Bien utiliser la mort

Illustration de Sirrob01 sur openclipart.orgSujet joyeux ce matin, parlons de la mort! Mais non, pas de celle de vraies personnes! De celle des personnages!

Mais juste avant, un message d’intérêt publique:

Je serai au stand de la Courte Échelle (#11) au Salon du livre jeunesse de Longueuil mercredi et samedi de 10h midi. Venez faire un tour!!

La mort, donc. Dans Terrienne, de Jean-Claude Mourlevat, un personnage important meurt de manière complètement gratuite dans la première moitié du livre. « Pourquoi un tel choix de la part de l’auteur? » m’étais-je alors demandée. Ma réponse : « pour monter le niveau de risque ».

Comme de fait, la mort est le plus grand risque que courent nos personnages. Plus elle rôde, et plus le suspense et l’action prennent de l’importance. Si en plus, comme auteur, on prouve qu’on n’hésitera pas à aller jusqu’au bout, le lecteur craindra d’autant plus pour la survie des personnages restés derrière. Le plus bel exemple possible étant possiblement A Game of Throne dans lequel G.R.R. Martin n’a aucun scrupule à tuer des personnages, et pas juste des secondaires!

À l’inverse, si on l’utilise mal, les enjeux disparaissent. J’adorais la série Dragonships Of Vindras de Margaret Weis et Tracy Hickman, jusqu’à ce qu’un des personnages meurt… puis non finalement. Un cœur qui arrête de battre quelques secondes et se ravive sous les coups de poing du docteur (allô Lost!), c’est une chose. Mais les auteurs des Dragonships étaient allés trop loin dans cette supposition de mort. Le corps était bien là, et les rites funèbres avaient commencé. Voler cette mort au lecteur déjà en peine équivalait à dire : « ce personnage ne mourra jamais ». Et si de danger est écarté à jamais, à quoi bon lire le reste?

La Bande dessinée « Seul » a fait bien pire, je ne rentrerai pas dans les détails, mais je leur en veux encore!

Bref, assumez vos morts, ou ne tuez personne, mais de grâce, ne restez pas pris entre les deux!!!

 

Pourquoi les enfants, ados et jeunes adultes sauveraient le monde?

Le Wesley Crusher en questionJ’ai déjà touché au fait que les héros des livres jeunesse modernes sont rarement des adultes. Dans plusieurs livres, cela permet tout simplement de toucher des sujets plus près des lecteurs, comme la vie à l’école, la relation avec les parents et autres. C’est bien beau lorsque l’objet du livre est de gagner la coupe ou de trouver le garçon parfait pour le bal, mais lorsqu’il s’agit de changer le monde, comment justifier que quelqu’un sous la vingtaine réussisse là où ses aînés ont échoué?

Voyons d’abord l’exemple typique d’échec de justification. Tous les geeks connaissent l’irritation que peut causer l’utilisation d’un trop jeune pour sauver les fesses des adultes sous le nom « syndrome Wesley Crusher ». Dans un vaisseau remplis d’adultes entraînés professionnellement à explorer l’espace, l’ado était trop souvent, et sans raison, celui qui trouvait la solution au problème. Leur seule justification : « C’est un génie ». Pour une série qui se voulait sérieuse, c’était insupportable!

Dans les livres que j’ai lu dans la dernière année, j’ai rencontré trois très bonnes manières de justifier la capacité de la jeune génération à dépasser ses ainés. La première est de rendre le jeune protagoniste si connu qu’il devient un symbole derrière lequel les autres peuvent se regrouper. Par exemple, dans Hunger Game, Katniss pose un geste très public de défiance sociétale et gagne ainsi le support de toute une population. Soudainement, il devient possible qu’elle mène une révolution.

La deuxième : par la technologie. En effet, dans Pirate Cinema de Cory Doctorow, et Ready Player One de Ernest Cline, les ado-qui-changent-le-monde le font à partir des outils technologiques qu’ils utilisent bien mieux que les adultes. Les ados sont des natifs des technologies, desquels ils ont une grande compréhension, en plus de n’avoir aucun scrupule à les utiliser à des fins détournées (hacking).

