Moi , Victor et Allison Bechdel

Dans ma dernière direction littéraire de Victor Cordi, ma directrice m’a mis la petite note suivante :

ScreenHunter_01 Jun. 11 07.10

J’étais contente qu’elle le remarque, parce que cette féminisation n’était pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d’un effort conscient de ma part. Un effort généré par le test Bechdel.

Inventé par une auteure de bande dessinée, le test demande à un livre, film, ou série télé de répondre aux critères suivants:

  • l’œuvre a deux femmes identifiables (elles portent un nom) ;
  • elles parlent ensemble ;
  • elles parlent d’autre chose que d’un personnage masculin.

J’ai pris conscience que ce test s’adressait à moi, comme créatrice de contenu, alors que je terminais d’écrire le premier cycle de Victor Cordi. J’ai réalisé avec grande honte que ces quatre premiers tomes ne passaient pas. J’avais pris le pli de mes propres lectures*, en donnant un genre masculin, par défaut, à la plupart des personnages. Surtout si ce sont des guerriers, des meneurs, des décideurs. Il y avait bien Lenta-Oh comme personnage féminin très important, mais noyée dans une population d’hommes, elle ne suffit pas à répondre aux trois critères.

Pour le deuxième cycle de Victor, j’ai donc fait attention! Lorsque j’ai monté un conseil de guerre pour la résistance, j’y ai mis un nombre égal de femmes et d’hommes. Lorsque je parle de sentinelles et de soldats, je varie les genres.

J’essaie de tuer ce réflexe qui met un « il » devant chaque nouvelle rencontre. J’espère qu’un jour ça me deviendra seconde nature, ou sinon, que ça le deviendra au moins pour mes lecteurs, lorsqu’ils auront à leur tour l’âge de créer du contenu!

 C’est mon petit geste à moi pour la cause féministe.

 

* Les œuvres de « fantasy » classique (Lord of the ring!) passent rarement le test, alors que des séries plus modernes dans le même genre (A game of throne!) le passent haut la main.

 

 

 

10 réflexions sur « Moi , Victor et Allison Bechdel »

  1. Ah tiens, intéressant ce test… Voyons… mon premier tome de Hanaken le passe, le second l’échoue d’un cheveu (mon second personnage féminin d’importance étant « Grand-Mère », je sais pas si on peut considérer que c’est son nom…), le troisième se rattrape… Ouf! 😉

    Cela dit, je mettais volontairement en scène une fille dans un monde d’hommes.

    Et je voudrais souligner que, dans Game of Thrones, la plupart des femmes importantes ne sont pas des guerrières (il y en a, mais c’est pas la majorité). C’est d’ailleurs ce que j’aime de cette série : on montre que le pouvoir, même dans un contexte médiéval, n’est pas nécessairement dans les mains de ceux qui tiennent les armes. En tant qu’historienne, j’ai souvent croisé des femmes influentes politiquement ou économiquement qui restaient si bien cachées dans l’ombre qu’on devinait à peine leur puissance… et maudit que je les trouve hot! :p

  2. @gen: Avec de l’historique, comme tes Hannaken, on ne peut pas ré-écrire tout le contexte pour le rendre plus ouvert aux femmes, mais avec le fantastique qui présente des univers parrallelle, rien ne nous empêche de jouer avec les codes: d’avoir des sociétés hyper égalitaires, ou même de pousser le cliché à l’inverse avec des sociétés rigidement matriarcales!

  3. Oui, mais il ne faut pas non plus oublier la logique reproductive qui a poussé l’humain à sacrifier advantage les hommes à la guerre.

  4. @gen: Seulement si tu as un monde de fantasy peuplé d’humains! Dans Victor Cordi, les peuples ne sont pas humains, alors rien ne m’empêche de jouer avec la biologie pour satisfaire une nouvelle logique! J’ai un peuples androgyne un autre dans lequel les femmes enceintes deviennent hyper forte le temps de porter l’enfant, et un autre dans lequel il nait 1 seul homme faible et fragile pour 40 femmes hyper costaudes. Quand on change la biologie, le sociétal suit! (remarque, l’information pour les deux derniers peuples mentionés ne se sont pas rendus dans les livres, juste dans ma tête!!)

  5. Heureusement que Filles de Lune répondait aux critères, sinon, avec un titre pareil, c’aurait été franchement gênant… 😉 (Mon Tabou passe de justesse et Sang de Pirates s’en tire haut la main. )

  6. @Elisabeth: j’avoue qu’avec Filles de lune, ça aurait été gênant!!! Par contre, bravo pour les pirates, un genre dans lequel il y a bien souvent un unique personnage féminin. D’ailleurs, le film Pirates des caraïbes ne passe pas!

  7. @Annie : Faut dire que plus le récit est long (dans mon cas, ça tourne autour de 120 000 mots par tome ), plus c’est facile, non ?

  8. Je comprends bien le premier critère puisqu’il faut plus d’un personnage d’un même type pour montrer une diversité de personnalités, donc plus il y a de personnages féminins plus il est facile d’éviter d’avoir l’air de présenter un stéréotype.
    Mais, les deux autres critères me semblent un peu réducteurs. Personnellement, mon critère est surtout la réaction des autres personnages à la présence des personnages féminins, surtout lorsque ceux-ci agissent en s’éloignant des stéréotypes ou des rôles traditionnels. Par exemple, dans Hanaken, la présence et les actions du personnage féminin sont acceptés comme allant de soi par les autres personnages , alors pour moi ça va. Par contre, dans le Lord of the ring, le seul personnage qui pourrait prétendre à une reconnaissance féministe, reçoit comme réaction de la part des autres personnages « pauvre elle qui a été obligée d’agir (alors qu’elle le désirait ardemment) au lieu de simplement se contenter d’être jolie ». Je ne vois pas quel test ça pourrait passer.
    En fait, je crois surtout qu’il faut que les personnages féminins se permettent d’agir de façon non stéréotypé et trouvent leur place dans leur monde. Ces personnages ne doivent pas seulement agir, mais être acceptés ou soutenus par un partie des autres personnages.

  9. @Caroline: Je sais bien que le test n’est pas parfait, il a d’ailleurs été critiqué maintes fois. Dans une oeuvre, il pourrait y avoir deux nunuches qui parlent de la couleur de leurs bobettes, et ça passerait le test, alors qu’un film comme Gravity (une femme astronaute perdue dans l’espace) ne le passe pas!

    Mais en le gardant en tête, ça me permet personnellement de m’assurer que j’ai des personnages féminins important, tout simplement, plutôt que de devenir prisonnière du symdrôme de la schtroumpfette et de n’en avoir qu’une seule, entourée d’une mer de personnages masculins.

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