De la chance d’avoir des salons du livres

J’étais en train de perdre mon temps sur une liste de Bored Panda qui montrait les différents signes de protestations triviaux d’un certain Seth Phillips, mieux connu sous le nom de “Dude with sign”, quand soudain une des pancarte en question a attiré mon attention. 

En français: “faites des salons du livre pour adultes.” 

Je commence par l’incompréhension, du genre “qu’est-ce qu’il veut dire par là?”… pour réaliser la triste vérité: certaines personnes ne connaissent aucun salon du livre autre que ceux organisés dans les écoles primaires (souvent par Scholastic)! 

Et ils sont nombreux! Dans les commentaires sous l’image, on retrouve plusieurs  “Oui, on en veut” des “Ça existe, ça s’appelle des magasins!” et même un “Bonne idée, mais ça ne marchera jamais” (traduction libre).  

Évidemment, quelques personnes, comme moi, sont consternés et demandent plutôt: “Vous n’avez pas de salons du livre aux États-Unis”? 

Parce que, avouons-le, c’est la seule raison possible pour l’existence d’une telle pancarte et de telles réactions: certains coins des États-Unis n’ont pas de salons du livre. Du tout! 

Juste au Québec, qui a une population inférieure à celle du New Jersey, on compte 9 salons importants, auxquels s’ajoutent une dizaine, sinon plus, de petits salons locaux!

Alors, soudain, je réalise notre chance! Notre chance de vivre dans une société pour laquelle les livres sont importants, avec un système de subvention qui permet leur organisation, et surtout, une population tout à fait enthousiaste devant l’idée d’y assister. 

Alors que mon calendrier commence à se remplir de Salons du livre, je me dis que je devrais en profiter encore plus cette année! Non seulement parce que j’en ai peu fait depuis deux ans (voyage et pandémie oblige), mais aussi parce que  je devrais les prendre un peu moins pour acquis.

Le format de Paul Thibault!

Privilège de l’autrice, j’ai déjà reçu mes copies papier de La légende de Paul Thibault, même s’il ne sera en librairie qu’à la fin septembre!

Qu’il est beau!!!

De manière surprenante, il est aussi petit… ou grand, c’est selon! Plus grand qu’ un roman, plus petit qu’un album! C’est un format hybride que les 400 coups déjà ont utilisé pour d’autres livres-ovnis, comme les Fables extravagantes de Conrad le corbeau (Pierrette Dubé, Audray Malo) et Branchez-vous et autres poèmes biscornus (François Gravel, Laurent Pinabel). Les deux sont d’ailleurs fantastiques, gâtez-vous, le 12 août s’en vient!

Voici donc Paul dans toute sa splendeur, avec ma face comme référence de taille!

Pas certaine que la perspective rend bien ce que j’essaie d’expliquer, voici donc plutôt les chiffres : 16,5cm x 23cm, soit à peine plus qu’un Agent Jean (pour nomme quelque chose que la plupart de mes lecteurs ont sous la main!).

C’est intéressant comme format, quand on y pense! Clairement pas fait pour l’heure du conte avec les touts petits, mais parfait pour…

  • La lecture du soir avec des non-lecteurs un peu plus vieux ou des lecteurs débutants
  • La lecture autonome de lecteurs intermédiaires à qui les romans font peur
  • La lecture autonome de grands lecteurs en quête de quelque chose de plus léger !

Même moi, je l’ai lu à mes trois enfants, malgré leurs 9, 12 et 15 ans! Je vous laisse sur cette double page intérieure, magistralement illustrée par Sans cravate, et vous promets de vous en montrer plus d’ici la sortie!

P.S. J’en profite pour mentionner que j’ai un nouveau téléphone qui me permet de prendre de meilleures photos qu’avant… mais que j’ai encore beaucoup de croûtes à manger pour atteindre le niveau des instagrammeuses!!

