Quelle sorte de premier lecteur seriez-vous?

Avant d’envoyer son manuscrit à un éditeur, c’est une bonne idée de le faire lire à d’autres, histoire que des paires d’yeux toutes fraiches y jette un coup d’œil.

Il y a deux sortes de premiers lecteurs. D’abord, il y a ceux qui aiment tout! Ils sont pratiques pour flatter l’égo! On leur envoie le manuscrit sans crainte, ils nous reviennent bourrés de commentaires positifs, et on se sent soudainement le courage d’affronter les éditeurs!

Plus utile encore, il y a les vrais critiques. Ceux qui savent repérer les faiblesses, suggérer des améliorations, repérer les fautes! Ici, le choix est plus difficile! Il faut un assez grand respect pour prendre les commentaires au sérieux, et surtout, une relation assez solide pour qu’elle ne puisse être ébranlée par un désaccord.

— Bou hou hou, tu ne m’aimes plus!

— Mais, chérie, j’ai seulement dit que la troisième phrase du cinquième chapitre était un peu longuette!

Vous voyez le genre!

Moi, j’ai deux relecteurs, un de chaque catégorie!

J’ai justement passé la soirée hier à faires des modifications à un futur projet suite aux commentaires de mon premier lecteur-critique. On s’approche du point ou je serai complètement satisfaite du résultat! Je vous en reparlerai bientôt!

Série or not série, telle est la question!

Dans ma tête, il n’a jamais été question de n’écrire qu’un seul livre. Même lorsque j’ignorais encore si j’aimerais faire ce métier, j’avais décidé d’en écrire au moins trois avant de choisir. Mon tout premier manuscrit envoyé  à un éditeur portait un nom de série en plus d’un titre. Mon calcul était aussi simple que mercantile : selon moi, les enfants retiennent les noms de série, mais pas les noms d’auteurs.

Il y a deux jours, le tome 2 de ma série Terra Incognita est arrivé en librairie. Comme le seul outil d’analyse de vente dont les auteurs disposent est la fonction « disponibilité dans les succursales » du site de Renaud-Bray, j’y suis allée dans la joie. Première vérification : le nombre de Terra Incognita : Pirates à bâbord. Verdict : deux fois plus de commandes que pour la sortie du premier livre! Jubilation! Comme on dit en business :  ça « scale »!

Deuxième vérification : combien de Terra Incognita : Les naufragés de Chélon Renaud-Bray ont-ils recommandé pour accompagné la sortie du deuxième? Oups! Z-É-R-O! Il ne reste donc plus que trois copies de ce livre dans toutes les librairies Renaud-Bray de la province. J’ai peut-être crié victoire un peu trop vite.

Évidemment, il ne s’agit là que d’une seule chaîne, et je vois bien, lorsque je fais des salons, que le principe de série marche, puisque la moitié des acheteurs me prennent les deux d’un coup. Reste à espérer que les lecteurs n’hésiteront pas à prendre le deuxième sans avoir lu le premier, et surtout, qu’ils l’aimeront assez pour passer une commande lors de leur prochaine visite en librairie!

Jamais libre dans ce foutu métier?

En regardant ce que j’avais manqué dans le blogue des éditions Monet pendant mes vacances, je suis tombée sur le billet Dedieu a son âme qui traite lui-même d’un autre billet, cette fois-ci publié par l’auteur Thierry Dedieu lui-même sur son blogue, et intitulé  Je meurs, mais j’écris encore.

Dans le billet, il s’indigne que son éditeur lui demande des choses plus commerciales. L’anecdote elle-même serait de peu d’intérêt s’ il ne s’agissait ici d’un auteur chevronné. Thierry Dedieu compte près d’une cinquantaine de titres à son actif, a reçu moult prix, et doit bien jouir de certains succès de vente, puisqu’il vit exclusivement de ce métier depuis 2004!

