Archives de catégorie : Terra Incognita

Scéance de signature à la vente trottoir Mont-Royal

Photo prise par Martin UjlakiJ’aime bien faire quelque chose de spécial dans mon quartier lors de la sortie d’un livre. Pour Terra Incognita : pirates à bâbord!, j’avais rencontré des élèves de deux écoles à proximité et fait le lancement dans une crèmerie du coin. Cette année, j’aurai ma table dimanche, toute la journée, lors de la grande vente de trottoir de l’avenue Mont-Royal!

Les détails :

5 septembre

De 9h à 18h

Devant le Colisée du livre , au 1809 Avenue Mont-Royal E, coin Papineau.

J’aurai des exemplaires des trois livres ainsi que des affiches des trois couvertures! Chaque volume coute 8,95$, et une affiche gratuite sera remise à l’achat des trois!

Les scarpassons : anatomie de création d’espèce fantastique

Illustration réalisée par Sarah Chamaillard pour Terra Incognita: Pirates à bâbord!

Dans « Lanfeust Mag », l’incroyable scénariste de bande dessinée Christophe Arleston tenait une chronique dans laquelle il décrivait une créature fantastique de son cru. Cet exercice m’impressionnait toujours énormément. « Mais où prend-il toutes ses idées » me demandais-je avec la naïveté du bleu qui n’a tout simplement jamais essayé.

Avec chaque album de Terra Incognita, mon propre bestiaire se forme, et je suis la première surprise de constater que les créatures s’inventent plutôt facilement! Certaines ne sont présentes que pour donner un peu de couleur à l’ambiance et leur description se limite à une ou deux caractéristiques particulières, alors que d’autres, comme le singe de l’illustration juste à côté, jouent un rôle majeur et sont un peu plus développées. Pour le tome 4 que je suis présentement en train d’écrire (plus que 3 chapitres et un épilogue, yé!!!), j’ai créé une race d’insecte: les scarpassons, avec assez de détail. Voici un peu le processus de création.

D’abord, il y avait certaines caractéristiques dont j’avais besoins pour les péripéties déjà décidées:

  • – Il devait s’agir d’insectes
  • – Ils devaient voler un objet échoué au fond de la mer.
  • – Ils devaient cacher ledit objet dans un souterrain complexe, accessible pour un enfant, mais pas un adulte.
  • – Ils ne devaient pas être sensibles aux phéromones, contrairement à la plupart des insectes.

À parti de ces caractéristiques obligatoires, les autres propriétés ont découlé de manière toute naturelle.

Voler un objet brillant caché sous l’eau :

Les créatures seront donc amphibies. Du coup, leurs six pattes sont devenues palmées. La possibilité de plonger exige que leur densité corporelle soit suffisamment lourde pour ne pas flotter, ce qui rend la capacité de vol impossible. On est donc plutôt « Blatte » que « Hanneton ». Puisqu’il leur faut une raison valable pour aller dans l’eau, j’ai choisi le corail comme source d’alimentation. Finalement, pour justifier le vol d’objet, je leur ai simplement donné une fascination pour tout ce qui brille, à l’instar des pies voleuses.

Les souterrains :

Pour qu’ils puissent creuser leurs souterrains, je leur ai installé des griffes au bout des palmes, à la manière des taupes. J’ai ensuite estimé leur taille à celle d’un chien de petite taille (un peu plus gros qu’un grille-pain), afin que les galeries laissent pénétrer un enfant de justesse.

Insensibilité aux phéromones :

Cette insensibilité est facilement justifiée par le fait qu’ils sont amphibies, et que les phéromones ne se déplacent que difficilement dans l’eau. Leur sens principal est donc devenu la vue, ce qui marchait merveilleusement avec leur attrait pour tout ce qui brille. Cette dernière découverte m’a également permis de parfaire la justification pour le vol d’objet brillant : ces insectes posent des objets brillants partout dans leurs tunnels pour amener la lumière du jour jusqu’aux plus profonds recoins, puisqu’ils utilisent le sens de la vue.

