Autrice, pas journaliste!

jpointu1982_2291Dans mes nombreux désirs de choix de carrière (je vous parlais récemment de celui d’être créatrice de manèges!), il y a longtemps eu le journalisme. Découvert au cégep, alors que je fréquentais la gang du journal étudiant Le MotDit, et qu’ils ont fini par me convaincre de prendre la plume, j’ai continué à l’université de Sherbrooke au journal Le Collectif, duquel j’ai fait partie une année durant.

Lors de mon entrée en communications, j’ai hésité: journalisme ou multimédia? « Je prendrai la première lettre d’acceptation qui rentre », m’étais-je dit. Les deux lettres sont arrivées dans la même enveloppe. Un spectacle vu à La Ronde a fait pencher la balance vers l’interactif, et je n’ai plus fait de journalisme, si ce n’est 2-3 chroniques pour le site Babble.com.

Il y a deux semaines, le magazine Lurelu m’ont demandé si je pouvais leur écrire un article sur un sujet en particulier. J’ai sauté sur l’occasion, y voyant une bienvenue nouvelle avenue de pige. J’ai pensé que mon amour des mots et mes anciennes armes de journaliste étudiant suffiraient.

Quelle erreur!

Le sujet était poussé, et nécessitait beaucoup de recherche… et pas de celles qu’on peut faire tranquillement dans les livres. Le journalisme d’enquête ne m’est pas naturel! J’ai toujours préféré faire ma recherche à la bibliothèque des cigales, à la manière de Daudet. C’est pas pour rien que j’écris principalement du fantastique!

Bref, après quelques courriels qui m’ont demandé un effort colossal, et qui ne couvraient pas la moitié du travail nécessaire pour rendre un article décent, je me suis avouée vaincue. Je me suis désistée, en envoyant tout de même le résultat de mes efforts à l’éditeur du magazine, histoire de me faire pardonner de lui avoir fait perdre du temps en me pensant capable de m’improviser journaliste.

La vérité, c’est que je n’aime du journalisme que la chronique et la critique, un peu comme je fais dans ce blogue!

Le tout n’a fait qu’augmenter mon respect pour tout ceux qui pratiquent cette profession! Chapeau à tous! Je lirai l’article de mon remplaçant dans Lurelu avec le plus grand plaisir!

9 réflexions sur « Autrice, pas journaliste! »

  1. Dommage pour toi d’avoir dû te désister (c’est toujours gênant), mais je comprends. (Pour ma part, j’aime tellement la recherche que des fois je dois m’arrêter. Des fois je me dis que j’ai manqué ma vocation… mais en même temps, j’adore inventer à partir de ce que je trouve!)

    Commentaire sans rapport… pourquoi « autrice »? Au Québec, on dit « auteure » depuis 30 ans… Je pose la question en toute bonne foi : je ne comprends pas pourquoi on adopterait le terme utilisé (enfin!) par les Français (maintenant qu’ils ont découvert la féminisation des titres) alors qu’on a le nôtre depuis belle lurette. (Ça fait « à-plat-ventrisme post-colonial et ça m’agace). Je sais que certains n’aiment pas qu’on puisse confondre auteur et auteure à l’oral, mais on met un ou une devant… Ton opinion sur la question?

    1. @Gen: C’est drôle, après avoir écrit mon titre presque sur un coup de tête, je me suis dit que je devrais peut-être faire mon prochain billet sur la raison du choix de mot « Autrice » dans mon billet! Ton commentaire me confirme que c’est une bonne idée d’en parler un peu plus! Je dois avouer que j’ignorais que la forme Auteure (ma forme préférée depuis plusieurs années) était spécifiquement québécoise! Mais ma bataille n’en est pas une de territoire, mais bien une lexicale et historique! Le terme aurait été longtemps utilisé (puisque c’est le bon selon ses racines lexicales), puis aurait disparu sous prétexte qu’une femme ne peut exercer ce métier noble. J’en reparle plus longuement (et avec sources si je les retrouvent) lundi prochain!

  2. Tout est une question d’usage et d’organisme de réglementation de la langue. Il est faux de dire qu’autrice «aurait disparu sous prétexte qu’une femme ne peut exercer ce métier noble». Au Québec, il a d’abord disparu parce qu’il ne s’est pas imposé dans l’usage et parce que l’OQLF a recommandé l’utilisation d’auteure plutôt qu’autrice pour le féminin d’auteur. Autrice est d’ailleurs recommandée uniquement en Suisse; partout ailleurs c’est auteur.

    Le fait qu’on ait longtemps recommandé une auteur (pas de forme féminine) peut avoir des origines sexistes, mais l’utilisateur de auteure au dépens de autrice, non. C’est l’usage. Mais ça se change si vous voulez!

