De la création d’un nouveau patois

Dans un billet de début 2011, j’ai parlé de ma fascination pour les mots inventés. Je concluais le tout par « Je ne m’y suis pas encore risquée, mais ça arrivera, c’est certain! » Et bien voilà, je me suis lancée. Durant la révision de mon Tome 3 de Victor Cordi, je trouvais que les dialogues d’un des personnages ne marchaient pas. Je le voulais plus familier que les autres. Mais à la relecture, j’ai dû me rendre à l’évidence : « mon pote » comme expression dans un univers fantastique, ça détonne.

La solution : lui inventer un argot fait sur mesure!

Et pour ne pas que ça vire au désastre, j’ai essayé de suivre les trois principes ci-dessous.

1- Ne pas transformer tous les mots

Je ne désirais pas inventer un langage nécessitant traduction et sous-titres! Je désirais un langage coloré, mais compréhensible. Il m’a donc fallu une bonne balance entre mots ordinaires et mots inventés. J’ai même gardé certaines phrases clés complètement exemptes d’argot pour m’assurer que le message convoyé passerait bien.

2- Garder un morceau de consonance d’origine.

Pour remplacer un mot normal par un mot inventé, il ne suffit pas de piger des lettres dans un sac de Scrabble et de placer le tout de manière aléatoire. La consonance du mot doit garder un petit peu de sa saveur d’origine. Par contre, pour ne pas que la similitude soit trop facile, on peut partir d’un synonyme moins connu, voire même d’un mot d’argot existant!

3- Toujours utiliser le même mot pour la même signification

C’est là que j’ai eu le plus de difficulté! Si on décide de remplacer le mot « manger » par un autre, il faut le faire à chaque fois que le mot apparaît dans un dialogue! N’ayant ni le don des langues, ni une mémoire particulièrement efficace, j’ai dû à maintes reprises reculer dans mon texte pour voir quels mots j’avais employés! Si jamais ce personnage revient dans un autre livre, je serai obligée de me bâtir un glossaire personnel si je ne veux pas me mélanger les pinceaux!

 

Je vous en aurais bien mis un exemple, mais j’attends que ma directrice littéraire ait jeté un coup d’œil sur le tout avant… au cas où elle me sommerait de jeter le tout à la poubelle! Bien hâte de voir ce qu’elle en pensera!

Une dernière note, que ceux qui me suivent sur Facebook ou Twitter auront déjà vu passer cette semaine… c’est que, à ma grande surprise, Antidote gère très bien ce nouveau langage! Il m’a repéré une faute d’accord dans un verbe inventé! « Faute d’accord, mot inconnu »! Bravo Antidote, ça compense pour la fois où tu as voulu me changer « Tip, tip, tip, la souris descend l’escalier » par « Pourboire, la souris descend l’escalier ».

1 réflexion sur « De la création d’un nouveau patois »

  1. Ah, ce cher Antidote! 😉 C’est étonnant, mais j’ai constaté moi aussi qu’il gère mieux les mots complètement inconnus que ceux qu’il pense reconnaître!

    Pour le patois inventé, la Tour Sombre de Stephen King offre un bel exemple (même en traduction) de ce qu’on peut créer. Son personnage principal utilisait des mots connus ou désuet dans des sens juste un peu tordus : une « palabre » pour une « conversation », « si fait » au lieu de « oui », etc. C’était génial.

    Mais ouais, le lexique, je pense que c’est un must. (Je m’en étais fait un pour Hanaken, histoire de pas trop mettre de mots japonais)

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