Archives de catégorie : Victor Cordi

La guerre, c’est pas une raison pour se faire mal!

image de Lucubrate sur openclipart.orgEn entrant les corrections de direction littéraire de mon T.6 de Victor Cordi, j’ai réalisé que je m’étais aventuré sur un terrain glissant avec le deuxième cycle des aventures de mon héros. Si le premier cycle tournait autour de la grand-mère de Victor, le deuxième, lui traite d’une invasion territoriale. Victor revient à Exégor après quelques mois d’absence (2 ans et demi à Exégor), et se retrouve en territoire occupé.

Vous pouvez imaginer la suite : résistance, maquis, rébellion, bref, c’est la guerre, et Victor y participe. Le problème vient justement de cette participation. À quel point est-ce qu’un héros de 13 ans dans un roman pour les 9+ peut-il se battre? À partir de combien d’ennemis « assommés » est-ce que le combat cesse d’être crédible?

Devrais-je lui rougir les mains? Surtout en sachant que mon plan à long terme contient une humanisation de l’ennemi? Est-ce que le hors champ et le non-dit suffiront à rendre cette guerre crédible et dangereuse sans trahir les idéaux que j’ai pour mes héros?

Bref, je funambulise! Je pense m’en être bien tirée pour cette deuxième version de tome 6, mais le cycle en comptera 4… est-ce que je réussirai à maintenir le cap pour autant de pages?

Des bons livres de guerre pour les 9-11 à me conseiller?

À quoi ça ressemble, de la direction littéraire?

Ces temps-ci, je suis dans la direction littéraire de Victor Cordi Tome 6. La direction littéraire vient toujours en deux morceaux : d’abord un rapport général de lecture qui donne une appréciation des forces, et une liste des faiblesses narratives à corriger, puis des commentaires à même le texte.

Cette fois-ci, le rapport général commençait comme ceci :

C’est un super tome qui entame bien le nouveau cycle ! Ta structure est excellente et le récit recèle de personnages et de détails originaux (…) Ainsi, le travail de réécriture sera essentiellement du peaufinage…

On aurait donc pu s’attendre à une direction littéraire légère pour la suite, non? Ce serait là bien mal connaître Courte Échelle! Ils ne laissent pas la moindre petite imperfection passer! Voici donc à quoi ressemble mon manuscrit en ce moment :

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Les petites boîtes bleues du côté gauche? Des commentaires de choses à changer. Honnêtement, on trouve rarement plus d’une phrase de suite épargnée! Ça dit quoi plus exactement? Je vous laisse regarder le tout de plus près, voici ceux d’une demi-page environ :

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Vous avez lu le dernier? Eh oui, il y a aussi, dans cette mare de demandes de changements, quelques commentaires positifs!

Reste tout de même qu’après trois jours de travail, je n’en suis même pas au tiers! Mais au fur et à mesure que j’avance, j’ai l’impression que mon manuscrit s’améliore. À chaque fois, la direction littéraire me pousse jusqu’au bout de mes capacités, et m’aide à produire un manuscrit dont je suis véritablement fière. Je ne m’en passerais plus.

Profitez-en pour lire ou relire également le billet : La direction littéraire en 12 émotions

 

 

Couverture du 5e Victor Cordi

Le printemps arrive! La preuve, Sophielit a sorti sa liste des livres les plus attendus pour cette saison. Et parmi eux… Un nouveau Victor Cordi! Pour l’occasion, je vous dévoile la couverture de ce tome 5. Vous remarquerez qu’elle est à la fois similaire et très différente des autres! C’est Lenta-Oh qui pose en vedette de ce hors série qui fait le pont entre le premier et le second cycle. Moins de Victor, plus d’Exégor alors que remplirai certains trous laissés sans réponse des quatre premiers livre, tout en installant la nouvelle aventure épique qui attend Victor pour les quatre prochains!

Je vous en parle un peu plus lors de sa sortie, soit à la mi-mars, mais en attendant, délectez-vous de la couverture!