Il ne restait plus que le nom, pour lequel j’ai choisi la première syllabe d’un insecte connu (scarabé = scarpasson) pour créer une association subtile dans l’inconscient du lecteur!

Ode à mon illustratrice!

Lorsqu’est venu le temps de parler illustrations pour mon premier roman, j’ai demandé la permission à mon éditrice de lui proposer quelqu’un. Elle a accepté, se gardant, évidemment, un droit de véto sur réception du porte-folio. J’ai donc envoyé un courriel a plusieurs de mes amis illustrateurs. Sarah Chamaillard a été la première à répondre, en mentionnant qu’elle en rêvait depuis longtemps.

C’est ainsi que Sarah est devenue l’illustratrice attitrée de Terra incognita! Mon éditrice a été si ravie de son travail qu’elle fait désormais souvent appel à elle. À chaque fois, Sarah réussit à donner à chaque livre une signature graphique qui lui est propre. En voici trois exemples.

Elle a, depuis, été remarquée par d’autres éditeurs! C’est ainsi qu’elle a illustré la dernière série « Epizzod » des éditions de la Courte Échelle soit « Psy malgré moi». En plus de la couverture, chaque livre comprend également un petit résumé de style Manga en début de volume!

J’ai reçu les illustrations intérieures du Fantôme du caporal poltron la semaine dernière, et, comme toujours, je suis époustouflée! Les enfants me demandent souvent, lors des périodes de questions d’animations scolaires, s’il m’arrive d’être déçue de voir en images ce que j’avais d’abord créé dans ma tête! La réponse : jamais! Les images dans ma tête sont floues, à la limite du bonhomme allumette; c’est toujours du pur délice que de voir l’interprétation qu’en fait Sarah! De plus, j’ai l’impression que, autant mon écriture s’affine d’un tome à l’autre, autant son dessein en fait autant! Déjà, du premier au deuxième, les émotions des personnages se faisaient plus ressenties. Cette fois-ci, elles sont telles que même le cheval au galop semble décidé d’atteindre son but avant la catastrophe. Côté composition, les dernières illustrations reçues utilisent les tons de gris avec brio, et offrent des plans multiples et complexes qui donnent une profondeur tout en richesse. Auteure très contente!

Curieux de les voir? Je vais demander la permission à mon éditrice de vous en montrer quelques-unes, mais ça risque d’aller à la fin de l’été, alors que la parution approchera! Patience!

Les fautes attrapées de justesse!

J’exprimais, dans un billet récent, ma lassitude face à la relecture avant impression. À quoi peut bien servir tant de révision, se demanderont certains! J’ai donc décidé de partager avec vous certaines de ces fautes qui seraient « passées tout droit »!

Il y a, évidemment, quelques virgules et répétitions de mots, parfois causées elles-mêmes par des corrections antérieures.

Il y a les corrections déjà acceptées, mais qui nous chicotent. Acculés au mur de la publication, on prend le taureau par les cornes! Un exemple ? Dans la phrase suivante : « Jessica considère le prendre par surprise et lui subtiliser son uniforme. », le verbe « considérer » avait été changé par « compte » par la correctrice, substitution que j’avais moi-même acceptée. Mais depuis deux relectures, le mot me dérangeait, le sens en étant trop différent. En effet, Jessica n’a jamais décidé de poser le geste, elle en étudie seulement la faisabilité. Dans la version finale, la phrase sera donc : « Jessica examine la possibilité de le prendre par surprise pour lui subtiliser son uniforme. »

Parfois, à force de vérifier l’orthographe, on en oublie de vérifier le sens. Ainsi, j’ai trouvé deux erreurs intéressantes vers la fin. En page 95, le roi s’exclamait : « Un seul cri de ma part et des douzaines de gardes entreront dans cette chambre. » Quelques pages plus loin, faisant référence à cette semi-menace, il avoue : « Tout à l’heure, lorsque j’ai dit que je pouvais compter sur cent gardes, j’exagérais. » Oups! Les gardes se multiplient!!!

