Résolution 2020 : laisser-aller…

La plupart des résolutions de janvier que j’ai prises sur ce site, à date, étaient des résolutions de lectrices : lire des romans québécois, lire des classiques, partager les œuvres que j’aime, etc. Cette année, je prends une résolution d’autrice : ma carrière va bien, il est temps que je laisse aller mes livres une fois publiés.

Je m’explique!

Je suis une mère poule! Tant avec mes enfants qu’avec mes livres. Avec ces derniers, une fois qu’ils sont publiés, je m’inquiète de leur sort. Sont-ils disponibles sur les tablettes? Sont-ils lus? Sont-ils appréciés? Commence alors une spirale de vérification de l’inventaire des librairies, des médias sociaux et des sites littéraires.

Bref, beaucoup d’énergie dépensée. POUR RIEN!

Pour rien, parce que la plupart du temps, il n’y a rien d’intéressant à y trouver, puisque la vie de mes livres se fait sur le long terme. Pour rien parce que les nouvelles importantes finissent par se rendre à moi de toute manière, via mes éditeurs ou mes amis. Pour rien parce que, une fois le livre publié, je n’ai plus grand contrôle sur ce qui lui arrive.

En y réfléchissant, je crois que cette compulsion à rechercher de l’information était reflet d’une grande ambition : vivre de ma plume. Je consultais les sites comme d’autres consultent les oracles : « Goodreads, Goodreads, dis-moi, puis-je y croire encore? ». Mais voilà, l’ambition est remplie : je suis revenue au salaire que j’avais comme employé de bureau. Il est temps de profiter de ce métier fantastique, et de lâcher prise!

Désormais, j’écris mes livres, je les relâche dans l’univers, et je passe à autre chose!

Fiouf! Ça va faire du bien.

Réflexion de déracinement #3: on s’adapte moins vite qu’on pense

Petit rappel, j’utilise mon déménagement pour analyser les réactions d’un humain sorti de sa culture. Chez un auteur normal, ces réflexions peuvent servir pour une histoire d’adolescent qui déménage et change d’école secondaire. Dans mon cas, il y a plus de chances que ça serve au passage d’humains vers un monde parallèle, ou à l’arrivée d’un extra-terrestre dans un petit village des Laurentides.

Billet lui-même, maintenant:

Voilà près des cinq mois que je suis en France, soit la moitié de notre séjour. On pourrait penser que ça y est, mon adaptation est faite, et c’est vrai sur certains points. Je ne me pointe plus dans un petit magasin local en début d’après-midi (c’est fermé!!), le St-Moret a remplacé le beurre d’arachide sur mes rôties du matin, et je prends les ronds points comme une championne.

ET POURTANT…

Pourtant, il reste plusieurs adaptations qui tardent à venir! La première est celle du langage! Je suis toujours incapable de parler du repas du midi comme étant le déjeuner, ou celui du soir comme étant le dîner. Même chose pour calorifère (radiateur) et boîte à lunch (panier-repas). J’ai beau savoir que ce sont les termes utilisés ici, ce ne sont pas ceux qui sortent de ma bouche. C’est comme si la portion de mon cerveau qui traduit d’une culture à l’autre avait toujours quelques secondes de retard sur ma parole. Lors de dialogues, je suis constamment en train de me reprendre moi-même lorsque je parle à des Français.

Le deuxième problème, c’est la fameuse bise! Au moins, dans le sud, c’est deux, comme au Québec! Ça fait déjà ça de pris. Par contre, c’est beaucoup plus souvent. Les premières fois que des gens que je n’avais rencontrés qu’une seule fois ont approché leur bouche de mes joues alors qu’on se croisait à peine, mon réflexe a été de reculer avec un air terrifié. J’ai probablement insulté des dizaines de Français en agissant de la sorte! Avec le temps, je m’y suis fait, preuve qu’il y a adaptation,  mais cette dernière n’est pas complète. Il y a une chose à laquelle je ne m’habitue pas: faire la bise aux enfants. Déjà, ça m’a pris DES SEMAINES avant de comprendre pourquoi, lors de rencontre avec leurs parents, les enfants se plantaient parfois devant moi, sans rien dire, le visage tendu vers le haut. Et si, maintenant que j’ai compris, je suis capable de m’y contraindre, le geste ne m’est toujours pas naturel, et je m’y dérobe dès que je sens que je peux le faire sans offusquer personne.