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Palmarès et bibliodiversité

1004965_10151864084075684_296274619_nÉnorme surprise hier : la librairie Monet a sorti son palmarès annuel de meilleurs vendeurs jeunesse, et le premier tome de ma série Victor Cordi, soit l’Anomalie maléfique, a l’honneur d’en occuper la première place. J’en suis, évidemment, folle de joie… mais également stupéfaite!

Le fait est que Victor n’a jamais fait aucun, je dis bien aucun des deux gros palmarès, soit ceux d’Archambault et de Renaud-Bray. Pas même une petite apparition en 20e place le temps d’une minuscule semaine. Du côté de Renaud-Bray, ce n’est d’ailleurs pas près d’arriver, puisque ce titre est absent de la moitié des succursales, et ce, depuis déjà de nombreux mois.

Comment donc un titre peut-il être meilleur vendeur de l’année dans une librairie, et « Missing in action » dans l’autre? Parce que les libraires choisissent les titres qu’ils commandent, recommandent, mettent de l’avant ou abandonnent.  Ces choix sont critiques sur les chiffres de vente d’un titre et diffèrent énormément d’une librairie à l’autre. La présence de Victor Cordi en tête du palmarès de la librairie Monet est un peu une preuve de la fameuse « bibliodiversité » dont parle souvent les défenseurs du prix unique du livre.

Deux autres différences qui m’ont frappée entre le palmarès annuel de Monet et ceux hebdomadaires des deux grosses chaines québécoises:

  • Absence de YA chez Monet
  • Léa Olivier, Hunger Games, C’est la faute à Carey Price, Divergence et autres titres considérés « jeunes adultes » dominent les palmarès des gros joueurs à un point tel que les livres pour les moins de 12 ans n’y apparaissent qu’en proportions sous les 20%. Ces titres étant totalement absents de celui de Monet, je ne peux conclure qu’une chose : ils ont leur catégorie bien à eux et n’ont pas été compilés sous « jeunesse ». J’aime bien cette exclusion, ça laisse de la place aux titres pour les élèves du primaire.
  • La provenance des livres 
  • En proportion, on trouve habituellement environ 50% de livre étranger vs livres québécois dans les palmarès des gros joueurs. Pour Monet, un seul titre non québécois* (le journal d’un dégonflé : carrément claustro) apparaît dans le « top 10 ». Impressionnant, non?

 

*Note : Pour Frisson l’écureuil chez Scholastic, il est écrit par une Montréalaise (Mélanie Watt), et je me fais donc un plaisir de le considérer comme Québécois!

 

 

Le moment où tout devient possible

Un ami m’avait dit, il y a deux-trois ans, qu’une série commençait à connaître son succès autour du cinquième livre. Lors de la publication des deux premiers Victor Cordi, j’ai donc su que je devrais prendre mon mal en patience.

La première année s’est écoulée avec son lot de petites victoires : critiques, prix, réimpression, visibilité médias et j’en passe. À chaque fois, beaucoup de joie… mais tout de même un doute. Un doute sur un aspect que ni moi ni mon éditeur ne contrôlons complètement : « est-ce que les librairies vont suivre? »  Parce qu’aussi bonnes que soient les critiques et la visibilité d’un livre, s’il n’est pas disponible en librairie, il ne vendra pas plus que quelques centaines de copies. C’est aussi simple que ça.

Et des Victor Tome 1, depuis le début de l’été, il y en avait de moins en moins. Sur les sites de Renaud-Bray et d’Archambault, seuls des 1 et des 0 accompagnaient les descriptifs de disponibilité en librairie. Et le doute dans mon esprit de grandir.

Et puis, au retour du Salon du livre de Montréal, le miracle s’est produit!

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Des « 5+ » et des « 6+ » se sont mis à remplacer les zéros. Pas partout, évidemment! Mais tout de même en nombre suffisant pour qu’enfin, l’angoisse s’estompe. Victor a franchi la première épreuve, celle des re-commandes!

