atmosphère?  Prenez Harry Potter en autre exemple. On y trouve plusieurs scènes de la vie quotidienne des élèves à l’école. Des cours, des jeux, du simple flânage entre les cours.  Ces scènes périphériques permettent au lecteur de sentir l’ambiance complète de l’école. S’il n’y avait que de scènes de conflit et de résolution, le livre gagnerait peut-être en efficacité et en concision, mais il perdrait une partie de sa magie.

L’autre problème de l’efficacité à tout coup, c’est qu’une personne le moindrement ferrée en récit devine d’avance les morceaux importants de l’histoire. Un personnage mentionne qu’il est champion en saut en hauteur, on sait que cette capacité sera utilisée avant la fin de l’histoire. Son ami lui donne un paquet de gomme à mâcher, même chose. La seule exception que j’ai vue à cette règle était un élastique à cheveux reçu par l’héroïne dans le film Spirited Away de Miyazaki. Elle le reçoit, et c’est tout. On ne le revoit plus du reste du film. Les Japonais n’auraient-ils pas notre obsession pour l’utile et l’efficace? Je ne suis pas assez spécialiste pour répondre (@Gen peut-être?)

Les scènes inutiles sont comme les bouquets de fleurs dans une pièce. Pourquoi ne pas fleurir un peu nos romans?

De ma haine de la cartographie

 

illustration de gnokii sur openclipart.orgDurant l’écriture du Tome 5 de Victor Cordi, je me réjouissais du fait que mon monde prenait forme de manière de plus en plus concrète. Je vous partageais même, en exclusivité, une première esquisse de la carte d’Exégor. Pourtant, mon manuscrit est parti il y a trois semaines, et la carte n’y était pas.

Pourquoi?

Parce qu’elle me limitait trop!

À chaque livre, j’invente de nouveaux lieux, village, climats et environnements. Dessiner une carte et la déclarer « complète » m’aurait obligée à tout inventer tout de suite, sans me laisser de marge de manœuvre pour les (nombreux!) tomes qui restent! Et si, j’ai besoins d’une nouvelle chaîne de montagnes? D’un fleuve de boue? D’un marais improbable? Que ferais-je?

Une carte clôture le monde, elle avertit de ce que l’on trouvera une fois passé l’horizon. Lorsque le monde est dessiné, l’auteur est menotté, l’inconnu s’éloigne!

Cette haine des cartes ne date pas d’hier! Je parle souvent, dans les écoles où je suis invitée, de ma grande déception devant la mappemonde de la terre lorsque j’étais à l’école. Cet énorme papier épinglé m’annonçait qu’il n’y aurait plus de surprise possible; que je ne serais jamais Vacso de Gama.

Bref, je garde mon horrible schéma de carte pour moi-même! Tant qu’elle n’est pas publiée, elle peut changer selon mes besoins. Ainsi, je peux m’assurer d’une certaine conformité dans les déplacements de mes personnages, sans pour autant me priver d’ajouts et d’inventions diverses.

Le meilleur des deux mondes.