Bref, cinq mois plus tard, je suis encore, parfois, un poisson hors de l’eau.

Les classiques français de l’imaginaire

Lorsque l’on pense aux grands auteurs de l’imaginaire français, le premier nom qui vient en tête est Jules Vernes. La plupart des lecteurs ne s’étant jamais intéressés au genre auront de la difficulté à sortir un autre nom! C’était mon cas, il y a à peine trois mois, alors que je connais bien les canons anglophones du même genre. Voici donc mes trois trouvailles du dernier automne! Ce qui est drôle, c’est que je connaissais soit le nom, soit l’œuvre de chacun d’eux… sans savoir qu’ils écrivaient de la littérature de genre (dans les deux premiers cas), ou qu’ils étaient français (dans le troisième!).

Barjavel
Je connaissais le nom vaguement. Mon frère m’en aura parlé, sans doute, il y a longtemps. Sinon, je l’aurai entendu, et oublié aussitôt (j’ai une mémoire de poisson rouge!!) lors d’une discussion avec des amis. J’ai lu « Le voyageur imprudent », un roman de voyage dans le temps prenant et bien construit. Je n’ai eu aucun problème à me mettre dans la peau d’un lecteur de l’époque, alors que le thème du voyage dans le temps n’avait pas encore été fait dans tous les sens et dans tous les côtés! Lorsque j’ai parlé de l’auteur sur Facebook, les recommandations de ses autres œuvres ont fusées, toutes différentes, preuve qu’il a écrit plusieurs excellents romans!  Je pense bien mettre la main sur l’Enchanteur qui m’intrigue d’autant plus qu’il a été classé dans la section jeunesse à la bibliothèque.

Marcel Aymé
C’est grâce à une chanson de Pierre Perret que son nom m’était connu. Dans « Mon P’tit loup », où le chanteur liste toutes les choses qu’un interlocuteur malheureux pourra découvrir sur Terre, il mentionne : « Tous les livres les plus beaux, de Colette et de Marcel Aymé ». Mon mari a mis la main sur « Le Passe-Muraille » au croque-livre du village, et quelle ne fût pas ma surprise en réalisant que c’était un mélange de fantastique et de réalisme magique. Bien plus facile à lire que du Camus ou du Balzac, mais tout aussi bien écrit, le genre de classique qui plait autant aux professeurs qu’aux élèves comme lecture imposée à l’école. Chaque nouvelle semble avoir été inventée sous l’inspiration d’un « et si…? » qui a été bien fouillé par la suite. Et si un homme pouvait passer à travers les murs?…  et si vivre 30 jours par mois était un privilège plutôt qu’un droit?… et si une femme pouvait se dédoubler indéfiniment? Savoureux, et n’a pas pris une ride!

Pierre Boule
Encore ici, c’est mon mari qui a ramené du croque-livre du village le célébrissime Planète des singes. « Quoi??!! C’est français!!!?? » Me suis-je écrié alors qu’il me suggérait de le lire. Eh oui! Je dois avouer avoir moins apprécié que les deux autres de cette liste. Il m’a été impossible de me distancer de ce que je savais du film, même si ce dernier est très loin du livre. La finale bien punchée a un peu rattrapé le tout, mais, contrairement au Barjavel, je n’ai pu effacer de ma mémoire tous les autres écrits faits sur le thème de « l’humain traité comme un animal » depuis. Il m’aurait fallu le lire à sa sortie pour l’apprécier à sa juste valeur (mais je n’étais pas née!)

Je pense m’attaquer aux plus modernes par la suite! J’ai lu un Fabrice Colin (rêve d’un automate mangeur d’opium) et un Pierre Pevel (Paris des merveilles) qui étaient tous les deux plutôt bien! Un Jaworski (même pas mort) et un Johan Heliot (création) m’attendent sur ma table de chevet. Après? J’ai repéré du Bottero et du Damasio à la bibliothèque. Aussi, j’entends souvent le nom de Sabine Calvo ces temps-ci, et je meurs d’envie de lire « Danse avec les lutins » de Catherine Dufour.

