Je ne sais pas comment parler de « Le Nouveau »

En animations scolaires, il est fréquent qu’un élève me demande sur quel livre je suis en train de travailler, et comme je suis toujours en écriture de « Le Nouveau », c’est celui-là que je décris en réponse à la question.

Le problème, c’est que je n’ai pas encore trouvé comment en discuter pour que ça sonne aussi intéressant que ça ne l’est en réalité!

C’est un problème courant! Certains livres peuvent être résumés en quelques phrases clés accrocheuses… pour d’autres, c’est plus compliqué. Au fil du travail d’édition, et dans les premiers mois de vie du livre, les opportunités d’en parler de manière succincte abondent : 4e de couverture, communiqué de presse, réunion avec l’équipe commerciale, puis nombreuses rencontres de lecteurs potentiels en salon du livre. De fil en aiguille, notre « pitch » s’affine. On trouve les bons mots, le bon angle pour accrocher les lecteurs sans pour autant dévoile tous les secrets de l’histoire.

Mais de manière très apparente : je n’en suis pas là avec « Le Nouveau »! Il est si bon sur papier (et encore meilleur dans ma tête), mais dès que j’en parle, je m’éparpille et il ne sort de ma bouche que des banalités. Je vois alors l’élève qui a posé la question hocher la tête de manière polie, sans qu’aucune étincelle d’intérêt ne vienne éclairer son œil.

Découragée, j’enchaine avec la question suivante.

Ceux qui pensent que les auteurs sont les meilleurs pour parler de leur livre ne m’ont jamais entendu.

Prédictions 2025

Je voudrais commencer par vous souhaiter une fabuleuse année 2025, remplie de joie, de réussites et d’émerveillement. J’espère que vous avez tous passé un bon temps des fêtes, de mon côté, ça s’est passé en petite famille sous un pied de neige dans la région de Baie-Saint-Paul.

Puisque le temps des bilans est terminé, voici venu celui de regarder vers l’avenir et de se demander ce qui s’en vient pour l’année 2025!

Publications 

Trois livres au calendrier cette année, que voici dans l’ordre :

J’ai aussi participé à deux collectifs dans les dernières années, et je réalise que j’ignore leur date de publication! Je les mets avec points d’interrogation ci-dessous, mais je ne sais même pas s’ils sont pour cette année :

  • Collectif pour les 400 coups?
  • Collectif pour Héritage?

C’est le genre de projet sur lequel j’hésite à vous en dire trop, puisque plusieurs personnes sont impliquées! En toute probabilité, je vous en parlerai seulement une fois qu’ils sont annoncés officiellement.

Écriture :
De ce côté, deux certitudes pour les prochains mois :

  • Le Nouveau (presque terminé)
  • Mon moniteur est un gobelin Tome 2

Et des possibilités un peu plus floues pour la suite :

  • Les Abysses Tome 3?
  • Pétronille T7 (on peut rêver)?
  • Une nouvelle idée qui me sera apparue en cours de chemin?

J’ai aussi un projet d’adaptation dans un autre médium qui est en attente de subvention et qui pourrait chambouler tous mes plans, puisqu’il me demandera beaucoup de temps!

 Souhaits pour l’année :
Que demander d’autre que des lecteurs? Il n’y a rien de plus triste, pour un auteur, que de travailler des mois et des mois sur un livre et de voir ce dernier disparaître des tablettes sans un bruit. Je me souhaite donc tout plein de lecteurs, pour mes nouveaux livres comme pour les anciens.

Et si mon projet en attente pouvait aller de l’avant, ça serait pas mal, aussi!

Bilan 2024!

Graphisme fait par moi-même pour m’assurer que ce n’est pas de l’I.A.

Je prends deux semaines de congé pour les fêtes, ceci sera donc mon dernier billet de l’année, et, comme il se doit, je fais un bilan des douze derniers mois!

