Dans mon dernier billet, je parlais du changement de contexte comme manière d’ajouter une grande touche d’originalité et de merveilleux à un livre. J’ai envie aujourd’hui de parler d’une deuxième manière, qui est celle d’inventer des mots!
Inventer des bons mots est tout sauf facile! Il existe des experts qui inventent des langues au grand complet, syntaxe comprise, en suivant des règles de logique sémantiques pour leur donner une plus grande crédibilité. Des exemples? Le Klingon de Star Trek, ou l’elfique de Tolkiens. Je ne connais pas d’exemples aussi complexes en littérature jeunesse, mais nous avons des inventeurs de mots extraordinaires! Si les anglophones ont Dr. Seuss, nous avons le non moins formidable Claude Ponti.
Ce qui fait la force des mots de ces deux piliers de l’album illustré, c’est qu’ils sont présents dans le texte comme si ça allait de soi! Pas de traduction, de guillemets ou d’italique pour bien indiquer aux lecteurs qu’ils ne les trouveront pas dans le dictionnaire! Il faut dire que les jeunes sont habitués à rencontrer des mots qu’ils ne connaissent pas et à en déduire le sens selon le contexte. Et c’est là que le choix du mot inventé est important.
Une des techniques de Ponti est de joindre deux mots ensemble pour en créer un. Il en résulte une impression de familiarité qui peut laisser croire que le mot existe, et qui permet d’en comprendre instinctivement le sens.
Par exemple :
« Le dimanche soir, ils s’empigoinfrent comme des Romains » (Mille secrets de poussins)
Ou encore :
« Jules aime faire le glaçon dans un verre de pétillonade. » (L’île des zertes)
Même ses noms de personnages sont faits d’amalgames de mots existants, desquels un sens certain jaillit. Par exemple, un marteau sur patte qui pique des crises en enfonçant tout le monde au sol s’appelle le Martabaf (Marteau + Baffe). On comprend instinctivement qu’il s’agit d’une brute épaisse!
Il lui arrive également d’en inventer des plus farfelus, et dans ce cas, leur incompréhensibilité ne fait qu’ajouter une touche de mystère son univers.
Par exemple :
Dans une liste des activités des poussins, il est inscrit que, parfois, ils splitouillent une grande Tatouille.
Je dois avouer que même en regardant attentivement les illustrations, je n’ai jamais compris celle-là! C’est un peu comme le langage schtroumpf. Certains sont créés pour être compris, d’autre pour laisser l’imagination du lecteur remplir les trous!
Bref, inventer des mots donne non seulement une crédibilité à un monde inventé, mais ajoute également une jolie touche de poésie. Je ne m’y suis pas encore risquée, mais ça arrivera, c’est certain!