J’accepte toutes les suggestions en commentaires !!! Sachez que mon cœur penche du côté du fabuleux, et que, niveau SF et fantasy, je préfère l’exploration à la politique!

Prédictions 2020

image prise sur clipart libraryGrande année d’incertitude au niveau personnel, puisque la sabbatique en Provence prendra fin au mois de juillet, que nous n’aurons plus de maison rendus là! Ou habiterons-nous? Le plan officiel est Montréal, préférablement dans un quartier qui permettrait à la grande de continuer son secondaire dans la même école, mais en vérité, le tout dépendra des opportunités d’emploi de mon mari!

Côté professionnel, j’aimerais bien continuer de publier des deux côtés de l’Atlantique, mais je n’ai, pour le moment, rien d’autre de signé en France et ma fenêtre d’opportunité pour 2020 se rapetisse à vue d’œil. C’est donc sous le signe des « on verra », comme le dit si bien ma comparse Geneviève Blouin dans son propre bilan de prédictions.

En fait, j’ai un seul livre de signé officiellement pour 2020 :

  • Pétronille Inc. T2 : Chauves-souris locales

Qui devrait sortir au printemps! J’ai tout de même d’autres publications de prévues, mais comme ce sont des albums, et que ma malchance avec ceux-ci est légendaire, je ne sabrerai pas le champagne tant que ça ne sera pas signé!

Les voici tout de même :

  • Un album de coureur des bois
  • Un album plutôt sérieux

Qui devraient sortir tous les deux chez le même éditeur.

À tout ça pourrait s’ajouter un troisième Pétronille, et un premier tome de nouvelle série annoncé sous le nom « Les Abysses » dans mon bilan de 2019. Le Soutermonde n’est pas tombé dans l’oubli, mais il prendra une presque-pause* en 2020 pour mieux vous revenir en 2021 si tout va bien!

Côté écriture, il y a plus de projets qu’il y a de temps dans l’année! L’incertitude sera donc surtout une question de priorité, selon ce que je réussis à signer d’ici l’été! Seuls les deux premiers sont certains :

  • Pétronille T.3 : Mandragore sans gluten
  • Un projet secret chez Bayard (chuuuuut!)

Les autres sont pure spéculation :

  • Un (ou deux) projets du Soutermonde
  • La suite des Abysses
  • Un Magical Girl T2, si jamais je finis par placer le premier!
  • Un autre album, on y prend goût!

Alors voilà, une année sous le signe de l’incertitude, mais que je commence avec optimisme et trépidation! Au plaisir qu’on s’y croise!

 

* J’expliquerai le « presque » en temps et lieu!

 

 

Bilan 2019 : l’année de la France!

Entre notre sabbatique en Provence et ma première publication outre-mer, 2019 a définitivement été l’année de la France! C’est drôle de pense qu’à la même date l’année dernière, nous n’avions aucune idée que nous allions y déménager en septembre. Il faut dire que ça s’est fait vite! Il faut croire aussi que j’étais due pour une aventure, puisque, sur mon bilan 2018, l’année avait été qualifiée de tranquille. Un peu d’aventure, ça fait du bien!
Parlant des billets de l’année dernière, voyons comment la réalité se compare aux prédictions faites en janvier!

Prévision de publications :

  • Soutermonde T2
  • Pétronille
  • Terre Promise
  • Mon “magical girl”

Les trois premiers ont bel et bien été publiés aux dates prévues, même si le troisième a changé de nom pour devenir La promesse du Fleuve. Le quatrième… il avait été écrit sur entente verbale avec un éditeur, et c’est moi qui ai refusé de signer le contrat lorsque je l’ai finalement reçu. Le manuscrit traîne donc dans un tiroir pour le moment…
Prévisions de projets d’écriture:

  • Un troisième Pétronille
  • Un deuxième Magical girl

Je n’ai écrit AUCUN DES DEUX! Le plus drôle, c’est que je les avais mis sous l’étiquette « il n’y en a que deux qui sont certains…»! Si tout va bien, par contre, j’attaque le troisième Pétronille au retour des fêtes, ce n’est donc que partie remise pour celui-là. Sinon, j’ai plutôt écrit tout ce que j’avais vaguement évoqué dans un paragraphe de peut-êtres, soit :

  • Un projet de coureur des bois
  • Un album plutôt sérieux
  • Un premier tome d’une nouvelle série d’aventure appelé « Les Abysses » (titre de travail).