Si son éditeur lui reprochait que la qualité n’y soit plus, je ne dis pas. Mais demander à un auteur qui a fait ses preuves avec un style bien à lui d’écrire du commercial, n’est-ce pas une perte de talent complet? L’éditeur doit avoir des milliers de manuscrits commerciaux qui n’attendent que son approbation à quelque part sur un coin de table!

Évidemment, la solution au problème sera simple : Thierry Dedieu ira certainement chez un autre éditeur, où il sera reçu à bras ouvert. N’empêche, je comprends sa fureur : n’a-t-il pas gagné, à la sueur de son front, le droit à une certaine liberté dans le choix de ses sujets et traitements?

Une sctructure narrative de « soupe au caillou »!

Hier soir, je disais, par Twitter, avoir passé une semaine de « congé d’écriture » alors que j’étais en Floride pour 7 jours. Je ne mentais qu’à moitié! Je n’ai pas écrit une ligne, mais j’ai commencé à planifier les différents chapitres du tome 4 de Terra Incognita. J’ai donc passé un peu de temps à réfléchir en faisant semblant de prendre des notes, que j’ai, évidemment, oubliées là-bas! Qu’à cela ne tienne, le geste de prendre des notes est souvent plus important que la pérennité desdits écrits.

Depuis presque une année que j’ai en tête une scène autour de laquelle j’avais décidé d’élaborer la quatrième aventure de mes naufragés : j’imaginais des nuées d’insectes poursuivant le bateau par la faute d’une idole qu’un membre de l’équipage (Bernard, probablement) aurait subtilisée aux ruines d’un temple insulaire.  Des éléments sont venus s’y ajouter, puis j’ai bloqué sur le thème. Voyez-vous, j’aime bien utiliser un thème qui sert de ligne directrice aux différentes actions du roman, un peu comme on retrouve dans des épisodes télévisés pour lier les histoires « A » et « B ».

Aparté : Pour ceux que ça intéresse, le thème du premier est le chez-soi, le thème du deuxième, la confiance, et le thème du troisième, le « leadership ». Fin de l’aparté.

Donc, joue et rejoue avec l’histoire, décide finalement du thème, joue et re re-rejoue avec les péripéties, pour réaliser que le tout marche… à condition de retirer la scène initiale.

Joss Wheedon a déjà dit : « Si ton histoire ne marche pas, retire ta scène préférée » (traduction plus que libre, aucune idée de la source originelle!). Cette fois-ci, c’était le cas!

Pour le Tome 6, les insectes?

Laissez-moi rêver!

J’ai terminé, il y a quelque temps, le premier livre de la trilogie « Voyage au pays du MontNoir » de Christiane Duchesne. Le livre était sympathique, sans plus, mais je crois que la Balade au bout du monde en bande dessinée a mis la barre du « héros moderne qui se retrouve propulsé dans un univers médiéval » bien haute dans mon imaginaire. De toute façon, je ne suis pas critique de livre, là n’est pas la raison du présent billet!

À la toute fin du livre se trouve cette petite note anodine à travers les remerciements :

« Les noms de rue (du village de Montnoir sous-entendu) sont ceux des rues de la ville d’Antibes, que j’ai utilisé dans un grand désordre géographique (…) »

Or, voilà : pour moi, cette note gâche tout! Je n’ai évidemment pas la naïveté de croire que le monde de Montnoir puisse exister, mais de lire une preuve si tangible de son irréalité immédiatement après avoir lu la dernière page de l’histoire, alors que j’ai la tête encore plongée dans cet univers, m’a fait descendre bien vite de mon petit nuage. L’anecdote est sympathique et ne manque pas d’intérêt, elle est simplement mal placée.

Remarquez, l’envie de faire durer le rêve est dans ma nature : je déteste également qu’on m’explique les tours de magie!

Terra Incognita Tomes 4, 5, 10… et 50?

Il m’est arrivé souvent d’en vouloir à certains auteurs de bandes dessinées de continuer les mêmes vieilles séries sans jamais rien offrir de nouveau. Scrameustache N.39, Yoko Tsuno N. 24, pourquoi Gos et Leloup s’entêtent-ils à ne faire carrière que de ces seuls personnages?