Finalement, un moyen secondaire utilisé par les deux mêmes livres est la capacité de mobilisation de cette tranche de la population. Les ados ont beaucoup de temps libres, officiellement « rien à perdre », et sont constamment reliés les uns aux autres par les réseaux sociaux. S’il doit y avoir une manifestation monstre, le mot se passe rapidement, et les interpelés se libèrent sans problèmes.

Bref, notre meilleure d’une révolution (par exemple contre les armes aux États-Unis, on peut rêver!), ce serait qu’une vedette de type Justin Bieber s’acoquine à une jeune Hacker et organise un Flash Mob via Twitter!

Soit dit en passant, le personnage de Madame PerelPixy dans mes Victor Cordi est présente dans le premier cycle principalement pour justifier ce que réussira Victor dans le deuxième ! Je ne vous en dis pas plus, vous n’aurez qu’à les lire!

 

Hello, y’a quelqu’un?

Illustration de Angelo_gemmi prise sur openclipartLa semaine dernière, j’ai un peu déprimé. Ça m’arrive souvent après la fin d’un manuscrit. Lorsque je suis entre deux livres, mon cerveau trouve le temps de penser, et la première chose sur son agenda est souvent : comment vont mes livres déjà sortis? Il y a bien eu un ou deux palmarès de librairies indépendantes au mois de septembre, puis quelques critiques, mais sinon, c’est le vide complet. Mon imagination s’engouffre alors dans des « à quoi bon tout ce travail? » qui spiralent hors de contrôle.

Puis, pour je ne sais plus trop quelle raison, j’ai cherché Victor dans Nelligan, le catalogue des bibliothèques de la ville de Montréal. Et là, trois petits mots m’ont redonné le sourire.

« De retour le… ».

Non seulement la bibliothèque avait commandé un bon nombre de Victor Cordi, mais certains d’entre eux étaient sortis. J’avais là la preuve ultime que tout allait bien : quelqu’un sur l’île de Montréal était en train de lire mes livres.  Et soudainement, tout en vaut la peine, puisque le livre vit. Dans le fond, le nombre, on s’en fout.

Après m’être questionné des années sur le sens que devaient prendre les Salons du livre pour l’auteur, je venais de trouver la réponse. Comme les livres sortis en bibliothèques, ces événements nous permettent de réaliser que nous ne sommes pas vraiment seuls devant nos ordinateurs à nos tables de cuisine. Il y a en fait des centaines de personnes qui lisent par-dessus notre épaule… en différé.

Vivement le Salon du livre de Longueuil!

 

Post-Scriptum : Et juste comme je désespérais d’avoir des nouvelles de mon livre, il est apparu en dixième position du palmarès des meilleurs vendeurs jeunesse de la librairie Monet pour 2012! Yééééé!!!

 

Deux excellentes critiques, et l’INÉVITABLE…

 

Mes trois livres sortis l’année dernière se trouvent critiqués dans le dernier Lurelu! Le premier livre de Victor Cordi y est encensé à grand coup de « Le style de l’auteure est vif et empreint d’humour » « Les émotions sont bien rendues » et mon préféré, « le livre met de l’avant des valeurs profondes ».

Le Vol des scarpassons, de la série Terra incognita a également bien plu au critique! Je me permets de vous en mettre un passage :

« Ce quatrième livre de la série propose un récit époustouflant, palpitant. Les rebondissements des succèdent à un rythme fou, pour le bonheur des amateurs d’action. La narration tantôt surprenante, tantôt mystérieuse, toujours stimulante, entretient le suspense sur un ton énergique. »

Jamais deux sans trois? Eh non! Pour la première fois de ma carrière j’ai eu droit à une mauvaise critique, passage à peu près obligatoire lorsqu’on fait un métier artistique.

Ma première surprise? Ça fait mal! Pas position-fœtale-et-refus-d’écrire-pour-des-mois mal, mais certainement j’manger-du-fun-dip-jusqu’au-mal-de-cœur mal.