J’ai relu mon billet de prévision pour l’année pour constater que certaines choses se sont confirmées, alors que d’autres se sont passées autrement! Voyons le tout point par point!

Publication:
Comme prévu, je n’ai publié qu’un seul titre:

Par contre, alors que l’idée d’une seule publication m’angoissait au début de l’année, je dois avouer qu’il n’en a rien été au jour le jour. La vie continue, la crise existentielle n’a pas eu lieu.

Rédaction:
Je parlais, en début d’année, d’écrire les deux premiers tomes d’une nouvelle série chez un nouvel éditeur. Il s’agissait de “Mon moniteur est un gobelin”, qui sortira ce printemps chez la Bagnole. C’était les deux seuls projets dont j’étais certaine, les autres n’étant que pure conjecture.

Ce que j’ai vraiment écrit:

Donc, j’ai bien écrit le tome 1… mais pas encore le deuxième! Il attendra 2025! À la place, j’ai écrit un livre dont j’avais envie depuis longtemps, soit la suite de La légende de Paul Thibault, mais aussi un manuscrit tout à fait inédit appelé Le Nouveau, venu par une “idée miracle” et sur lequel il me restera au moins une autre révision après les fêtes. J’ai aussi passé beaucoup de temps en direction littéraire cet automne, entre autre sur mon roman de nuage, limbo-cumulus.

Résolution de souhait
Mon souhait pour cette année était plus personnel que professionnel, mais je vous annonce tout de même qu’il s’est réalisé en partie! J’espérais que la physiothérapie que j’avais entamée pour des problèmes de dos au septembre précédent porterait fruit, et je dois avouer que les douleurs sont désormais maîtrisées! Il y a de bons jours et de mauvais jours, mais je ne me sens plus handicapée comme je l’étais il y a deux étés! Yé! On peut même dire que 2024 aura été l’année où j’ai recommencé à me mettre en forme!

Sur ce, je vous souhaite de joyeuses fêtes, on se revoit au premier lundi de janvier avec mes prédictions 2025! 

Présentation : Mon moniteur est un gobelin

Je vous avais déjà parlé de l’origine du projet, et vous avez certainement vu le nom passer quelques fois si vous êtes des assidus de ce blogue, mais voilà le temps de vous présenter mon prochain roman de manière plus officielle :

Je commence une nouvelle série pour les 9-11 ans chez La Bagnole, dont le titre est « Mon moniteur est un gobelin ». Le premier tome, « L’arbre de vie » sortira au mois de mai.

Il raconte les aventures de six jeunes inscrits dans un camp de jour de Montréal. Lors d’une visite au Jardin Botanique, ils assistent à une attaque souterraine contre le grand peuplier du jardin des Premières Nations et découvrent que ce dernier est en fait l’arbre de vie de Montréal, celui qui rends toute magie possible dans la ville. Ils apprendront surtout que leurs moniteurs sont respectivement un gobelin de métro avec des dettes de jeux et une dryade de réverbère capable de se fondre dans le métal.

La série s’inscrit dans la tradition de la fantaisie urbaine, dans laquelle les créatures mythiques médiévales sont transposées dans notre ère moderne. Les sylphes volent autour des gratte-ciels, les fées se cachent dans la bibliothèque, et les trolls hantent les viaducs, moins humides que leurs ponts d’autrefois.

Au fil des prochains mois, je vous présenterai l’illustrateur, quelques extraits, la page couverture et autres surprises! En espérant que vous serez au rendez-vous!

Anecdote d’écriture

Ces temps-ci, je travaille trois manuscrits différents. Deux en direction littéraire (Limbo-cumulus chez Bayard et Mon moniteur est un gobelin chez La Bagnole) et un original en écriture (Le Nouveau).

C’est rare que j’alterne autant, moi qui suis plutôt linéaire dans mon écriture. Ce qui est drôle, c’est que ça me permet de comparer, et de repérer un peu mes penchants, mes habitudes.

Par exemple, dans mon livre sur les nuages, j’ai un chapitre qui termine ainsi:

« Il n’a jamais été aussi seul… Jusqu’à l’arrivée des bernaches. »

Dans Le Nouveau, j’en ai un qui se termine comme ça:

« Je ne saurai jamais si c’était une coïncidence, mais c’est le lendemain qu’est arrivé le premier faucon. »

Si un jour on me demande quels sont mes tics d’écriture, je pourrai répondre que j’adore annoncer l’arrivée d’oiseaux en fin de chapitre!

Dilemme à la première personne!

Mon manuscrit en cours, au titre de travail « Le Nouveau », est écrit à la première personne. La semaine dernière, alors que je retravaillais mon premier jet, un doute s’est immiscé dans mon esprit au détour d’une phrase.

Je ne me souvenais plus si mon narrateur utilisait le « on » ou le « nous » pour parler de lui et du nouveau en question.

Il faut dire que les deux options sont possibles, à condition que l’utilisation soit constante tout le long du manuscrit. On ne peut pas passer d’un à l’autre, sauf pour les dialogues, ou tout est permis. Ce n’est pas mon plus un choix qui doit être fait à la légère, puisqu’il influencera grandement le ton du roman et le ressenti du lecteur.

Analyse personnelle :

On : plus familier, plus direct, donnera l’impression au lecteur que le narrateur est un pair qui s’adresse directement à lui comme à un ami.

Nous : plus classique, plus littéraire, le narrateur aura vraisemblablement couché l’histoire sur papier pour la postérité.

Le choix de pronom doit aussi s’accorder avec le niveau de langage du texte. Imaginez les deux phrases suivantes :

  • Nous jasions entre vieux chums
  • On conversait entre compagnons de longue date

Le tout sonnerait beaucoup plus naturel et fluide en inversant :

  • On jasait entre vieux chums
  • Nous conversions entre compagnons de longue date

Remarquez, comme toutes bonnes normes d’écriture, il est possible d’y contrevenir volontairement pour créer un effet!

Pour en revenir à mon manuscrit

Après réflexion, j’ai donc choisi le nous cette fois-ci, qui me semblait mieux convenir. Une rapide recherche dans le manuscrit m’a confirmé que c’est ce que j’avais utilisé instinctivement la plupart du temps, et j’ai corrigé les quelques exceptions. Je dis « cette fois-ci », mais une recension de mes précédents romans écrits à la première personne m’informe que c’est ce que j’ai toujours fait. Les narrateurs de Le Soutermonde, Romane et les Émotis, Simon et la galette d’intelligence et Pétronille inc. utilisent tous le pronom « nous » lorsqu’ils sont accompagnés.

L’exception importante : les dialogues
Dans tous les cas, j’utilise tout de même le « on » dans les dialogues, parce qu’il faudrait vraiment des circonstances particulières pour qu’un personnage s’exprime à haute voix en utilisant la première personne du pluriel. Un personnage vieux jeux, qui utilise « diantre » comme juron, par exemple. Je me demande soudain ce qu’utilisaient les personnages de La comtesse de Ségur!

Je me promets de le faire, un jour!

Le grand rêve de tous les auteurs

Image de Linnaea Mallette prise sur Publicdomainpictures.netLa semaine dernière, dans une classe, j’ai vécu le grand rêve de tous les auteurs.

Je transférais d’une classe à l’autre pendant la récréation, et je me suis cognée le nez sur une porte fermée. Une stagiaire m’a demandé de patienter une minute, elle était en train de terminer la lecture du premier tome des Chroniques avec ses sixièmes années.

Deux minutes plus tard, les élèves sont sortis, et là j’ai vu… j’ai vu…

… une jeune élève essuyer une larme sur sa joue!

LA PREUVE ULTIME : celle que mon livre a touché un lecteur.