Événements prévus
J’y avais évoqué la possibilité d’un lancement en septembre, et la certitude de quelques salons du livre… mais la sabbatique en France a finalement pris toute la place! Côté événement, on a plutôt vendu notre maison, organisé notre déménagement (visas inclus) et pris l’avion en septembre! J’ai tout de même eu un petit pincement au cœur d’avoir dû annuler ma venue au Salon du livre du Saguenay, auquel j’avais été invité pour la tournée scolaire. Je déteste devoir revenir sur ma parole, et j’espère seulement que Sylvie Marcoux (qui organise le tout de main de maître), ne m’en veut pas trop.
J’ai changé d’ordinateur, aussi. Pour un auteur, c’est un événement!

En général, une très belle année, donc, pendant laquelle je ne cesse de cocher des items sur mon « bucket list » tant au niveau professionnel (publier en France, signer au Salon de Montreuil) qu’au niveau personnel (voir des flamants roses en liberté, assister à une émission de variétés française en direct).
Je vous souhaite de joyeuses fêtes et vous retrouve en 2020 pour les prochaines prévisions annuelles!!!

L’affaire Godbout


Petit rappel des grandes lignes, puisque c’est une affaire qui a surtout touché le milieu littéraire et n’a pas fait grand bruit ailleurs :

Une professeure a porté plainte contre un passage du livre « Hansel et Gretel » d’Yvan Godbout, publié dans la collection d’horreur « Contes interdits » de la maison de publication ADA.  Le passage en question raconte le viol incestueux d’une jeune fille. L’auteur et l’éditeur sont désormais accusés par le Directeur des poursuites criminelles et pénales pour production et distribution de pornographie juvénile. Ils seront portés devant jury, et risquent la prison.

Il y a deux débats dans cette histoire. Le premier est la fameuse question de la liberté d’expression vs la censure de l’état. Certains montent aux barricades en disant qu’il est intolérable que le gouvernement puisse interdire certains écrits. Dans ce débat particulier, je me retrouve plutôt du côté des pondérés. Je ne crois pas que l’on doit tout permettre aux auteurs! Un livre qui inviterait au racisme, à l’intolérance ou à la haine, par exemple, devrait absolument être proscrit. On parle beaucoup de Fake News, aussi! Est-ce qu’on désire que ces derniers prennent d’assaut les tablettes des librairies? Même sous une forme de fiction? Par contre, dans tous ces cas, une des caractéristiques importantes serait non pas les mots exacts d’une ligne donnée, mais bien l’intention du livre, l’intention de l’auteur. Dans le cas qui nous intéresse cette scène de viol sert à faire détester le coupable, le rendre abject, pour mieux lui exploser la cervelle (c’est un livre d’horreur après tout) dans les passages qui suivent. Mis dans son contexte, l’intention est de dénoncer l’acte vil, non de l’encourager. Sous cette lumière, la plainte n’aurait pas dû dépasser le stade de la simple vérification.

La deuxième du débat est celle du cauchemar vécu par l’auteur. Avez-vous déjà été poursuivi en justice? C’est un stress épouvantable! Ça ne m’est arrivé qu’une seule fois, lorsque j’étais vice-présidente de l’AEQJ, et encore, ce n’est pas moi personnellement, mais bien l’entité, qui était poursuivie. Je n’en dormais plus la nuit. J’imaginais des huissiers venir saisir tout ce que j’avais. Pour une des rares fois dans ma vie, j’ai dû fuir, abandonner. Je ne veux même pas imaginer ce que ça aurait été si c’était la prison qui avait pendu au-dessus de ma tête. Tant qu’on n’y est pas confronté,  on pense que la justice sert à condamner des criminels qui ont enfreint la loi de manière tout à fait volontaire. On pense aussi qu’elle sera juste, et que les innocents seront disculpés. La vérité est un peu plus floue. Déjà, c’est long très long! Et pendant ce temps, le stress est insupportable, la vie est mise de côté, et les préjugés se montent. « innocent jusqu’à preuve du contraire » est un principe bien ignoré dans cette ère de médias sociaux! Aussi, un Jury, c’est terrifiant! C’est mettre sa destinée dans les mains de parfaits inconnus qui n’ont été choisis ni pour leur gros bon sens, ni pour leurs compétences, ni pour leur sens inné de la justice. Il fut un temps où j’avais toute confiance en l’être humain, en ce qu’on appelle parfois #lesgens. Puis, un peuple entier a élu un imbécile comme président, et je ne fais plus confiance au peuple au sens large. Et finalement, la prison, cet endroit terrifiant entre tous, pour quelqu’un qui n’a jamais, JAMAIS, eut l’intention de faire du mal à qui que ce soit. Exagéré, vous pensez? Pire, c’est un drame, une tragédie, le cauchemar de tout auteur.