Deuxième surprise : une envie énorme de me justifier! Comme si contre-argumenter pouvait servir à quelque chose!

Troisième surprise-qui-n’en-est-pas-une : quelques heures plus tard, on s’en fout! Ben oui, une des critiques (pas la même que pour le tome 1) n’a pas aimé. Rares sont les romans qui plaisent à tout le monde.

Ça m’a rappelé pourquoi je suis restée dans les sciences si longtemps lors de mes études : leur objectivité me rassurait. En physique, si la réponse balistique était de 320 mètres et que ce même chiffre apparaissait sur ta feuille d’examen, personne ne pouvait t’enlever ta bonne réponse. Cette certitude calmait mon âme sensible!

Heureusement, des années de jeux vidéo à traiter avec des clients à caractères et goûts variables m’ont bien endurcie! Amenez-en des critiques! À la longue, ils seront confondus-dus-dus!

Bilan de fin d’année et regard sur 2013

J’avais déclaré l’année 2010 celle du développement, et l’année 2011 celle des ententes d’édition. On ne sera donc pas surpris que l’année 2012 ait été… une année d’écriture! Eh oui! Une fois tous les contrats signés, il faut bien les écrire, ces foutus manuscrits!

J’ai donc eu une année productive, durant laquelle j’ai écrit trois romans (Victor Cordi 2, 3, et 4). Et si tout ça ne fait que 60 000 mots, donc moins que bien des romans adultes, le rythme était tout de même intense, considérant que je n’avais que quelques heures par semaines à y consacrer.

Côté publications, c’est enfin la première année où j’atteins l’objectif que j’avais fixé comme condition pour en vivre un jour, soit de publier au moins 3 livres par année. J’ai ainsi publié L’Anomalie maléfique et le Guerrier venu d’ailleurs de la série Victor Cordi ainsi que le Vol des scarpassons de la série Terra Incognita.

Sinon, l’année a été évidemment marquée par la perte de mon père, mais également par un non-événement dont je ne vous avais pas parlé. Mon mari a changé d’emploi, et pour les six premiers mois de l’année, j’ai été dans l’ignorance complète du pays dans lequel on se retrouverait. J’ai donc passé la première moitié de l’année à rêver de/appréhender une nouvelle ville chaque deux semaines, et la deuxième moitié à m’adapter au fait que nous resterions finalement à Montréal.

Ce qu’on me souhaite pour 2013? De manière surprenante, une année tranquille. Il en faut bien une de temps en temps. Ce sera ma première en tant qu’auteur à temps plein et j’ai envie de la savourer tout en douceur.

Les plans pour 2013 :

  • – Publication des 2 prochains Victor Cordi bien sûr, et également de mon album illustré pour les 9-11 ans chez Boomerang.
  • – Rédaction de deux autres Victor Cordi (#5 et #6)
  • – Tentative de placer un (ou deux, ou trois) autre texte et série pour 2014
  • – Possiblement une première demande de bourse

Ce qui me laisse juste assez de place pour les inspirations soudaines et imprévues!

Bonne année 2013 à vous tous!

 

Petit conte de Noël inédit pour les fêtes!

C’est mon dernier billet avant les fêtes, pour ne pas dire mon dernier billet de 2012! Pour passer les vacances en beauté, voici un des deux contes additionnels que j’ai écrit pour transformer l’album « 22 histoires de Noël » publié l’année dernière en le « 24 histoires de Noël » de cette année. Éditions Coup d’œil dans les deux cas!

Il est un peu inspiré d’un poème de Quentin Blake, soit dit en passant. Si vous l’avez aimé, vous pouvez également lire « Père Noël se prépare »  et « Les nouilles de Noël« .

