Retour sur mon printemps de jonglage

Il y a deux-trois mois, je vous parlais de mon plan de conciliation écriture-animations-famille qui consistait à me garder systématiquement deux jours par semaine pour écrire. Voilà maintenant deux semaines que cette période est terminée et que j’écris à temps plein (4 jours semaines), et je suis moi-même surprise du bond en productivité qui résulte de ces deux semaines.

Le problème des deux jours semaines :

  • J’avais oublié le facteur fatigue. Après deux journées d’animations, surtout si elles sont suivies de signatures en soirée, je suis claquée! Le troisième matin, devant mon ordinateur, la page blanche me nargue.
  • Deux jours en deviennent rapidement un : puisque la troisième partie de ce jonglage est la famille, au moindre imprévu (enfant malade, rendez-vous médical, congé de la garderie, etc.) je me suis retrouvée avec seulement une journée dans la semaine pour écrire. Et avec juste une journée pour écrire, mon humeur s’en ressent!
  • Trop de choses en têtes. Demandez à mon chum, je ne suis pas une bonne « multi-tasker ». À alterner entre animations et écriture, mon cerveau se perd, mon histoire s’éparpille.

Bref, j’ai écrit plus du tiers du roman durant mes deux semaines intensives, alors que les premiers deux tiers se sont étalés sur 11 semaines. Si j’ai peiné à atteindre les 1000 mots par jour durant tout le printemps, l’absence d’animations m’a permis de retrouver mon rythme de croisière de 50% fois plus, et même de le dépasser dans les derniers deux jours.

Les demandes d’animations pour l’année prochaine commencent déjà à rentrer, et je me trouve à réfléchir à mon organisation. Une amie me disait faire un trois mois intense, à 5 animations par semaine, pour mieux écrire à temps plein après. Mon expérience de productivité me dit que ce serait une bonne solution, mais c’est mon organisation familiale qui ne pourra le supporter.  Alterner les semaines « sans » et les semaines « avec »? Commencer à en refuser pour me concentrer sur l’écriture? Prévoir être en écriture de quelque chose de plus léger qu’un Victor pour la plus grosse saison (Avril-Mai)?

J’ai bien peur ne pas avoir encore de réponses.

 

 

Où sont les aventurières?

yokotsunoDepuis que ma fille est passée de l’univers Stilton aux romans pour un peu plus vieux, j’ai fait un constat désolant : les héroïnes jeunesse manquent d’ambition*! Si on exclue les romans fantastiques/science-fiction et les quelques (rares) séries d’enquêtes, on ne trouve aucune série pour fille de plus de 10 ans dans laquelle l’héroïne a d’autres préoccupations que sa robe de bal, ses amies, l’entente familiale, et l’amour.

Savannah, de Sylvie Payette, est ce que j’ai vu de plus proche, mais le livre se veut plutôt jeune adulte que véritable jeunesse.

Le pire, c’est qu’on est toujours prêt à s’outrager lorsqu’il est question des livres séparés par genre, alors que le problème n’est pas qu’il y a des livres étiquetés « pour fille » et d’autre « pour garçon », le problème est ce que l’on met dans ces livres! Je citais plus haut l’univers Stilton, et je dois avouer que les Téa Sisters sont une belle réussite comme modèles féminins. La couverture est peut-être rose, mais on y trouve des filles fonceuses et intelligentes, qui voyagent, font de l’escalade et de la plongée, et ont envie de changer le monde!

Moi qui aie grandi aux côtés de Yoko Tsuno, Jeanette pointue et même Natasha, je ne peux que me désoler de l’absence de véritables aventurières en littérature jeunesse! Est-ce que la disparition des héros adulte serait à blâmer? C’est certain qu’une héroïne de 12 ans peut difficilement partir seule en Amazonie, mais les livres jeunes adultes ont poussé l’âge des héros jeunesse vers l’adolescence, ne serait-ce pas facile de mettre juste deux ou trois petites années de plus pour donner un peu de liberté aux personnages et offrir aux héros de notre monde moderne d’autres défis que de changer le menu de la cafétéria?

Notez bien que je ne suis pas contre les livres de type « journal d’élève du secondaire », ils ont leur place, et sont même essentiel, je ne fais ici qu’un appel  à la diversité des genres en criant bien fort : « Il y a un trou! ». Ne reste plus qu’à le combler.

Note #2 : 24 heures après avoir écrit ce billet, j’ai pensé à « Ariel et l’école des espions » qui doit bien remplir le mandat! Tout n’est pas perdu! Je vais l’ajouter à ma liste de lecture!

