Je suis tombée, via le site « Le lecteur », sur un billet de Steve Proulx, intitulé « Noyade Culturelle », qui m’avait échappé lors de sa publication. L’auteur y déclare avoir fait l’exercice Ô combien intéressant, de calculer le nombre de roman que devraient acheter chaque famille canadienne « pour que les 17 000 écrivains canadiens puissent tirer de leurs écrits un revenu moyen de 30 000 $ ». Sa réponse : 50 romans par famille.
Comme j’adore jouer avec les chiffres, j’ai décidé de faire le même exercice pour les romans jeunesses québécois!!
Premier chiffre à obtenir : le nombre d’auteurs de romans jeunesse québécois. J’ai compté le nombre de membres de l’association des écrivains québécois pour la jeunesse listés sur leur site. Évidemment, mon échantillon n’est pas complet, puisque plusieurs personnes publient sans faire partie de l’association. D’un autre côté, certaines personnes considèrent l’écriture comme un passe-temps sans aucune intention d’en vivre, et l’adhésion à l’association constitue une preuve d’implication dans ce métier. J’ai donc auto-déclaré mon échantillon comme acceptable. Résultat : 105
(Note : j’en ai profité pour faire ma propre demande!)
J’ai évincé l’idée de « famille », puisqu’une famille de 5 enfants n’achètera pas le même nombre de livres jeunesse qu’une famille moins nombreuse. Mon calcul sera donc plutôt « par enfants ». Le site du ministère dénombre 950150 enfants de 0 à 11 ans en 2007, dans un monde idéal où aucuns enfants ne meurent, on peut extrapoler ce même nombre pour une démographie de 2 à 13 ans, donc pile poil le public-cible dit « jeunesse », pour 2009.
Il ne me manque qu’un seul chiffre, mais non le moindre : la prix moyen des livres jeunesse! Ce sera mon nombre le plus approximatif : je le fixe à 12$, ce qui me semble raisonnable.
On met le tout dans la formule. Pour les férus d’algèbre, imaginez que « nb_livre_annuel » est notre valeur « X » à trouver!
Réponse : 2,7
Il suffirait donc que chaque enfant reçoive à peine 3 livres québécois par année pour faire vivre les 100 auteurs jeunesse de la province! Je dois avouer que je m’attendais à beaucoup plus! Mon chiffre a beau être approximatif, il est fort encourageant! Pourquoi si peu d’auteurs en vivent-ils, alors? Je me prends soudainement des envies de connaître le nombre de romans jeunesse vendues annuellement, et encore plus la proportion des livres qui sont québécois dans le lot!