Trois manières d’être exportable

illustration de johnny_automatic sur openclipart.orgBon! Billet sérieux.

J’ai atteint mon objectif de publier trois livres par année, je fais juste assez d’animations pour arrondir les fins de mois, et pas trop pour ne pas nuire à ma productivité, mon DPP passera bientôt dans les 4 chiffres. Bref, ça se stabilise. Je commence donc naturellement à penser à la prochaine étape, soit l’exportation.

Je n’en suis pas encore à la réflexion du qui et du comment. C’est le « quoi » qui m’intéresse. Qu’est-ce qui fait qu’une œuvre est exportable et une autre pas? Pour le moment, j’en aperçois trois.

 

Celui qui saute aux yeux : les chiffres de vente faramineux.

Je l’ai entendu plusieurs fois, et de différentes sources : la France ne s’intéresserait à un titre que s’il a dépassé le cap des 5000 copies vendues. La première manière est donc de dominer les palmarès suffisamment pour se faire remarquer et pour que le chiffre à lui-même devienne un argument de vente : « On en a vendu 10 000 au Québec, alors imaginez ce qu’il pourra faire chez vous ». C’est le cas d’Amos D’Aragon ou d’Aurélie Laflamme.

 

Celui qui n’est que légitime : la qualité exceptionnelle

Mais là, attention. Quand je dis exceptionnelle, je ne veux pas juste dire « bon ». On parle du genre de niveau que même les auteurs les plus doués n’atteignent que dans un livre par 10 ans. Il faut qu’en le lisant l’éditeur étranger soit obligé d’admettre ne pouvoir trouver une œuvre aussi merveilleuse dans son propre pays, ou même dans un autre. On se retrouve alors en compétition avec la planète entière, et considérant la qualité de ce qui se fait en Angleterre, mieux vaut manger ses croutes! C’est le cas de Toby Lolness, par exemple.

 

Celui qui me semble le plus atteignable : le concept original

Ça peut être une question de personnage (Frisson l’écureuil), de ton (Funestre destin des Baudelaire), de forme (Géronimo Stilton, ben oui!), de sujet (Adoptez un Glurp!) et de tout ce que vous voulez d’autre! L’unicité permet de traverser les frontières! Même si le livre n’est pas parfait, même s’il s’adresse à une niche et n’a pas fait des chiffres de vente faramineux, si l’idée est suffisamment originale, le livre a une chance de trouver preneur.

 

Je laisse tout ça mijoter, après tout, ce n’est probablement qu’en septembre que j’attaquerai de front cet épineux problème. En attendant, il me reste tout de même à remplir le calendrier de mes parutions 2014! À go, on écrit!

 

 

5 réflexions sur « Trois manières d’être exportable »

  1. Il y a quelques années, j’ai assisté à une conférence de Marc Fisher, dont les bouquins sont exportés et traduits dans plusieurs pays.

    Il nous parlait de ses recettes et l’une d’elles m’est demeurée en tête : adopter une écriture fluide et facile à traduire. D’après lui, si c’est trop complexe et avec des tournures de phrases et des mots compliqués, si c’est trop dur à traduire, on se tire dans le pied. Bon, ce précepte ne doit pas s’appliquer aux exportations dans la même langue, je suppose.

    Il y a sûrement une histoire de contacts derrière la réussite de certaines exportations, mais bon… Ça vaut la peine de se questionner sur la question au point où tu en es rendue! 🙂

  2. @Isabelle: Je n’y avais pas pensé, mais ça fait tout plein de sens! Par exemple, j’ai un texte tout en vers… il est officiellement intraduisible! Ce n’est donc pas celui-là que j’essaierai de placer ailleurs (sauf en France). Pour ce qui est des contacts, c’est certain! Ça entre dans le « qui » et le « comment » auxquels je m’attaquerai plus tard.

  3. Marc Fisher pense ça? Si on suivait ses conseils Tobie n’aurait pas été traduit, on n’aurait pas traduit non plus les classiques russes, etc. il a une vision réductrice de la traduction. Les éditions Toussaint Louverture viennent de traduire Enig marcheur un roman écrit dans un anglais déstructuré et.. traduit dans un français tout aussi déstructuré
    En fait, on n’écrit pas avec en tête le but d’être traduit normalement il me semble.

  4. Je viens de lire ça et je me suis rappelé ton billet et à ce que dit Marc Fisher (et je me suis dit que cela pourrait t’intéresser): «un constat récent de Tim Parks selon lequel le roman global (signé dans le meilleur des cas Umberto Eco et Haruki Murakami, et dans le pire, Dan Brown and co) s’est imposé au prix d’une standardisation et d’un appauvrissement de la langue, volontairement débarrassée de ses nuances, de ses subtilités et de ses particularismes afin de mieux correspondre aux attentes supposées d’un public international.»
    Source:http://larepubliquedeslivres.com/et-vous-en-quelle-langue-lisez-vous/

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