Puis, j’ai moi-même commencé une série de roman. Pas une série épique avec une fin prévue telle qu’Amos Daragon ou Harry Potter, quelque chose qui ressemble plus à une série de bandes dessinées ou d’animation télé: des aventures différentes à chaque livre, et un « presque statu quo » retrouvé à chaque dernière page. Le troisième était à peine entamé que j’avais déjà des idées pour les tomes 3 et 4. Récemment, un chapitre complet du tome 10 m’est venu en tête.

Je comprends maintenant les auteurs qui continuent des séries année après année! Une fois que les personnages t’habitent, les aventures viennent toutes seules. Une fois celles-ci en tête, pourquoi ne pas les écrire?

Cher éditeur, valide moi!

Récemment, Maxime DeBleu et Nancy Pilon discutaient sur Twitter de cette crainte, partagée par plusieurs écrivains, qu’un de leur manuscrit n’ait pas la qualité désirée.

Ma participation, en 140 caractères, ressemblait à ça : http://twitter.com/Annie_Bacon/status/9640758883 mais j’ai eu envie d’élaborer un peu.

Voilà : pour le premier manuscrit, le seul fait qu’un éditeur qui n’a jamais entendu parler de toi et qui n’est définitivement pas ton ami décide de le publier est preuve suffisante de la qualité du manuscrit. Ces gens en reçoivent des centaines par année et n’acceptent que très peu de nouveaux auteurs. La validation est complète (et très satisfaisante pour l’égo)!

Or, ce n’est plus le cas du deuxième manuscrit, surtout s’il s’agit d’une série! La question s’insinue : « et si mon éditeur (trice, dans mon cas) avait accepté de publier le Tome 2 uniquement parce que le Tome 1 se vend bien ». Un éditeur mercantile, ça s’est déjà vu! Ce doute est invariablement suivi par l’angoisse : « et si le tome 2 était mauvais! »  Reste quoi? Les critiques? Les chiffres de vente? Ces deux choses ne remplaceront jamais la validation de l’éditeur, Grand Autre par excellence de l’industrie.

Les trois pires règles d’écritures

Aujourd’hui, Mathieu Fortin, du blogue les archives du sanatorium, a partagé sur Twitter un fort intéressant article du Guardian intitulé « The ten rules for writing fiction »  dans lequel plusieurs auteurs connus dévoilent leurs dix règles d’écritures. À partir d’un tel article, je pourrais avoir eu envie de partager les perles (il n’y en a plusieurs), ou encore d’écrire mes propres dix règles. Ces deux choses viendront peut-être… pour l’instant, je préfère vous présenter les quelques règles auxquelles je m’oppose avec véhémence!

Elmore Leonard

Rule #3 : Never use a verb other than « said » to carry dialogue.

En fait, je suis tellement en désaccord, que, dans mes animations scolaires, je fais un segment complet sur l’incapacité du verbe “dire” à exprimer quelque chose d’intéressant! Imaginez la scène : un personnage perd pied au sommet d’une falaise et se rattrape in extremis à une racine.

– À l’aide, dit-il.

Et bien non! Il ne « dit » pas! Il crie, il hurle, il vocifère, il supplie, il s’époumone, il pleure, mais il ne « dit » certainement pas!

Richard Ford

Rule #2 Don’t have children.

Je comprends son point : les enfants prennent un temps fou, temps qui ne peut être utilisé pour écrire! Mais voilà, j’ai personnellement écrit mes deux premiers romans lors de congés de maternité. Sans enfants, je n’aurais possiblement jamais écrit de livre. D’ailleurs, une autre auteure, Helen Dunmore, cite le contraire comme règle numéro 8 : « If you fear that taking care of your children and household will damage your writing, think of JG Ballard.”

