La révolution de l’auto-publication, non-merci pour moi!

Réflexions suite au merveilleux article « The democratization of slush » que j’ai découvert grâce à la non moins merveilleuse Geneviève Lefebvre

picture by gfoots on flickrLe texte mentionné plus haut parle des répercussions des  nouvelles possibilités d’auto-publications sur les lecteurs. J’allais écrire un billet sur mon propre point de vue de lecteur, lorsque l’envie d’en parler plutôt en tant qu’auteur m’est venue. Dans le texte, il est dit que cette révolution sera « gloriously liberating for authors. » Pourtant, à chaque fois qu’on me parle d’une possibilité d’auto-publication, j’ai plutôt envie de me mettre en position fœtale. Je n’ai pas du tout l’impression d’être une « grande auteure incomprise des maisons d’édition ». Au contraire, lorsqu’un de mes manuscrits se voit refusé par tous, j’ai tendance à le relire avec recul afin de tenter de l’améliorer. Autant j’admire le courage de ceux qui choisissent la route de l’auto-publication, autant je n’ai pas envie de l’emprunter… pour toutes sortes de raisons.

  • L’éditeur comme gardien de la qualité
    Ma confiance envers la qualité de mes textes dépend des jours. Le tout oscille entre « ça devrait gagner des prix » et « c’est juste bon pour la poubelle » selon le jour, l’endroit, et l’heure. Lorsqu’un de mes livres arrive sur le marché, sa sortie s’accompagne toujours d’une petite angoisse d’imposteur. Mais à chaque fois, je peux me calmer grâce à cette certitude que, si c’était une merde, l’éditeur ne l’aurait pas choisi pour publication.
  • L’éditeur comme améliorateur de manuscrit
    Chacun de mes livres, à date, à grandement bénéficié de l’œil critique de mon éditrice. Amélioration de style, de choix de mots, de syntaxe, c’est un peu, à chaque fois, comme si je n’arrivais qu’à parcourir 80% du marathon, et qu’elle me prenait sur son dos pour compléter le tout. Sans compter l’embauche d’une correctrice, sans laquelle mes livres seraient loin du sans-faute!
  • L’éditeur, pour s’occuper de tout ce qui m’embête
    Tout ce que j’ai envie de faire, c’est d’écrire, toute seule à mon portable. Qui dit auto-publication, dit autopromotion, et donc, auto-emmerdement! Je fais, évidemment, ma part de promotion en tant qu’auteure, entre autres lors des salons du livre et des animations d’écoles. Mais pour chacune de ces occasions, je n’ai qu’à me pointer à l’heure dite et à jaser avec les lecteurs, tâche, après tout, plutôt agréable! C’est l’éditrice qui contacte tout ce beau monde, réserve et monte le kiosque dans le salon, convainc les librairies de nous proposer dans les écoles, etc. De plus, je ne suis pas obligée d’envoyer des communiqués de presse aux journaux, de payer un graphiste pour la maquette, de courir après l’illustratrice en retard, etc, etc… et j’en suis fort aise!

Vous noterez que je n’ai rien mentionné en rapport à la distribution, qui reste un des gros morceaux du travail de la maison d’édition. Je l’ai fait exprès, pour bien indiquer que mon opinion sur l’utilité des éditeurs et éditrices ne s’éteindra pas avec la venue de la distribution électronique!

Bref, faites le travail vous-mêmes si le cœur vous en dit; autoéditez-vous tant que vous le voudrez! Pour ma part, je ne suis que trop heureuse de laisser quelqu’un d’autre s’en charger à ma place!

4 réflexions sur « La révolution de l’auto-publication, non-merci pour moi! »

  1. Je suis d’accord avec tes trois points à propos des avantages d’un éditeur.
    Je vois néanmoins un désavantage. La direction littéraire. Elle peut parfois demander beaucoup de modifications pour mieux cadrer dans le style de la maison d’éditions.

  2. Je suis totalement d’accord avec toi! Les maisons d’édition sont, au minimum en tout cas, un signe de qualité. Que des gens (parfois un comité entier) désigne ton oeuvre comme l’heureux élu, il me semble que, à part flatter l’égo, ça te donne le coup de pied nécessaire pour se diriger vers la bonne voie. Et j’imagine pas ces auteurs qui publient sans direction littéraire. Il faut toujours quelqu’un pour te ramener à l’ordre, cibler avec toi les erreurs et aller dans le même sens que l’auteur, c’est-à-dire offrir au lectorat au produit finit qui frôle le plus possible la perfection au meilleur des connaissances.

    Sur ce, j’aimerais répondre à Maxime DeBleu à propos de son désavantage. J’accorde que certaines maisons pourront modifier des oeuvres pour qu’elle cadre dans leur créno, mais n’est-ce pas, justement, le travail de l’auteur de bien cibler son éditeur. Et quand les modifications sont réellement extravagantes et outrageante, il me semble que l’auteur a le droit de dire son mot.

    Voilà, ton billet m’inspirait beaucoup! Merci de partager avec nous tes expériences: c’est encourageant et inspirant! Bonne continuité!

  3. Merci @Keven! Je ne peux qu’espérer que ceux qui s’auto-édite demandent tout de même à quelqu’un de crédible de passer par dessus leurs textes, histoire de servir de directeur littéraire! J’allais aussi répondre quelque chose de très semblable à Maxime: le fait qu’il doit y avoir un bon « fit » entre l’auteur et l’Éditeur. C’est presqu’une relation de couple!

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