Merveilleux urbain : les Trolls de viaduc

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Illustration: Anouk Lacasse

Dans le cadre de la sortie de mon album L’encyclopédie du merveilleux urbain chez Boomerang en semptembre prochain, je vous présente à chaque mois une race différente de ces peuples mythiques à la sauce moderne. Pour commencer la ronde, voici deux extraits  de la page des trolls de viaduc, ainsi que la double page complète dans toute sa splendeur! Notez que les textes ne sont pas les versions finales, et qu’il y a un risque de coquilles!

 Introduction
Loin de menacer les trolls, la montée du modernisme et de sa pollution leur a plutôt permis de proliférer. Ces êtres pustuleux ont quitté leurs ponts ancestraux pour s’installer sous les viaducs, moins humides et plus nombreux. Ils seraient, selon le dernier recensement, plus d’un milliard à parasiter le système routier mondial.

Le troll de viaduc et l’humain
Si le troll n’attaque que rarement l’humain, il jalouse son confort moderne et dérobe les objets qui jonchent les planchers de voiture en perçant la carlingue de sa longue griffe. Il est courant qu’il découpe ainsi involontairement quelques orteils qui y trainent. Il est donc fortement recommandé aux passagers arrière de tout véhicule de lever les pieds lors de la traversée d’un viaduc.

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Une journée particulièrement agréable…

Petit billet spécial du vendredi après-midi, juste parce qu’aujourd’hui a été un de ces jours où mon métier me traite particulièrement bien!

J’ai passé la matinée à la librairie Monet. Déjà, c’est un grand plaisir, puisque je peux non seulement bouquiner dans la joie, mais aussi parce que je peux y discuter avec des libraires qui aiment la littérature jeunesse (et les BDs!) autant que moi, et s’y connaissent encore plus!

Mais en plus des magnifiques rencontres, le plus grand cadeau de la journée, c’est ceci:

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Les élèves d’une école du quartier, venus pour me rencontrer, avaient tous lu le premier Victor Cordi, soit l’Anomalie maléfique, et m’ont offert une « courte-pointe littéraire », dont chaque hexagone comprend un dessin et une critique d’un des élèves de la classe.

Je l’ai rangé précieusement derrière ma bibliothèque, en me promettant de le ressortir à chaque fois que je me demande si tout ce travail en vaut vraiment la peine!

Victor Cordi, maintenant disponible illégalement!

Cette semaine, j’ai reçu une alerte Google pour Victor Cordi, toute contente, j’ai cliqué sur le lien, et suis arrivée sur ceci :

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Eh oui! C’est un site de piratage! C’est la première fois qu’un de mes livres se trouve sur un de ces sites, qui font hurler de rage plusieurs de mes amis auteurs.

Je dois avouer que ma première réaction fut de la joie : mes livres sont désormais assez importants pour attirer l’attention des pirates! C’est comme d’être parodié, c’est une sorte de compliment!

Bonheur ou non, le piratage est illégal! J’ai donc suivi la procédure officielle lorsqu’un auteur rencontre un tel lien : j’en ai informé mon éditeur. À ma grande surprise, voici la réponse de la firme spécialisée qu’utilise Courte Échelle dans de tels cas :

Ce lien après analyse ne contient que des virus et en aucun cas le livre. Ce sont ce que l’on appelle dans le jargon des « scams » des publicités qui font croire à des fichiers gratuits en utilisant les mots clés d’une recherche.

Il ne s’agit donc pas vraiment d’une version gratuite de mon livre, mais bien d’un virus qui utilise mon livre comme appât! C’est encore mieux! Non seulement  le compliment reste, puisqu’ils considèrent mon livre suffisamment important pour être un appât, mais c’est justement grâce à de tels liens remplis de virus que le piratage ne deviendra jamais un mode de consommation à grande échelle! Les pirates-à-virus empêchent la propagation des pirates-consommateur, en leur rappelant qu’il est risqué de télécharger des fichiers sur des sites louches! Bravo les gars, continuez votre bon travail!

Je dois vous avouer que le piratage de mes livres ne m’empêche aucunement de dormir! Pirater est compliqué, illégal, et risqué, comme le lien de téléchargement de mon Victor! S’il y aura toujours une partie de la population qui le fera, tant que les trois qualificatifs mentionnés dans la phrase précédente seront vrais, le pourcentage de pirates restera faible.