Coup de blues sur demi-tablette

En montant les bibliothèques dans notre nouvelle maison, j’ai eu envie d’une tablette juste à moi, ou plus précisément, juste pour les livres que j’ai écrits. « La tablette de la vanité » que j’ai annoncé à mon mari qui se demandait ce que je faisais. J’ai récupéré un exemplaire de chacun de mes livres dans mes caisses, je les ai alignés un à côté de l’autre, j’ai contemplé mon œuvre…

… et j’ai déprimé.

15 ans de travail, pour une demi-tablette de livres. Tant d’heures d’écriture, de discipline, d’attente, d’espoirs pour remplir trente centimètres d’une bibliothèque. Un lecteur motivé peut sans doute passer à travers mon œuvre entière en moins d’un mois!

Je sais bien que c’est déjà pas mal, et lorsque je lis la liste sur mon CV, je trouve qu’il y en a beaucoup, je ne suis pas si pessimiste, mais je ne sais pas pourquoi, cette journée-là, dans cette bibliothèque-là, ça m’a semblé peu. On me dit « prolifique », mais il y a des auteurs jeunesse qui sortent 8, 10, 12 livres par année! Dans mon métier, se comparer est une très mauvaise idée en général.

La tablette de la vanité est donc devenue la tablette de l’humilité, celle qui me rappelle que je suis bien peu de choses, mais surtout, que j’ai encore du pain sur la planche.

C’est donc ma nouvelle ambition de carrière : remplir cette foutue tablette jusqu’au bout!

Déjà, j’ai reçu mes exemplaires de Paul Thibaut, ça en fera tout de même bien un de plus (et je vous le montre lundi prochain!).

Mes collaborations avec les éditions Passe-Temps

Dans la pige de ces dernières années, j’ai rédigé des textes de toutes sortes pour les Éditions Passe-Temps, une compagnie québécoise qui produit du matériel pédagogique ludique sous forme (entre autre) de jeux de société. En l’honneur de la parution du deuxième jeu sur lequel j’ai travaillé avec eux, je vous les présente tous les deux!

 

La mosaïque textuelle
Pour ce jeu d’aide à la compréhension de la structure d’un texte, j’en ai écrit trente différents sur le thème suivant : les souvenirs d’une grande mère ayant jadis enquêté sur des phénomènes étranges. On y trouve des recettes de cuisine, des pages de journal intime, des articles de journaux et bien plus encore. Les textes étaient de longueur variée et devaient être coupés en trois, quatre ou cinq parties selon le niveau scolaire. Le but du jeu, vous l’aurez deviné, est de remettre en ordre ces différents morceaux.

Petite anecdote : comme écrire autant de textes sur un même thème n’est pas chose aisée, j’avais créé une boîte à suggestions dans laquelle mes enfants pouvaient glisser des bouts d’idées. Ils recevaient une récompense pour chaque suggestion qui m’inspirait un texte!

Expert en titre
Un jeu pour lequel, sans le savoir, j’ai travaillé avec Valérie Fontaine! J’ai écrit la moitié des textes (soit les récits, les bandes dessinées, les itinéraires, les articles encyclopédiques et les articles de journaux) et Valérie l’autre moitié! Encore ici, il fallait écrire des textes de différentes longueurs pour correspondre aux différents niveaux des élèves, mais cette fois-ci, l’objectif est de trouver le bon titre à travers un choix de cartes numérotées. L’exercice permet de pratiquer la compréhension de texte, mais aussi d’en sortir l’idée principale, et de savoir reconnaître les différences de ton selon le type d’écrit. Vous vous en doutez, j’ai particulièrement aimé faire les bandes dessinées!

Il reste une troisième collaboration pour laquelle le jeu n’est pas encore sorti. Je vous en parle dès que j’en reçois un exemplaire, promis!