    1. @Vincent: On va mettre @Gen la-dessus, après tout, c’est elle l’historienne! Et, comme je lui ai déjà répondu, je reviens plus en détail la-dessus la semaine prochaine!

  3. Annie, je suis d’accord avec Vincent là-dessus. Surtout qu’à l’époque où autrice était supposément « en usage », la langue était moins réglementée et plusieurs formes coexistaient (dont auteure).

    On nous sort souvent que les formes féminines des termes ont été abandonnée par pure mysogynie, mais en fait, c’est faux : lorsque l’excuse de « les femmes ne font pas ce noble métier de toute façon » a été utilisée, elle servait juste de prétexte pour consolider un usage déjà en vigueur, qui était d’abandonner les formes féminines de certains termes.

    Lorsque le Québec les a remis en vigueur (bien avant le reste de la francophonie), il a opté pour les formes simples, parce que s’il y a une constante dans l’histoire de la langue, c’est que la paresse règne et que les formes les plus faciles à prononcer et à écrire gagnent toujours.

    D’ailleurs, c’est aussi pour ça que lorsque le genre neutre (qui existait en latin) a été abandonné, c’est le masculin qui s’est mis à servir de neutre : il comptait moins de lettres, moins de finales complexes (pas de ae notamment, ni, plus tard, de ées) et donc il était plus facile à maîtriser.

    Bref, ce que je trouve, c’est qu’à adopter autrice, on reprend, pour de mauvaises raisons, un terme qui avait été abandonné par l’usage (bien avant d’être largué par des machos) et on raye d’un trait 30 ans de féminisation des titres à la sauce québécoise. Tout ça sous prétexte que « oui, mais à l’origine, c’était ça le mot ».

    Si on veut jouer à ce jeu-là, à l’origine, le mot c’était « auctor ». (Qui veut dire « celui qui argumente »… ok, là je me tais! hihihihi!)

  4. @Gen: Et si, lorsque la forme « Auteure » est arrivée au Québec, ce ne serait pas par paresse autant que par désir de ne pas déranger, puisque c’est un terme qui est invisible à l’oral (ou inaudible, si tu préfère)? Ne serais-ce pas une noble quête que de tenter de remettre le terme original dans l’usage, surtout considérante que, comme le dit @vincent, c’est l’usage qui définit les normes? Chose certaine, c’est une croisade qui me tente bien!

  5. @Annie : En effet, selon mon souvenir, le Québec avait utilisé les formes les plus « discrète » pour utiliser la paresse naturelle ET pour éviter les levées de bouclier. Résultat : il n’y a pas eu de levée de bouclier. Les gens de mon âge ont appris les formes féminisées à l’école (je ne me souviens pas d’avoir appris autre chose), elles sont entrées dans l’usage et personne ne les remet en question. On dit auteure, docteure, policière, mairesse, chirurgienne et si le titre est dur à féminiser (comme médecin), on utilise un déterminant féminin devant (une médecin ou ma médecin).

    Pendant ce temps, la France veut remettre les « vraies » formes en usage (et ne nous leurrons pas : le fait de ne pas vouloir employer les formes québécoises ou utilisées ailleurs dans la francophonie n’est pas innocent, il découle de l’habituelle vision Francocentriste) et n’est pas prête d’y parvenir quand on voit la réaction de la population et de l’Académie.

    Bref, je ne vois pas pourquoi on se laisserait embarquer dans ce débat, qui est réglé chez nous depuis longtemps. On risque seulement d’y perdre un peu de nos particularités linguistiques. Parce qu’il faut pas oublier une chose : chaque fois qu’on adopte une forme Française en négligeant la forme qui avait cours ici (comme weekend qui a « gagné » sur fin de semaine), on donne raison à ceux qui disent que notre langue n’en est pas une ou qu’elle est fautive ou autre.

    Enfin… bref, j’ai hâte de lire ton billet à ce sujet.

  6. @Gen: Il y a là, il faut l’avouer, grande matière à réflexion! Je suis absolument sensible à la question de la langue québécoise, et déteste la tendance française à prendre les expressions anglophones, comme Week-End, Mail, Kitchenette et autres! Sans me faire changer d’idée, tes commentaires sont tout de même en train de ramollir le billet en question!

  7. C’est pour ça que j’ai pris la peine de les écrire! Je t’accorde que la question n’est pas simple, mais je trouve surtout que ces temps-ci les tenants de « autrice » ne présentent que la moitié des arguments historiques (ceux qui les servent).

Répondre à Annie Bacon Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *