La chance, ce piège narratif!

Lors de ma dernière animation de l’année, l’école avait un projet de vidéos-blogues, mené par le professeur d’anglais. J’ai donc pris 15 minutes pour m’asseoir avec deux élèves qui me posaient des questions préparées d’avance. Ils avaient choisi le thème de la chance pour leur émission de la semaine et une des questions allait comme suit : « Parmi tous vos personnages, lequel est le plus chanceux »?

Et ma pensée immédiate a été : « Aucun d’entre eux, je l’espère ».

Pourquoi? Parce que la chance est un piège, pour un auteur. Un héros doit réussir sa quête ou se sortir d’embarras grâce à ses qualités personnelles. Son intelligence, son courage, sa facilité à attirer la loyauté d’amis utiles. S’il s’en sort grâce à la chance, c’est un peu de la triche! L’intuition, qui fait que le héros regarde dans le tiroir même s’il n’a aucune raison de regarder dans le tiroir, entre un peu dans la même catégorie. Ce sont des raccourcis paresseux.

À bien y penser, une scène d’action est d’ailleurs bien plus intéressante lorsque tout tourne mal et que le héros doit sans cesse s’adapter à la situation et trouver de nouvelles solutions. C’est sa malchance qui permettra les meilleurs rebondissements : le fusil qui s’enraye, la liane qui cède sous le poids, le garde qui revient parce qu’il a oublié son café.

Définitivement, je préfère les héros malchanceux !

3 réflexions sur « La chance, ce piège narratif! »

  1. J’suis tellement d’accord avec toi! La chance et l’intuition (et la « force inconnue » qui n’est rien d’autre que l’auteur), c’est d’une telle paresse. Les malchances sont effectivement plus intéressantes.
    Seule exception : dans les romans de Pratchett, il y a La Dame. C’est une déesse. Des fois, elle surgit et aide les personnages. Mais seulement si on ne comptait pas sur elle, qu’on ne l’a pas appelée et qu’on n’a pas prononcé son nom. Bref, c’est une personnification très amusante de la chance, mais seulement parce qu’elle est inconstante.

    1. @gen : En humour, ça passe bien! Un peu comme le personnage de Gontrand Bonheur dans les Donald Duck, dont la chance est littéralement un trait de caractère!

      1. Je pense que ça passe quand c’est déjà entendu. Comme Domino dans les Comics de Marvel dont le pouvoir de mutante est d’être chanceuse. C’est pas tant humoristique (sauf dans le dernier Dead Pool), mais les résultats sont chaotiques, donc ça passe (ils ne peuvent pas se fier sur la chance, au sens où elle va les sauver, mais ils ne savent pas à quel prix).

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