En résumé :

Est-ce que les auteurs devraient avoir le droit de tout dire? NON! Il est important de légiférer, afin d’éviter (entre autres) les incitations à la haine.

Est-ce que’Yvan Godbout mérite la prison? NON! Il ne mérite même pas le stress épouvantable dans lequel le plonge la lenteur de notre système juridique.

Cher Yvan Godbout, on ne se connait pas, mais si jamais on vous condamne à la prison, je serai la première dans la rue à manifester avec les autres.

Une mauvaise critique assumée

Les mauvaises critiques, ça fait partie du métier. Même les plus grands succès en reçoivent. C’est normal : les lecteurs n’ont pas tous les même goûts. Pour les auteurs, parfois, ça fait mal. On se sent incompris, on trouve les reproches injustifiées et on développe des envies de positions fœtales.

Cette semaine, pourtant, j’en ai reçu une avec laquelle je suis tout à fait d’accord!

Je l’ai vu sur Babelio. Déjà, ce qui est drôle, c’est qu’elle est apparue quelques jours à peine après que je me sois vantée sur ce blogue que certains de mes livres étaient accessibles à tous et que même les adultes y trouvaient leur compte. Je me fais donc un peu remettre à ma place, ce qui n’est pas mauvais! 

Voici donc la critique en question, qui parle de la Promesse du Fleuve :

« (…)  c’est trop gentillet pour que la lecture soit vraiment agréable et prenante pour les adultes et même les adolescents.

La fin est aussi à cette image, poussant les enfants à faire le bien, à être généreux, à penser aussi aux autres.

Les personnages sont très éclectiques car ils sont tous les rejetés des peuples qu’ils croisent. Tous trop gentils pour être vraiment intéressants pour moi.(…) »

Je lui donne raison, car cette gentillesse, je l’assume entièrement! Je suis une autrice optimiste, qui voit du bon dans chacun de ses personnages. Ils peuvent tous être sauvés d’eux-même, même ceux qui sont remplis de défauts, de préjugés. 

Accablée par le deuil, j’ai tenté, une fois (avec les chroniques post-apocalyptiques), d’écrire un livre plus sombre. Tous les commentaires que j’en ai reçu disent qu’il est lumineux, et plein d’espoir. On ne peut se battre contre sa propre nature.  

Il y a d’excellents auteurs qui jouent avec le côté sombre de la littérature (lisez Patrick Isabelle, lisez Véronique Drouin, et pour les moins jeunes et plus coriaces, lisez Ariane Gélinas!), je ne me sens aucun besoin d’aller jouer sur leurs plates-bandes. 

Si mon créneaux à moi, c’est la gentillesse, je m’y installe avec joie!  

Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine Saint-Denis

Aussi appelé « Salon de Montreuil » et SLPJ, c’est le plus grand salon jeunesse francophone. J’en entendais parler depuis longtemps, puisque chaque année, une délégation d’auteurs québécois y voyagent. Cette fois-ci, j’y étais! J’écris d’ailleurs ce billet depuis la Gare de Lyon, où je me suis réfugiée dans un café pour attendre mon train. Drôle d’idée, que cette gare non-chauffée en plein mois de décembre (brrrrr!)!

Pour donner un ordre de grandeur, disons que c’est un Salon de la taille de celui de Québec ou de Montréal, mais étalé sur deux étages. L’achalandage est aussi pas mal le même. La plupart du temps, on peine à avancer dans les couloirs. Les parents en poussettes devaient se faire patients (les femmes désirant aller aux toilettes aussi, d’ailleurs!)! La grosse différence est qu’on y trouve que des livres jeunesses, ou du moins pouvant intéresser les jeunes.