À la recherche de Victor Cordi

À la recherche de Victor cordiÀ la fin du tome 4, Victor est retourné dans son monde avec le cœur astral d’Églantine, terminant ainsi le premier cycle de la série. Mais pendant qu’il passe de longs mois au chevet de sa grand-mère, Lenta-Oh se désespère à Exégor. Les Ghorix ont envahi le continent, et la Kampitoise est convaincue que seul le garçon pourra les sauver elle et les siens.

Le tome 5, à la recherche de Victor Cordi, est le journal d’histoire tenu par Lenta-Oh alors qu’elle sillonne le continent à la recherche d’un moyen de contacter Victor. À travers sa quête, on retrouve donc de courts récits de tous genres, permettant d’étoffer le passé et la culture des différents personnages rencontrés durant le premier cycle. Chaque histoire est suivie d’un encadré informatif offrant des informations supplémentaires sur la vie à Exégor.

Voici le sommaire de ces histoires :

La Chasse au Machicornu : Récit de chasse, dans lequel on apprend comment Kin-Lah-Tok, chef du village de Kerr Haven rencontré dans le premier tome, a perdu l’usage de ses jambes. Suivi d’une explication sur les noms kampitois.

Fables Nordariennes : Toutes en vers, à la manière de Lafontaine, les fables Nordariennes racontent comment K’narr, l’enquêteur en phénomènes étranges, est devenu à l’adolescence le disciple du Vénérable du glacier. Suivi des règles des duels-de-ronds, sport populaire au pied de la falaise du nord.

Les cinq soleils d’Exégor : Conte étiologique classique expliquant comment les Exégoriens imaginent l’origine de leur monde. Suivi d’un premier aperçu de l’origine des Ghorix.

Les premiers pas du Machiavélicon : Extraits du journal personnel du Machiavélicon dans lequel il relate ses débuts au sein de la résistance contre les Ghorix lors de la première invasion… et ses débuts auprès d’Églantine Cordi. Suivi d’une explication sur les différents calendriers Exégoriens.

Facéties Clapontines :  Suite de blagues appréciées des soldats du Grand Machiavélicon, entendues par Lenta-Oh lors de son emprisonnement. Le tout raconté dans la langue colorée de ces mercenaires à carapace. Suivi d’un dictionnaire d’argot Clapontin.

Et finalement, La jeunesse de Yamoz, conte épique relatant comment Yamoz-tue-trois-fois a obtenu ses premiers noms de guerriers, soit Galtum-le-timide, et Platak-le-rusé. Suivi d’une liste des exploits multaks.

 

Et voilà! Il devrait apparaître sur les tablettes de librairies cette semaine! En attendant, vous pouvez l’acheter sur RuedesLibraires.ca!

À la recherche de Victor Cordi… teaser!

 

Il devait sortir au début Avril, mais un changement de distributeur, puis des contretemps chez l’imprimeur, en ont retardé la sortie. Il devait alors sortir le 23 avril… mais il n’apparaît toujours pas sur les librairies en ligne. Une question de jours, probablement.

Alors en attendant sa sortie, voici quelques pages de « À la recherche de Victor Cordi », le cinquième livre de la série… un tome bien différent des autres!

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Dévoilement : L’encyclopédie du merveilleux urbain

Certains d’entre vous le connaissent déjà, mais pour les autres, il n’était que mon « album illustré chez Boomerang ». Il en a mis du temps à arriver, mais cette fois-ci, c’est la bonne, il part en impression dans les prochaines semaines pour une sortie à la mi-septembre. Voici donc le temps de vous en dire plus sur ce projet cher à mon cœur.

D’abord, l’argumentaire court :

Et si les peuples féériques
avaient survécu à la montée de la civilisation?

Il s’agit donc d’une encyclopédie présentant 15 races de ce que l’on appelle parfois le « petit peuple », tel qu’on peut les retrouver aujourd’hui dans la ville. On y retrouve des Gobelins d’égouts, des Fées d’abribus, des Pixies de banlieue et plusieurs autres, présentés dans toute leur modernité avec des habitudes alimentaires, les circonstances de leur adaptation, comment les repérer dans la ville, et autre information tout aussi fictive que fascinante.

Chaque race est présenté dans une double-page magnifiquement illustrée par Anouk Lacasse, qui a réussi l’exploit de leur donner des personnalités graphiques propres en s’occupant à la fois des illustrations et de la mise en page. Je vous invite tous à aller faire un tour du côté de son porte-folio, ainsi qu’à vous abonner à sa page Facebook.