 

Sous mon sapin

Sous mon sapin, il y a…
Un coquet village blanc
Autour d’un faux lac gelé
Sur lequel deux-trois enfants
Glissent toute la journée

Sous mon sapin, il y a…
Un chaton bien endormi
Qui ronronne doucement
Il rêve d’une souris
À se mettre sous la dent

Sous mon sapin, il y a…
Des cadeaux multicolores
Un pour toi et deux pour moi
Nous en aurons d’autres encore
Lorsque Père-Noël viendra

Sous mon sapin, il y a…
Des épines éparpillées
Tombées lorsqu’on décorait
Elles crépitent sous le pied
Et se moquent du balai

Sous mon sapin, il y a…
Une souris très coquine
Qui escalade le tronc
Cherchant une grignotine,
Elle réveille le chaton

Miaou! Squeek! Bing! Bang! Cling! Clang! CRAC!

Sous mon sapin, il y a…
Des ornements en morceaux.

 

 

Lire et écrire à L.A

La semaine dernière, j’ai eu l’opportunité d’aller rejoindre mon mari un minuscule deux jours à Los Angeles dans un de ses voyages d’affaires. Avant de partir, je doutais un peu de l’idée : tant de vol pour à peine plus de 24 heures là-bas… j’avais tort, c’était merveilleux! Quelques moments forts de cette virée.

L’avion : des vacances.
Ce qui est difficile lorsqu’on conjugue enfants, contrats et écriture, c’est que les moments de loisir sont à peu de chose près inexistants. Un vol jusqu’à Los Angeles, c’est six heures obligatoires de temps à soi! Pour être encore plus certaine que je prendrais ça relax, mon ordinateur a même décidé de ne plus fonctionner. Magasines futiles, livres, jeu vidéo, musique, tout y est passé! j’ai terminé le vol plus reposé que je ne l’ai commencé!

Écrire à l’hôtel, comme une vedette!
Le premier matin, il travaillait, alors j’ai fait de même. Installée au portable de mon mari qui n’en avait pas besoin pour sa conférence, je suis restée cachée dans la chambre d’hôtel pour écrire. Il y a quelque chose de mythique pour moi dans l’idée d’écrire à l’hôtel. Un espèce de phantasme qui me parle d’Hemmingway et de J.K Rowling (qui s’y était réfugiée pour écrire le dernier Harry Potter). Une opportunité de me concentrer sans que les tâches ménagères me rappellent mes nombreuses autres obligations, et sans que l’horloge ne m’avertisse que le temps m’est comptée avant d’aller chercher la marmaille. Comme de fait, j’ai été super productive!

Une visite de librairie s’impose!
En après-midi, trempette de pieds sur la plage, puis visite du Barnes and Nobles de Santa Monica. Je voulais ramener un toutou pour notre plus jeune, et j’ai vraiment été gâtée, car j’y ai trouvé… LE PIGEON! Celui de Mo Willems, dans une de mes séries préférées. Prenez trente secondes pour y penser un peu : un toutou non pas tiré d’un film ou d’une série télé, mais bien d’un livre en bonne et due forme. J’ai d’ailleurs appris par la suite qu’il s’agissait d’une ligne de produit exclusif à la chaine de librairie, ce à quoi je dis bravo! Si les librairies doivent vendre des bébelles pour survivre, autant que ce soit des bébelles issues du monde littéraire. Archambault à quand des toutous ou figurines Billy Stuart?

Et parlant de librairies…
On a aussi vu cette pancarte devant une librairie spécialisée en livres de design et d’architecture. Comme quoi les librairies indépendantes livrent les mêmes combats là-bas qu’ici!

 

Et finalement, de la lecture
Une panne d’électricité impromptue ayant rendue impossible de téléchargement d’un nouveau livre Kindle avant de partir, j’ai du me rabattre sur notre bibliothèque papier, ou j’ai mis la main sur Universal Coiffure de Caroline Allard, acheté au Salon du livre par mon mari. En gros : un thème brillamment absurde, une trame qui s’égare par moment, des personnages originaux et bien campés, une violence un peu gratuite, le tout écrit avec un humour léger et intelligent qui fait qu’on en redemande.

 

Je n’ai qu’une seule envie, repartir à nouveau!