Je vous laisse découvrir la dernière vous-même! Voici la phrase :

« Le garçon, à quatre pattes, monte une seule marche par roulis; il attend patiemment, avant de lever le pied, que le mouvement de balancier du bateau lui offre un plancher à l’horizontale. »

On a dû le lire des dizaines de fois avant que l’erreur ne nous saute aux yeux!

Choisir un titre, c’est comme choisir un nom de bébé!

Il y a des titres qui nous viennent immédiatement, alors que le livre est à peine embryonnaire, et qui servent à en cimenter le ton. D’autres sont pénibles à trouver et donnent lieu à des brainstorms interminables. D’ailleurs, dans le film « Julie & Julia », il y a une scène aussi inutile qu’intéressante dans laquelle la désormais célèbre cuisinière et son éditrice cherchent un titre à son livre de recettes à l’aide de mots écrits sur des post-its. Des fois, c’est comme ça!

Cette semaine, j’ai envoyé deux titres possible pour le quatrième Terra Incognita. Les choix : « La tribu des insectes » et « Le vol des scarpassons ». L’idée était de pouvoir intégrer le titre avec la mention « à paraître » dans le troisième tome, qui partira bientôt chez l’imprimeur. La majorité des commentaires étaient favorables au deuxième, plus intrigants, surtout à cause de ce mot inconnu qu’un de mes amis est allé jusqu’à googler! J’ai finalement décidé que le roman n’était pas encore assez avancé pour mériter une étiquette, mais le titre est tout de même, en attendant, en haut de mon manuscrit en devenir.

Pour « Le fantôme du caporal poltron », j’ai eu le titre en tête avant d’écrire la moindre ligne! J’aimais sa consonance! Quelque chose d’intéressant dans la répétition des sons « P », « O » et « L » des deux derniers mots, et de la juxtaposition de deux termes foncièrement forts et courageux avec l’adjectif contraire. Au contraire, pour « Les Naufragés de Chélon », le titre n’a été choisi que vers la fin, et ce n’est que tout récemment que je me suis mise à l’aimer. Je me demande parfois si je n’aurais pas dû garder cette phrase comme titre de la série plutôt que du premier recueil.

Un autre qui a posé problème : « L’ogre, la sorcière et le grand méchant loup » de jesuisleheros.com. Son point positif : une forme semblable aux titres de films « Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant » et « le bon, la brute et le truand ». Mais l’éditeur et moi aurions voulu y intégrer le nom de l’enfant, pour renforcer la personnalisation. On a tout essayé, rien n’y faisait! « NOM_ENFANT dans la forêt des malaimés » aurait été parfait… mais l’expression était déjà prise! Alors, le titre est resté comme tel!

Et pour finir, quelques uns de mes coups de cœur, côté titres :

Un récent : « La solitude des nombres premiers » de Paolo Giordano

Un jeunesse : « Un escargot sur la main » de Gilles Gemmes

Un classique : « Le silence des homards » de San Antonio.

En avez-vous à partager?

Quelques perles tirées de « Le fantôme du caporal poltron »

Pendant la fin de semaine, j’ai révisé, format maquette, le troisième tome de Terra Incognita, prévu pour publication au mois de septembre. J’en ai profité pour garder en mémoire mes phrases préférées, que je partage avec vous!

Alors que les naufragés plaident leur cause à Christophe IV, monarque de douze ans :

Lorsqu’on porte le titre de roi à un si jeune âge, on ne peut qu’être sensible au sort des orphelins.

Un peu mélo, je l’avoue. Pour un peu plus, je me mettrais à chanter la chanson thème de « Rémi sans famille »!  Enfin, j’aime tout de même!

Alors que le caporal poltron du titre tente d’en apprendre plus sur les hommes sous son commandement :

À en croire les dirigeants de l’école militaire, les soldats n’ont qu’une envie : se battre pour l’amour de la patrie. Si le mot « amour » a souvent été prononcé lors des entrevues, il a toujours été suivi d’un nom propre.