 

 

Écrire en abandonnant le contrôle

Je dis souvent à la blague que je suis autrice parce que je n’aime pas travailler en équipe. La vérité derrière, c’est que bien que je ne sois pas du tout du genre « contrôle freak » dans ma vie personnelle, je le suis lorsqu’il s’agit de bâtir une histoire. Je sais où elle s’en va, je sais quelle est la meilleure suite, la meilleure fin, et personne ne pourra me faire dévier de ma route.

Cet été, avec le projet du Grand jeu des jeux du Club de lecture TD des bibliothèques de Montréal, c’est tout l’inverse qui se passe! Chaque semaine, j’écris deux suites à l’histoire, et ce sont les lecteurs qui décident laquelle sera utilisée.

Perte de contrôle complète!

Déjà, c’est bizarre d’écrire deux suites différentes. Surtout que j’essaie de les faire diverger le plus possible afin que le choix des lecteurs ait une véritable influence.

Ensuite, j’ai quand même un peu de peine pour ces morceaux d’histoires que personne ne verra jamais! C’est comme ça, je m’attache! Adieu épreuve du volcan-ballon-panier, personne (sauf moi et la bibliothécaire de la bibliothèque de Lachine) ne saura jamais ce qui s’est passé en ton sol!

Entendons-nous, je ne me plains pas, au contraire! Tout ce qui me sort de ma zone de confort me fait avancer. Ça fera peut-être de moi une autrice plus souple, plus agile avec mes fils narratifs!

Chose certaine, à la fin de l’été, j’aurai bien hâte à la causerie virtuelle prévue avec les membres des clubs de lecture afin de rencontrer mes co-auteurs!!!

DÉVOILEMENT : La légende de Paul Thibault

Voilà donc ce que mon obsession pour les coureurs des bois a donné : La légende de Paul Thibault, un album comprenant trois histoires différentes, chacune écrite en rimes, avec les syllabes comptées de manières non classiques, mais assez rigoureusement pour créer un rythme lors de la lecture.

Fidèle à mes habitudes, les récits ne sont ni historiques, ni même ancré dans la réalité! Je vous invite plutôt dans une forêt boréale un peu magique, dans laquelle mon coureur des bois végétarien se bat contre des épinettes à tentacules et de golems de feuilles mortes.

En voici la couverture pour le moment magistralement illustrée par Sans Cravate (qui a finalement mis son porte-folio à jour!) . Je vous dévoilerai des extraits, les inspirations et quelques pages intérieures au courant de l’été. Sortie : 21 septembre.

Conseils aux jeunes illustrateurs

Dans les dernières semaines, j’ai fait de la recherche d’illustrateurs pour un projet. Et comme je cherchais dans un style très spécifique, plutôt que de me promener sur Illustration Québec comme je le fais souvent, je me suis promenée sur des regroupements d’amateurs sur Facebook. C’est fabuleux ce que l’on peut y trouver comme passion et comme talent, et on se met à vouloir qu’ils réussissent tous un jour à percer. Voici donc mes deux petits conseils bien modestes (du haut de mon expérience de pas-illustratrice-pantoute) pour les aider à passer d’amateurs à professionnels.

Ayez un porte-folio et gardez-le à jour!
Un illustrateur sans porte-folio, c’est comme un homme d’affaires sans Curriculum Vitae! Et je ne parle pas d’un compte Instagram sur lequel s’affichent, en vrac, l’intégralité de vos sketches, ceux de vos amis, ceux de professionnels que vous aimez, et vos photos de vacances! Je parle d’une page qui ne présente que vos meilleurs dessins, avec un court paragraphe indiquant dans quel pays vous habitez, comment vous joindre, et les langues dans lesquelles vous êtes confortables. Mettez un lien vers ce porte-folio dans le « à propos » de TOUS vos médias sociaux. Si quelqu’un comme moi tombe sur un de vos dessins par hasard, il doit pouvoir le trouver facilement pour l’envoyer au reste de l’équipe et les convaincre de vous engager.