Cadeaux adultes pour amateurs de livre jeunesse

Décembre vient d’arriver, et avec lui déferle toute une liste de suggestions-cadeaux. Plutôt que de faire comme les autres et de proposer des choix de livre jeunesse, je propose une liste bien plus pointue : une liste de cadeaux pour les adultes qui en sont férus. Pour les livres jeunesse eux-mêmes, vous pouvez lire mes suggestions par âge dans l’entrevue que j’ai donné au blogue de la librairie Monet en septembre (8e question).

Des livres SUR la littérature jeunesse.
Évidemment, à mois d’avoir une liste, on ne peut donner des livres jeunesses, puisque la personne a sans doute déjà tout lu! Il existe par contre de très beaux livres qui parlent de littérature jeunesse. Personnellement, j’aime beaucoup mon « 1001 Livres pour enfants qu’ il faut avoir lus avant de grandir », mais j’ai également vu, à mon dernier passage en librairie, un grand album qui semblait superbe mais dont j’ai malheureusement oublié le nom, et qui racontait l’histoire de la littérature jeunesse.

 

Des divertissements basées sur les contes de fées
Qui dit littérature jeunesse, dit conte de fées! Les amateurs connaissent habituellement Grimm, Anderson et Perrault sur le bout de leurs doigts! Quel plaisir alors que de revoir ces personnages vivre de nouvelles aventures! Côté télé, il y a le fabuleux « Once upon a time », dont la majeure partie du plaisir vient des liens très imaginatifs par lesquels ils ont lié tous ces contes dans un même univers. Côté bandes dessinées, Fables y était bien avant que les contes de fées ne reviennent à la mode. Une série ayant gagné de nombreux prix, on y suit les aventures de Blanche-Neige, le grand méchant loup et les autres dans un New York moderne. Sublime.

 

Des livres pour adultes, mais qui rappellent les thèmes jeunesse
Le premier, The Magicians de Lev Grossman, est mon coup de cœur de l’année. La première partie est une Harry Potter pour adulte, et la deuxième un Chroniques de Narnia pour adulte. Jamais je n’ai autant eu l’impression qu’un livre avait été aussi parfaitement écrit juste pour l’amateur de romans jeunesse que je suis. Malheureusement, seulement en anglais pour le moment.

Le deuxième vient tout juste de sortir en français, et c’est le Cirque des rêves de Erin Morgenstein. Les amateurs de littérature jeunesse sont habituellement dotés d’une grande capacité à se laisser transporter dans des décors fabuleux, et aucun livre n’en offre d’aussi époustouflant!

 

 

Des livres jeunesse dont ils n’ont pas encore entendu parler
Vous me dites qu’ils passent pourtant tous leurs samedis au rayon des nouveautés de leur librairie locale? Je sais, mais il suffit de changer de langue pour les surprendre! Lemony Snicket, surtout connu pour la série Le funeste destin des Baudelaire, est de retour avec Who could that be at this hour. Aucune idée de s’il sortira éventuellement en français.

 

La place de la littérature québécoise : la moitié pleine du verre

L’étagère « albums du Québec et du Canada» de Renaud-Bray est une honte, et le peu de place fait à la littérature jeunesse québécoise dans les médias en est une deuxième. Tout le monde dans l’industrie du livre s’entend sur ces points.

Et pourtant…

Pourtant, des 10 premières positions du palmarès Renaud-Bray, plus de la moitié du top 10 est québécoise. En jeunesse, même constat, et mieux encore, les livres d’ici occupent 4 des 5 premières positions.

Pourtant, Au Salon du livre de Montréal (où 7 invités d’honneur sur 10 sont Québécois), les files d’attente pour Christine Brouillette, Mélanie Watt, Annie Groovie et India Desjardins sont bien aussi longues que celles de leurs équivalents étrangers.

Pourtant, Guy Gavriel Kay, un géant (je ne mâche pas mes mots!) de la littérature fantastique anglophone tweetait la fin de semaine du Salon : «  J’aime comment le Salon du livre de Montréal change ma perspective du monde du livre. Ici, la vedette de A lire, c’est Patrick Sénécal ». G.G. Kay qui attire des foules aux États-Unis, en Angleterre et au Canada anglais, était lui-même seul devant une table vide. (j’en ai profité pour aller me chercher une dédicace, j’étais toute excitée!!!)