Le Salon, vu de la mezzanine, le seul où l’on peut circuler facilement!

Constatation #1 : Étude démographique des visiteurs
Moi qui m’attendais à une succession sans fin de familles avec de jeunes enfants, j’ai été surprise de voir une grande quantité de jeunes adultes (16-24 ans) non-accompagnés. Ils viennent au Salon du livre jeunesse comme d’autres vont au Comiccon : à la recherche d’une dédicace et d’un moment privilégié avec leurs auteurs favoris. De quoi faire mentir tous ceux qui pensent que les adolescents ne lisent pas, et encore plus ceux qui pensent que la littérature jeunesse n’est bonne que pour les enfants!

Nob  en signature

Constatation #2 : Le culte de l’auteur
On sait que les auteurs jeunesse peuvent attirer des foules. Au Québec, il y en a bien quelques-uns qui ont des files de fans devant leur table de dédicace. La surprise, ici, c’est le nombre d’auteurs capable de créer un tel engouement! Des douzaines de kiosques avaient, en tout temps, au moins un, parfois deux-trois, auteurs en dédicace avec de telles files. À avoir eu plus de temps (et de budget), j’aurais bien joint certaines d’entre elles! J’ai tout de même joué les voyeurs en regardant signer, de loin, François Place, Nob, Vincent Villeminot et même Jessica Townsend! Sans compter ceux que j’aurais pu voir avec un peu de planification, puisque j’ai raté Thimothée de Fombelle, Julien Neel, Gilles Bachelet et TANT d’autres!!!

Il y a même des 1eres éditions rares!

Constatation #3 : QUE DE LIVRES!
Il est un adjectif en anglais qui n’a pas de traduction appropriée en français:  humbling, que je définirais ainsi : « qui te met une bonne claque de modestie en pleine face ». C’est ça aussi, le Salon de Montreuil, pour un auteur jeunesse. Tellement de livres! Mieux encore : tellement de BEAUX livres! Il y a de quoi voir son syndrome de l’imposteur rappliquer au galop!

Le lumineux kiosque de PKJ (Pocket Jeunesse)

Constatation #4 : Un peu de poudre aux yeux, ça ne fait pas de tort!
Entre ce Salon, le Japan Expo et le Comiccon de Paris, j’ai fait pas mal d’événements d’envergure cette année. J’en arrive à un constat : les kiosques des salons du livre du Québec manquent de panache! Vendre des livres, n’est-ce pas un peu vendre une ambiance, du rêve? À Montreuil, par exemple, le kiosque de PKJ était décoré d’arches néon sous un toit de toiles transparentes. La table de signature de Lumen prenait la forme d’un château lumineux, et les mangas Ki-Oon avaient de petits décors représentant les univers de leurs plus grands titres. Alors, plutôt que de subir l’invasion des mascottes, les éditeurs pourraient mettre le même budget sur un peu de déco! Autant pour se distinguer les uns des autres que pour pimenter les visites !  Et s’ils pensent que c’est trop coûteux, qu’ils aillent faire un tour à une séance de dédicace à la librairie Bric-à-brac! Ils font chaque fois des miracles avec trois bouts de ficelle.

Table de signature de chez Lumen. Photo piquée sur leur fil Facebook.

Je ne sais que conclure, à part de dire que je n’en pouvais plus après deux jours, et que je serais prête à recommencer demain matin. Comme la plupart des Salons, quoi!

 

Découverte du « livre familial »

Clémentine Beauvais ne blogue pas souvent, mais lorsqu’elle le fait, c’est toujours hyper intéressant! La semaine dernière, elle a publié un billet dans lequel elle disait, en gros : il existe des « films familiaux », alors pourquoi pas des « livres familiaux », pour ensuite décrire, analyser et tenter de définir ce qu’il est.

Lisez le texte entier, c’est ici!

Il y a quelque chose de jouissif dans cette idée : que l’on puisse lire un livre, partager notre plaisir et en discuter en famille comme on le fait avec les séries télé et les films. Chez nous, on le fait également avec les BD. Je discute des Bergères Guerrières avec ma fille comme je discutais des Thorgal avec mon père étant enfant.  Et les livres…? Mais oui! Pourquoi pas les livres! Comme les albums que l’on lisait tous ensemble avant que notre progéniture ne sache lire… mais cette fois, avec la possibilité aussi de les lire chacun de son côté.