Pour vous donner une meilleure idée du projet, en voici la couverture.

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Mon intention est d’amener les lecteurs à changer leur regard sur la ville. Je veux qu’ils ne puissent plus passer sous un viaduc en voiture sans s’imaginer qu’un troll y soit caché. Je veux qu’une simple promenade dans une ruelle se transforme en une aventure fantastique, durant laquelle ils surveillent les signes de merveilleux autour d’eux : une craque dans le trottoir, un ballon déplacé, un réverbère qui s’allume seul en fin d’après-midi.

À chaque mois d’ici la sortie du livre, je vous présenterai une de ces créatures. Rendez-vous donc à la mi-mai pour rencontrer les Trolls de Viaduc!

Point de saturation et jonglage!

 

Photo de Dani Alvarez prise sur FlickrDans mon billet sur les trois manières de vivre de l’écriture, les deux aspects les plus contrôlables sont la super-productivité et les animations scolaires. Le problème, c’est que le temps n’étant pas une matière élastique, le deuxième peut nuire au premier s’il n’est pas bien dosé.

Jusqu’ici, j’ai toujours accepté toutes les animations scolaires qui m’étaient offertes, mais ce printemps, je suis à quelques animations près d’atteindre le point de saturation, soit celui à partir duquel je n’ai plus suffisamment de temps pour écrire. J’avais déjà entendu des auteurs dire que leur année était remplie, et me demande à chaque fois ce que ça veut dire. Est-ce qu’ils iront dans des écoles 5 jours par semaine durant quelques mois choisis pour se concentrer sur l’écriture après? Est-ce qu’ils n’en font que les lundis?

En l’absence de manière officielle de faire, j’ai inventé mes propres règles!

J’ai donc décidé de me garder 2 jours d’écriture par semaine, histoire d’avancer mes manuscrits de manière régulière. Selon les pédagogiques et autre rendez-vous important, ça me laisse une ou deux journées/semaine pour les animations (ma petite dernière n’a jamais de garderie les lundis, mes semaines n’ont donc que 4 jours de travail), au delà desquels je devrai refuser.

Je n’ai pas encore eu besoins de refuser une animation, mais mon calendrier s’est retrouvé presque plein de la mi-mars à la mi-mai (il reste une place, avis aux intéressés!) À date, la balance entre les deux marche bien. Je ne panique pas pour l’avancement de mon manuscrit, je ne me tanne pas de rencontrer des jeunes dans les écoles, et je réussis à être présente auprès des enfants lorsqu’ils en ont besoins. Fiouf!

C’est de la conciliation travail-travail-famille!

 

La durée de vie d’un livre

Une de mes plus grandes désillusions par rapport au métier d’auteur m’est venue lors de la publication de mon deuxième livre, soit Terra Incognita : Pirates à bâbord!, le deuxième tome de la série. Le premier tome de la série, Les Naufragés de Chélon, avait disparu des tablettes depuis déjà plusieurs mois, et je me faisais une fête de les voir y retourner pour accompagner le deuxième tome.

Comme disent les Anglos : it did not happen!

À ma très grande surprise, et encore plus grand chagrin, les librairies ont pris du tome 2, sans reprendre du premier.

J’ai réalisé que le chemin serait plus long et ardu que prévu!

J’ai pensé par la suite qu’il me suffirait d’avoir un bon succès, et que là, mon livre perdurerait! Pourtant, récemment, j’ai voulu acheter le premier tome des Orphelins Beaudelaires, énorme succès américain des publié de 1999 à 2006. Suffisamment énorme pour qu’il y ait un film et tout.

INTROUVABLE!

Même chose pour les albums du pigeon de Mo Willem, pourtant considérés comme des classiques du préscolaire.

Il fut un temps où on écrivait des livres par désir de pérennité. De nos jours, on est chanceux si nos livres passent plus de quelques mois sur les tablettes des librairies.

Une lueur d’espoir m’apparaît lorsque je vois passer des choses comme ceci :

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Courte Échelle ont ré-édité certains livres de la collection Epizzod, publiés en 2009 en mini-épisodes, dans un nouveau format pour leur donner une seconde vie.

Une deuxième vie, c’est le genre de truc qui m’aide à mieux dormir la nuit. Et puis, ce serait pas mal, les Victor Cordi ré-édités en briques d’un cycle chacun, non? Dans 10 ans, lorsqu’il aura disparu des tablettes, peut-être!