Et pour la première fois depuis toute cette aventure, j’ai eu véritablement envie de sabrer le champagne! Est-ce que Victor Cordi sera un grand succès? Je l’ignore encore, mais une chose est certaine, il a désormais toutes les chances de son côté.

Ce que vous trouverez dans Victor Cordi T4 : Le cœur astral!

Ça y est! Le dernier livre du premier cycle de Victor Cordi sort cette semaine! Les lecteurs peuvent désormais livre tout un cycle d’un seul coup, sans devoir attendre la prochaine parution! Je vous offre en exclusivité quelques-unes des magnifiques images de Mathieu Benoit, accompagnées d’indices de ce que vous trouverez dans ce quatrième volume! Après les avoir regardés, courrez l’acheter chez le libraire, ou cliquez l’acheter sur ruedeslibraires!

 

De vieilles connaissances

Illustration Mathieu Benoit

Pour la clôture de cette première aventure, Victor retrouve quelques-uns des personnages marquants des trois autres tomes. Ainsi, K’narr le Nordarien et Yamoz-tue-trois-fois, que nous n’avons pas vus depuis deux livres, se joignent à lui pour descendre au cœur de l’abîme. Lenta-Oh, la Kampitoise, est évidemment de la partie elle aussi!

 

De nouvelles créatures étranges

Illustration Mathieu Benoit

Lors d’une descente en rappel sur une falaise, Victor et ses amis sont attaqués par des paltraphites, sortes de reptiles mangeurs de pierre qui peuvent sortir et entrer dans la paroi de roche. Le venin de leurs griffes réserve toute une surprise à Victor et à ses amis!

 

Le meilleur chapitre que j’ai jamais écrit!

Illustration Mathieu Benoit

Ce que vous voyez sur l’image est le mur du consensus. J’avais l’idée de ce piège depuis le tout début! En fait, on le retrouve même, bien que sous une forme un peu différente, dans le document préliminaire que j’ai envoyé à la Courte Échelle en 2011 pour les convaincre de publier Victor.

Le chapitre s’est écrit tout seul! D’une traite, et n’a pratiquement pas été modifié en cours de route. Un petit chapitre miracle, parfait au premier jet! C’est le chapitre 22, pensez à moi lorsque vous le lirez!

Quand une critique en rachète une autre!

Lureluautomne2013J’avais un autre billet de voyage de prévu, mais je ne pouvais attendre de vous parler de la critique du troisième Tome de Victor Cordi dans Lurelu! C’est la première qui sort pour ce tome, et c’est possiblement ma meilleure à vie!

Outre les « aventure trépidante », « personnages dotés d’une personnalité véritablement intéressante », « livre fortement recommandé » et autre, il y a un point tout particulier qui m’a fait plaisir! Deux critiques du tome deux avaient relevé un même défaut : ils n’aimaient pas le Grand Machiavélicon, l’une le trouvant manichéen, et l’autre unidimensionnel.  Évidemment, à la lecture de ces critiques, le tome trois était déjà écrit, et je trépignais d’impatience qu’il sorte, puisque la personnalité du méchant en question avait été dosée exprès pour permettre la révélation de sa profondeur au troisième tome (intitulé, après tout, « le secret du Machiavélicon »)!

Pari réussit, car voici ce qu’en dit Lurelu :

« D’ailleurs, il est rare, en littérature jeunesse, qu’un antagoniste ne soit pas fait seulement de carton-pâte : le Grand Machiavélicon représente un méchant dont la personnalité dépasse la vision manichéenne du bien contre le mal. On souligne donc la prise de risque de l’auteure, et on s’attache au personnage même s’il est l’ennemi du héros. »

Je me sens complètement justifiée et comprise, n’est-ce pas un sentiment merveilleux!

Bref, cette critique me donne des ailes… juste comme je dois m’attaquer aux corrections du tome 6! Ça tombe bien! À nous deux, manuscrit!

