Cupidon a le dos large!

Cupidon par StudioFibonacci, via OpenClipArtTrêve d’anecdotes, de salon, de tournées et d’animations, revenons aux choses sérieuses! Il y a un sujet qui me turlupine depuis un bout de temps, soit la justification de certains sentiments amoureux, ou plus précisément l’absence d’une telle justification en fiction.

Je m’explique.

Dans la vraie vie, on peut se permettre de nager dans une naïveté fleur bleue et croire que « l’amour a ses raisons, que la raison ignore encore » (lieu commun!!).  Donc, Marie peut tomber amoureuse de Jean quelle que soit la personnalité, les valeurs,  les intérêts, le statut social et l’attrait physique de celui-ci.

Lorsqu’on invente une histoire, la crédibilité d’une histoire d’amour va justement souvent dépendre de ces critères. Plus ces caractéristiques sont semblables chez les deux amoureux, plus le lecteur ou spectateur sera prêt à y croire. Dès qu’il y a une différence notable entre les deux personnages à n’importe quel des niveaux mentionnés plus haut, l’histoire doit, et je dis bien doit, comporter au moins une scène qui explique l’attrait entre les deux, mais surtout l’attrait de celui des deux qui pourrait être trouvé « manquant ». Que le laid aime la belle, on embarque. L’inverse? Justification requise!

Les exemples qui me font crier au scandale?

Snow Crash (livre) : L’assassin Raven et l’adolescente Y.T. Lui est presque l’équivalent d’un super héros : impassible, fort, beau, toujours en parfait contrôle. On peut donc facilement imaginer qu’il exerce une force d’attraction sur l’adolescente. Elle? Ordinaire, possiblement une belle personnalité, mais les deux n’échangent que 3 mots, et encore. Que Raven la baise? Sans problèmes. Qu’il l’aime? Je ne le vois pas!

Knocked up (film) : Lui : paresseux, sans ambition, avec une hygiène douteuse, et des amis pires que lui. Elle? Carriériste ultra conservatrice complètement révoltée devant le mode de vie de son co-parent. Ils ont fait un enfant ensemble? So what!!! Demandez aux divorcés si cette activité cimente un couple!

Brassens chantait : «  il y a des jours où Cupidon s’en fout », et bien moi je dis plutôt qu’il y a des jours ou cet angelot armé a le dos large!

Toujours pas convaincu? Vous avez vu Ratatouille? Est-ce qu’il y a une seule personne qui peut me dire pourquoi Colette, la fière et vaillante cuisinière, tomberait amoureuse de Linguini, balayeur qui ne fait rien d’autre que de bafouiller, tomber, gaffer, et surtout, qui ne fait même pas bien la cuisine (chose importante aux yeux de Colette). Il a un cœur d’or, me direz-vous? Alors, montrez-moi une scène dans laquelle il prouve cette qualité devant Colette!

Un exemple dans le réel maintenant? Sarkozy et Carla Bruni! Est-ce que vous y croiriez  aussi facilement s’il était simple manœuvre dans une usine de petits pois? Ils ont une grande différence au niveau de la beauté, mais sa présidence (intelligence, pouvoir, argent) sert de justification.

Point de vue cynique, me direz-vous? Retenez bien que je ne parle pas d’amour véritable, mais bien d’amour fictif qui doit sembler crédible aux yeux des lecteurs et spectateurs. Sans crédibilité, leur attraction aura tout du « Deus Ex Machina », ce qui est impardonnable!

Prochain billet : des exemples de scènes justificatives qui marchent bien! À suivre vendredi.

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