Quelque part, il doit bien y avoir quelque chose qu’on fait comme il faut!

Revenons au cas des librairies. Sur les cubes, mes Victor Cordi côtoient les livres de Rick Riordan et de Timothée de Fombelle tout autant que les Corinne de Vailly et Alain M. Bergeron.

J’aime cet état des choses. J’aime que, dans la tête des lecteurs qui passent, il n’y a pas de distinction entre les gros auteurs internationaux et notre production locale. On ne vend pas des carottes : « local » n’équivaut pas nécessairement à « meilleur » dans les yeux des consommateurs. Je préfère côtoyer ce qui se fait de mieux que d’être relayée dans une étagère spécialisé sans certitude que cette dernière serait visitée de mon public à moi.

D’un autre côté, il y a clairement un manque d’éducation, et l’identifiation de produits comme étant « Québécois », est de plus en plus nécessaire.

« Est-ce que c’est vous qui écrivez les Génonimo Stilton? » me demande-t-on régulièrement dans les écoles. « Non, ce sont des Italiens qui les écrivent ». Consternation générale. « Est-ce que Stephanie Meyer signe au Salon? » m’a demandé un duo d’ados au dernier Salon. « Je ne crois pas, elle est américaine »… et la fille si convaincue en ajoute : « mais elle écrit aussi des livres en français, non? ». Une traduction, elle n’avait jamais entendu parler de ça.

Il est donc important de mieux identifier la provenance des livres, mais à la ségrégation par étagère, je préfère personnellement une idée discutée avec Laila Héloua, présidente de l’AEQJ au début de l’automne, soit d’avoir un sceau culturel « produit du Québec » que l’on pourrait apposer aux livres, un peu comme celui de l’industrie alimentaire.

 

À nous ensuite de s’assurer que le seau devienne synonyme de grande qualité.

AJOUT : Hier, après la publication de ce billet, je suis tombée sur une conversation entre auteurs qui parlaient justement du fait que la littérature québécoise n’est pas nécessairement, je cite : « Glamour ». On la défendait par les mêmes files de signature au Salon que moi, et proposait une campagne de publicité pour changer cet état des choses, campagne qui irait très bien avec l’apparition de l’étiquette « fabriqué au Québec » dont je parle ici. Comme quoi l’idée est dans l’air en général.

Que serait Victor sans Mathieu?

Durant les derniers jours au Salon du Livre de Montréal, j’ai réalisé quelque chose : lorsque je parle de Victor Cordi, les enfants s’allument, mais c’est lorsque je leur montre les images intérieures au fil de mon discours qu’ils accrochent le plus!

Voici donc quelques illustrations que Mathieu Benoit a faites pour les deux premiers livres, accompagnées de mes descriptions de races, créatures et personnages. Vous pouvez également aller voir ce qu’il a fait pour d’autres livres en visitant son site web!

Il y a les Kampitois, qui ont la peau tachetée de diverses teintes de brun, et sont couverts de piquants de la tête aux fesses. Ils peuvent changer la texture; assez souple pour les tresser dans la vie de tous les jours, et très rigide pour se défendre au combat. Ils peuvent également en changer la couleur, que ce soit pour intimider l’ennemi avec une couleur voyante, ou se camoufler dans les champs.

 

Il y a aussi les Multaks, des guerriers très agiles. Leur visage est posé au centre de leur corps, et ils ont 5 bras (ou jambes, c’est selon). Lorsqu’ils se battent, ils roulent sur leurs cinq membres de manière latérale, ce qui leur permet de bouger très rapidement, tout en restant face à leur adversaire.

Et lui, c’est le Grand Machiavélicon. Il est d’une race d’hommes-arbres, nommés les Persistants, mais il s’est déraciné et s’est transformé grâce à ses capacités en magie pour ressembler le plus possible à un humain. Autour de lui, on voit des Particelles, des petites boules de poils absolument charmantes prises individuellement, mais qui peuvent communiquer en réseau et ainsi s’agglutiner en diverses formes comme en escalier, en cage ou en monstre.