De ma haine de la cartographie

 

illustration de gnokii sur openclipart.orgDurant l’écriture du Tome 5 de Victor Cordi, je me réjouissais du fait que mon monde prenait forme de manière de plus en plus concrète. Je vous partageais même, en exclusivité, une première esquisse de la carte d’Exégor. Pourtant, mon manuscrit est parti il y a trois semaines, et la carte n’y était pas.

Pourquoi?

Parce qu’elle me limitait trop!

À chaque livre, j’invente de nouveaux lieux, village, climats et environnements. Dessiner une carte et la déclarer « complète » m’aurait obligée à tout inventer tout de suite, sans me laisser de marge de manœuvre pour les (nombreux!) tomes qui restent! Et si, j’ai besoins d’une nouvelle chaîne de montagnes? D’un fleuve de boue? D’un marais improbable? Que ferais-je?

Une carte clôture le monde, elle avertit de ce que l’on trouvera une fois passé l’horizon. Lorsque le monde est dessiné, l’auteur est menotté, l’inconnu s’éloigne!

Cette haine des cartes ne date pas d’hier! Je parle souvent, dans les écoles où je suis invitée, de ma grande déception devant la mappemonde de la terre lorsque j’étais à l’école. Cet énorme papier épinglé m’annonçait qu’il n’y aurait plus de surprise possible; que je ne serais jamais Vacso de Gama.

Bref, je garde mon horrible schéma de carte pour moi-même! Tant qu’elle n’est pas publiée, elle peut changer selon mes besoins. Ainsi, je peux m’assurer d’une certaine conformité dans les déplacements de mes personnages, sans pour autant me priver d’ajouts et d’inventions diverses.

Le meilleur des deux mondes.

Plaisirs et risques du format journal intime

Illustration de Machovka sur openclipart.orgUne des nouvelles formes avec lesquelles j’ai expérimenté lors de la rédaction du cinquième Victor est le journal intime. C’était la première fois que j’écrivais au « je », si on exclut mon propre journal d’ado tourmentée tenu durant mon secondaire deux. J’ai adoré… mais suis tombée dans le piège aussi.

Le plaisir :

Je n’ai jamais été aussi en symbiose avec un personnage. Sa voix parlait directement dans ma tête, je vivais ses émotions, J’ÉTAIS mon personnage. Ça doit être un peu la sensation des acteurs habités par leur rôle : se sortir de soi l’instant d’une scène. Très intense. Je réécrirai certainement au « je » une autre fois.

 

La difficulté :

Comme le journal est non seulement une forme écrite par le personnage, mais écrite au passé (contrairement à un roman écrit à la première personne, mais au temps présent), j’ai trouvé plus difficile de faire naître un suspense, ou encore de surprendre le lecteur. Comme si la forme demandait que la première ligne d’une entrée indique aussitôt l’état d’esprit du rédacteur du journal. On sait tout de suite si le « outcome » des événements racontés sera positif ou négatif et, à moins de coup de théâtre, on sait également qu’il n’est pas mort. Comme j’ai déjà expliqué dans un autre billet, l’absence de possibilité de mort nuit grandement au suspense.

 

Le piège :

J’ai eu tant de plaisir avec mon personnage-narrateur, que j’en ai oublié tous les autres. Le verdict du premier lecteur a été rude (mais juste) : personnages secondaires unidimensionnels. Je suis habituée à sauter d’un point de vue à l’autre et d’ainsi donner vie à tout le monde en dévoilant leurs pensées et leurs manières de voir le monde, mais en restant collé à l’esprit de l’un d’eux, j’ai négligé la personnalité des autres. Même en corrigeant le tout, j’ai trouvé difficile de leur donner de la profondeur tout en gardant le filtre du point de vue du narrateur. Par exemple, si le narrateur détestait un personnage, les phrases qui me venaient en tête sur son compte étaient toutes négatives, sans exceptions. Difficile ensuite de lui donner un peu de ton de gris. Espérons que j’ai tout de même réussi à corriger le tir… la direction littéraire nous le dira!