À vrai dire, j’aimais mieux la phrase lorsqu’elle se terminait par « il n’a jamais été suivi que d’un nom propre », mais ça avait été jugé « pas assez direct ».

Alors que Basile, mon cuisinier, vit sa première peine d’amour :

Ressassant sa peine, le cuisinier sort son rouleau à pâtisserie et attaque la boule de pâte à grands coups de chagrin.

La phrase fait d’ailleurs partie d’un de mes chapitres préférés dans le roman… moi qui tombe rarement dans l’eau de rose, j’y suis allée à fond! Dans le même coin, il y a vait également un parfum « à base de rosée et de lavande, qui rappellera le lever du soleil au premier matin du printemps ». Lyrique à souhait!

Alors que les naufragés en apprennent un peu plus sur le système politique de l’île.

(…) répond le roi, avec la fierté feinte du patriote désabusé.

Je ne sais pas quoi dire sur celle-ci, j’en aime juste la consonance autant que la signification!

Je vais essayer de faire de ce petit jeu une coutume à chaque fois que je publie un texte, et j’invite tous les auteurs qui me lisent à me faire parvenir leurs propres phrases préférées dans leurs oeuvres à venir! Je me ferai un plaisir de les publier ici!

Classique ou cliché? Dans le doute, s’abstenir!

Iroquois Savage, tiré de "Encyclopedie des Voyages", 1796Cette semaine, j’ai pu continuer un peu Terra Incognita Tome 4, qui n’a pas encore de noms, je dois l’avouer. Côté histoire, c’est celle qui m’a posée le plus de problèmes à ce jour. J’avais déjà parlé de la coupure de ma scène originale dans un précédent billet, mais depuis, la scène avait eu le temps de revenir dans une version que je pensais bien finale. Mais voilà, l’intrigue tournait autour de ce que je pensais être une classique : une tribu d’indigène qui impose trois épreuves à un des naufragés pour être accepté parmi les leurs.

Hors, de classique à cliché, il n’y a qu’un pas. Plus j’approchais de la scène des épreuves, et plus elle me dérangeait. Je me rappelle avoir vu cette structure dans les Schtroumpfs et dans Natasha, mais je suis certaine que ces deux ne sont que la pointe de l’iceberg. La manière grâce à laquelle les naufragés allaient réussir les épreuves avait beau être merveilleusement originale et inventive, le doute n’en planait pas moins : nageais-je en plein cliché?

Dans le doute, s’abstenir! Exit les trois épreuves, remplacées par quelque chose d’autre! Jamais histoire ne m’aura donné autant de difficulté!

Chose promise, chose due


Mercredi dernier, j’étais dans une école de Saint-Hubert pour faire des animations. Lors d’une période de questions merveilleusement enthousiaste (jamais moins de 5 mains levées, du jamais vu!), une élève m’a demandé si mes personnages allaient parfois aux toilettes dans mes romans. Plutôt amusée, j’ai du répondre par la négative, en sachant pertinemment que cette absence complète de fonctions digestives est un cliché non seulement de littérature, mais également de télévision et de film.

Lorsque cette même élève est venue me demander une dédicace au salon à peine une heure plus tard, ça a été plus fort que moi. Je lui ai promis solennellement par écrit qu’un de mes personnages irait aux toilettes d’ici le tome 5 de Terra Incognita. Moi! J’ai fait cette promesse, à peine quelques heures après vous avoir avoué, chers lecteurs, mon aversion pour tout ce qui touche à l’humour anal.

Me voilà donc pris, non seulement à mentionner une visite aux toilettes, mais en plus à le faire avec bon goût. Je suis une femme de parole! Rendez-vous au tome 5 (peut-être même au 4, mais ce serait surprenant puisque le plan est déjà terminé) pour voir le résultat.

Prochain billet, je vous le promets, on change de sujet!!