Il aurait été facile de dire qu’il suffit qu’un livre soit bon pour qu’il puisse être familial, ou encore de mettre seulement tous les classiques dans ce bateau. Heureusement, le billet de Clémentine Beauvais va plus loin! Il est d’excellents livres jeunesse qui ennuient les adultes et ravissent les enfants! Comme il est des titres méconnus qui peuvent faire de très bons livres familiaux. Non, la classification est ailleurs.

Je recopie ici son paragraphe qui en liste ses hypothétiques prérequis :

« Par exemple, je crois que le ‘livre familial’, comme le ‘film familial’, entretient un rapport principalement romantique à l’enfance et à l’adolescence, avec des thèmes de prédilection comme la nature, le voyage, la famille (of course) et la littérature; valorise la découverte et l’aventure, une certaine ouverture sur le monde libérale; une esthétique de l’émerveillement ou de la curiosité; est plutôt intertextuel/ interréférentiel et révérend envers les classiques; est stylistiquement d’un registre de langue plutôt élevé, l’esthétique stylisée, métaphorique, le ton spirituel et bienveillant, pas majoritairement cynique; l’humour à différents niveaux (du scatologique au pastiche); et suit des chemins narratifs plutôt bien balisés. Il a tendance à avoir une voix narrative bien définie, souvent une troisième personne focalisation interne, qui incite à la performativité et à l’oralité. Il est publié et distribué commercialement dans une tranche qu’on appellerait ‘mid-brow’ en Angleterre, c’est-à-dire ni snob ni littérature très commerciale, juste entre les deux. »

Il y aurait sans doute place à une grande discussion sur chacun des points, mais mon épiphanie personnelle est surtout que je reconnais certains de mes livres dans cette liste (particulièrement sur l’esthétique de l’émerveillement et le niveau de langue plutôt élevé que me reprochent parfois les professeurs, mais pas du tout sur l’humour à deux niveaux, qui n’a jamais été ma force!). J’ai toujours dit que mes Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage et, plus récemment, La Promesse du fleuve, étaient mes livres les « plus accessibles aux adultes ». J’ai d’ailleurs des mamans qui me disent avoir volé le premier à leur fille et avoir adoré, et une journaliste m’a récemment demandé du deuxième si c’était vraiment du jeunesse, parce qu’elle y avait pris son pied!

Je n’ai jamais trop su qu’en penser, mais désormais, j’ai une réponse si jamais on me demande le public cible : ce sont des romans familiaux, voilà tout!

En post-scriptum, je voudrais ajouter quelques titres que j’affectionne particulièrement à ceux que Clémentine Beauvais cite en exemple de romans familiaux :

Réflexion de déracinement #2: les petites choses qui tuent

Pour la réflexion #1, c’est par ici! 

On pourrait croire que les différences les plus énormes seraient ceux qui nous marque le plus lorsqu’on vit dans une autre culture. Étrangement, c’est tout l’inverse! L’accent, je ne l’entends même plus, comme je ne remarque plus les grandes différences architecturales. Je ne m’étonne même plus de voir les gens se stationner sur le trottoir, j’ai même déjà tendance à faire comme eux.

Vous voulez savoir ce qui me fait sentir le plus loin de chez moi?

Les feuilles mobiles. Elles ne sont pas lignées de la même manière qu’au Québec, et ça me tue à chaque fois.

Voici la comparaison:

Motif d’une feuille mobile du Québec

feuille mobile canadienne

Motif d’une feuille mobile en France (aussi appelées « copies simples »).

feuille mobile francaise

C’est tout bête, une différence sans importance, mais c’est justement sa mondanité qui lui donne toute sa force. C’est un objet du quotidien que l’on tient pour acquis, que l’on ne remet pas en question… jusqu’à tomber sur une version nouvelle.

Lorsqu’on crée de nouvelles cultures en littérature de l’imaginaire, on s’attarde souvent sur le cérémonial: culte, événements spéciaux, objets d’apparat, etc. Alors que la différence culturelle (ou l’altérité, si vous préférez) peut jaillir de partout, même de l’objet le plus banal.