PD James

Rule #1: Increase your word power. (…) We who write in English are fortunate to have the richest and most versatile language in the world. Respect it.

Non, mais, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre! J’aimerais bien savoir combien de langues le PD James en question parle pour pouvoir affirmer une telle énormité! L’anglais, langue la plus efficace? Oui! La plus rependue? Peut-être. Mais la plus riche et versatile! J’en serais bien surprise!

Je joue à l’avocat du diable, mais en fait, l’article au complet est bien inspirant! J’ai possiblement décidé de lister les mauvaises règles parce qu’elles étaient beaucoup moins nombreuses que les meilleures!!! Paresse, quand tu nous tiens!

Je vous invite fortement à aller y faire un tour!

Aperçu d’un lancement à la fois local et social!

Et voilà! 42 livres signés plus tard, le lancement est terminé, et l’auteure prend un repos bien mérité!  Malgré la neige du matin, l’événement a été un franc succès et le Péché Glaçé autant que mon Éditrice sont très satisfaits des résultats! De mon côté, j’en conclus que le succès a été dû à deux choses : le choix de faire un lancement « local », et l’utilisation des médias sociaux dans ma vie en générale.

Soyons d’abord prophètes dans notre quartier!

L’idée était de mon chum. Je me questionnais sur la pertinence d’une semaine d’animations scolaires dans les maritimes, et il me suggéra de commencer plutôt par mon quartier. Après tout, on y trouve une bonne dizaine d’écoles! J’ai donc fait deux animations scolaires dans le coin pendant la semaine qui précédait le lancement. Résultat? Plus de la moitié des livres vendus lors du lancement l’ont été à des élèves de ces deux écoles qui, plusieurs jours après l’animation, m’avaient encore assez en mémoire pour faire le détour jusqu’au péché glacé. Merci aux parents, d’ailleurs!

Les réseaux sociaux rendent asocial? Pffffttt!

Ce n’est pas de la promotion du lancement dans les médias sociaux qui m’a impressionnée, mais bien le fait que, grâce à ce médium, j’ai de nouveaux amis! Des amis que je n’avais jamais rencontrés avant des les suivre sur Twitter, d’autres que j’avais perdus de vue avant Facebook, d’autres encore qui n’auraient jamais sauté la clôture qui sépare « contact de travail » et « amis » si ce n’était des réseaux enligne. Certains prétendent que les contacts humains se raréfient à cause des médias sociaux, et bien plusieurs personnes sont venues prouver le contraire samedi, et je leur envoie un merci tout particulier!

On se reprend en septembre pour la sortie du troisième?

Deux anecdotes d’animations scolaires

created by Mark A. Hicks, illustratorCette semaine, en l’honneur du lancement qui s’en vient, j’ai fait deux animations dans des écoles de mon quartier. Voici les faits les plus cocasses qui s’y sont produits.

Pendant la période de questions à l’école Saint-Louis-de-Gonzague, un garçon de 10-12 ans m’a demandé le plus naturellement du monde : « Est-ce que tu as un prix Gémeaux? Mon père, lui, il a un prix gémeau »! Intérieurement, je me suis dit qu’il fallait vraiment habiter le Plateau Mont-Royal pour avoir le droit à de telles questions!

Dans la deuxième école, soit Saint-Pierre Claver, on discutait des salons du livre, et j’expliquais que j’aimais bien y rencontrer d’autres auteurs. Une préadolescente aux lunettes trendy et à la couette « emo », a commencé à tourner autour du pot en me demandant si je ne rencontrais QUE des auteurs québécois. La voyant venir de loin, j’ai immédiatement répondu avant même qu’elle ne m’en pose la question : « Je n’ai jamais rencontré Stéphanie Meyer, si c’est ce que tu désires savoir ». Elle en est restée bouche bée : j’avais lu dans son esprit! J’adore ces moments où ma connaissance de la culture des 9-12 me permet de les surprendre! Il suffit alors d’une phrase pour qu’un grand lien de complicité se tisse!