Lâcher le « burn tool »!
Je me souviendrai toujours de ma première rencontre avec l’outil d’obscurcissement automatique de Photoshop. C’était magique : ça me donnait l’impression, à moi qui ne dessine pas très bien, de pouvoir faire des ombres qui se respectent! Mais voilà, ce n’est qu’une impression. Les ombres faites à l’outil automatique se sentent à des kilomètres à la ronde. Elles rendent les effets de lumière ternes, désaturés, et non naturels.  Le pire, c’est que cette erreur n’est pas l’apanage des amateurs. On voit parfois des ombrages au « burn tool » sur des couvertures de livres professionnels, et ça porte ombrage (jeu de mots!) tant au livre qu’à la maison d’édition.

Continuez!
C’est mon dernier conseil: continuez, parce le dessin est quelque chose qui s’acquiert avec la pratique, que j’ai vu votre évolution, et que vous ne savez jamais quand une personne ayant besoin d’un illustrateur pour un projet (comme moi!) tombera amoureuse de votre style, au hasard d’une publication sur les médias sociaux!

Une histoire inédite qui durera tout l’été! 

Il faut l’avouer, mes projets d’été se suivent et ne se ressemblent pas! Après plusieurs années d’heure du conte et la chasse-au-trésor de l’année dernière, je fais cette fois-ci une histoire à embranchements!

Le projet est piloté par la bibliothèque de Lachine dans le cadre du Club de lecture TD 2021. Ils m’ont envoyé une douzaine de personnages illustrés par Dave Whamond et m’ont demandé de les mettre en scène sous le thème du jeu. Chaque semaine, une partie du récit se terminant par une question est dévoilée. La suite de l’histoire dépendra chaque fois de la réponse choisie par la majorité des participants! 

Pas une histoire dont tu es le héros, mais plutôt une dont tu choisis la suite! Le premier vote portera sur ces deux personnages:

Il est possible de voter sans faire partie du club, alors gâtez-vous! C’est par ici, et ça dure tout l’été: Le grand jeu des jeux.

 

Une année intense d’animations scolaires

Cette semaine, je rencontre mes dernières classes. Trois journées, dans une école de mon quartier, histoire de terminer sur une touche facile! Pour tout vous dire, j’avais des classes de prévues pour la semaine prochaine, mais j’ai appris il y a quelques jours que ces rencontres étaient annulées. Ce n’est pas plus mal, j’aime l’idée d’avoir une semaine d’écriture, une vraie, avant que mes enfants n’envahissent la maison pour l’été.

Parce que de vraies semaines d’écritures, je n’en ai pas eu beaucoup cette année!

D’habitude, mes animations se concentrent sur la fin de l’hiver et le début du printemps, et relâchent progressivement à l’approche de l’été. Un calendrier plein pour les mois de mai et de juin, je n’avais jamais vécu ça!

Est-ce un drôle d’effet COVID? Un mélange du fait que plusieurs de mes collègues ont décidé de ne pas offrir leur service cette année, et que les écoles ne peuvent pas faire de sorties spéciales et se rabattent sur les rencontres d’auteurs? Aucune idée! Chose certaine, j’en ai bien profitéavec entre deux et trois journées d’animations chaque semaine depuis le mois de février.

Moi masqué, devant des enfants qui le sont également. Plus d’une fois, l’étrangeté de la scène m’a frappée. Pas assez pour m’arrêter dans mon élan, mais suffisamment pour me faire penser : « mais quelle drôle d’année on vit ». Je dois avouer avoir hâte de vivre ces moments de complicités avec le visage entier plutôt qu’avec les yeux seuls.

Vivement l’année prochaine donc! Les rencontres seront peut-être moins nombreuses sans l’effet COVID mentionné plus haut, mais le retour à la normale fera du bien! J’en profite pour souhaiter un super été à tous les élèves et à leurs enseignants… qui auront doublement bien mérité leur pause cette année!!!!