Ma mère

photo m'manTous les soirs de mon enfance, ma mère s’est installée dans le lit de mon frère pour nous faire la lecture du soir à tous les deux. Albums, grand-livre-pour-piger, bandes dessinées, tout y est passé. Elle qui se croyait peu créative, elle avait une voix différente pour chaque Schtroumpf.

Des années plus tard, elle a offert à mes propres enfants la même attention et la même énergie que celle à laquelle j’avais eu droit. Elle qui se croyait sans imagination, je l’ai surpris à maintes reprises à leur inventer des histoires impossibles pour leurs petshops ou leurs toutous.

Elle se savait sportive, avec raison. C’est elle qui m’a appris à lancer une balle de base-ball, à nager la brasse, à plonger du tremplin. Elle a montré à trois de ses petits-enfants à skier, encourageant les plus timides, et retenant les plus téméraires avec un harnais. Soixantenaire, elle n’hésitait pas à monter en ski nautique (un seul ski, oui madame), juste pour prouver qu’elle en était encore capable.

Elle se savait excellente gestionnaire, aussi. Ses employés à la Banque Nationale (jusqu’à 300 dans les dernières années) l’ont tous adoré. Elle le leur rendait bien. Ce don pour l’organisation se faisait sentir à chaque fois qu’elle recevait. Ma mère aimait les maisons pleines. Amenez-en de la visite! Petit général de 4 pieds 11, lorsqu’elle prenait les choses en mains, tout roulait au quart de tour.

Ma mère n’hésitait jamais à faire passer les autres avant elle. Généreuse à l’extrême, elle se serait fendue en quatre pour ses enfants, ses petits-enfants, son amoureux, ses amis, sa famille.

Elle était forte, courageuse, résiliente.

Elle qui se croyait sans flamboyance, elle aurait fait une parfaite héroïne de roman.

Ma mère s’est éteinte hier, à 67 ans, suite à une bataille de deux mois contre la leucémie.

10 réflexions sur « Ma mère »

  1. Quel beau témoignage Annie. Toutes mes sympathies , quel texte pertinant , tu as bien décrit cette femme de coeur et de tête. Je’ai eu lebonheur de la cotoyer les 14 dernières années , elle avait mon age et beaucoup de points communs dans nos vies.
    J’ai perdu ma mére il y a un an et même si âgée , c’est une perte incomparable, je te souhaite bon courage et tes enfants brilleront a travers elle .

  2. Annie. .. Quel témoignage. Je reconnais toutes ses qualités….depuis qu’elle à 11 ans je connais Josée. Mème à cette âge là, elle était feminine jusqu’au bout de ses doigts…même dans ses derniers jours elle s’assurait que le rouge à levres était bien en place. Annie, tu as tellement bien décrit ses moments de lecture avec vous. Je la vois au Lac Bowker, installée dans le gazon avec toi et Benoit, livre à la main et des éclats de rires de vous deux. On trouvait qu’elle avait le tour d’être raconteuse. Quels souvenirs qu’elle nous laisses. Vie avec ces beaux souvenirs..elle sera toujours ton ange spécial.

  3. je connais la belle Josée depuis presque aussi longtemps que je connais ma grande amie Anne-Marie… Que de bons moments en sa compagnie… des souvenirs de rires, d’attention, de piscine ( Sutton), d’appart à Montréal près du Parc Olympique, de lac aussi dans le genre  » on nage jusqu’à la plate-forme? « … Puis on monte, et on s’étend sur le dos, pour reprendre le souffle… Une femme de coeur, un esprit déluré, des yeux qui percent le coeur et les secrets du coeur… Oui, une femme de qualité…

    j’aime penser à ceux qui partent comme on pense à des « anges » que l’on porte assis et invisibles sur une de nos épaules… On tend l’oreille, juste un peu plus encore, et la voix de la belle qui nous revient, doucement, comme un papillon qui s’étonne, qui nous étonne…

    Bonne route la belle Josée, bonne suite à vous tous et toutes qui l’avez connue, aimée, chérie, adorée!

  4. J’apprends aujourd’hui le décès de la belle Josée. Oui elle était belle, éclatante et ricaneuse. Je l’ai connu comme belle-sœur et je l’ai toujours aimée. Je retiens son courage de faire un retour aux études après avoir passé des années à la maison avec les enfants.

    Annie et Benoit, vous avez eu une mère adorable et exemplaire avec un cœur rempli de toutes ces qualités qui font qu’on se souvient d’elle comme d’une belle âme.

    Josée, on s’est perdu de vue depuis plusieurs année, mais j’ai toujours pris de tes nouvelles et j’espère que sur ton nuage tu sauras nous guider vers le bon chemin…

  5. Quel beau témoignage. Mais voilà ton deuxième deuil parental en peu de temps… 🙁 Je pense à toi très fort. Je te souhaite que ta vie soit toujours remplie d’amour malgré le départ de ta mère.

  6. Douce annie,
    À l’instar des commentaires précédents, je reconnais en effet les belles qualités de Josée. Elle a été mon réconfort à la mort de mon père et un exemple de ténacité et d’encouragement dans ma vie .
    Je ne pourrai malheureusement vous serrer dans mes bras, ton frère et toi en fin de semaine. Je jouerai le rôle de grand-mère afin de permettre à Marie-Pier de partager ces moments de réconfort en famille .
    Vous reconnaîtrez sûrement son étoile au ciel.

  7. Annie, quel bel hommage à ta mère si dévouée à ses enfants et petits-enfants malgré une carrière très active. J’ai reconnu avec joie son sourire si chaleureux sur la photo. Et je me rappelle de sa générosité avec notre famille qu’elle recevait plus souvent qu’à son tour. J’espère que c’est le souvenir qu’on gardera tous: une femme accueillante et généreuse.
    bon courage Annie, Sébastien. Romy, Ludo et Sophia

    Ghislaine

  8. Ma chère Annie, tu as très bien décrit ta mère.
    Son combat et sa sérénité dans la maladie nous a beaucoup touché. Sa chronique d’une leucémique et celle De la vie continue nous a montré comment elle avait une facilité à écrire et nous décrire ses émotions. Nous étions loin mais on s’est parlé à quelques reprises par Skype en compagnie de Pierre, nous avons eu de bonnes conversations et cela nous a beaucoup aidé à mieux accepter la situation.
    Ma petite soeur Josée est décédée comme elle a vécue soit dans la DIGNITÉ.
    Une étoile de plus au ciel pour veiller sur toute la grande famille THIBODEAU.
    Alain & Carole XXX

  9. Les années soixante, c’est loin, mais je me rappelle de Josée au début de sa relation avec feu mon frère Gilles. Ce qui m’impressionnait le plus c’était qu’elle avait sa propre voiture, une Corvair jaune avec un toît noir. Intégrée dans notre famille nous avons pu découvrir ses talents de cuisinière hors pair, ainsi que ses qualitées d’hotesse.
    Même si nos vues de la planète terre étaient diamétralement opposées,j’aimais beaucoup avoir des échanges avec elle même si parfois ces échanges devenaient musclés. Repose en paix Josée. Sympathies à toute sa famille. Bernard Bacon

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