Ça peut sembler bête, mais si vous demandez à des auteurs de décrire leur plus grand rêve, vous entendrez souvent cette réponse : « voir quelqu’un que je ne connais pas lire mon livre et y réagir ». Selon l’auteur, l’endroit sera différent : le métro, le parc. La réaction aussi : rire, pleurer ou autre.

Mais la base reste la même! Nous cherchons tous des preuves que nous avons réussi à toucher le lecteur avec nos histoires, et celles trouvées sur le terrain, au moment même du fait, à l’insu du lecteur lui-même, sont les plus sincères possibles.

Limbo-cumulus Partie 11 : le choix de l’illustrateur

Illustration de Sylvain Cabot, prise sur son Instagram

La première direction littéraire est terminée. Il y en aura d’autres, mais le gros de l’histoire est stabilisé, on peut donc s’occuper un peu de « l’objet livre », ce qui commence par le choix de l’illustrateur!

C’est souvent une étape réalisée par l’éditeur, ou même le directeur créatif, lorsqu’il y en a un. Personnellement, j’aime bien suggérer des noms, tout en étant consciente que ce n’est pas moi qui aurai le dernier mot. Parfois, l’éditeur accepte, parfois, il contre-propose, et c’est moi qui accepte. J’ai choisi l’illustrateur d’environ la moitié de mes livres.

Pour Limbo-Cumulus, l’heureux élu est… roulement de tambour : Sylvain Cabot.

Il a illustré le fantastique « Dans la nuit tu te dévoiles » aux éditions 400 coups, un de mes coups de cœur de l’année.

Extrait de « Dans la nuit, tu te dévoiles »

Des romans chez Bayard et Courte Échelle

Et même des documentaires aux éditions Milan.

Extrait du documentaire « Champollion »

Je ne lui ai pas trouvé de Porte-folio, mais je vous encourage à le suivre sur Instagram : https://www.instagram.com/sylvaincabot/

Billets précédents:

 

L’Intelligence Artificielle, les syndrome de l’autruches, et moi.

Autruche faite par un véritable être humain: l’artiste Serge Lemonde

J’ai un mari en technologie. Ça fait donc bien longtemps que j’entends parler d’intelligence artificielle, d’apprentissage profond et tout le tralala.

Mais depuis que cette technologie s’est raffinée au point de pouvoir faire des illustrations et des textes complets susceptibles d’être publiés, mon attitude envers elle a changé.

De saine curiosité, je suis passé au déni le plus complet.

JE VEUX PAS LE SAVOIR!

Je pars en courant, je me mets les mains sur les oreilles en chantant « La la la la la », je me plonge la tête dans le sable.

Je fais l’autruche.

Je sais, c’est malsain. Peu digne d’une femme intelligente. Je devrais, au contraire, m’informer, apprendre, militer.

Mais ma réaction est viscérale.

Je refuse d’envisager un monde dans lequel le plus beau métier du monde, celui de créateur, se voit remplacé par un logiciel. Je ne peux même plus me réconforter en me disant que ça n’arrivera pas : une nouvelle littéraire rédigée par intelligence artificielle a déjà gagné un prix littéraire en chine et je peux vous nommer au moins trois livres jeunesse québécois dont la couverture, les illustrations intérieures ou les deux ont été faites par intelligence artificielle.

Le pire, c’est que je ne m’inquiète même pas pour moi! Il ne me reste qu’une vingtaine d’années de carrière, et cette dernière est suffisamment installée pour que je me rendre jusqu’à la retraite sans être trop affecté. Le problème n’est pas là.

Je vous dirais bien ce qui me fait peur dans tout ça… mais, honnêtement : JE VEUX MÊME PAS Y PENSER!

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La cinquantaine!

image de Rostislav Kralik prise sur publicdomainpictures.net— Quel âge vous avez, madame?

Une question qui revient souvent en animation scolaire, et à laquelle je réponds toujours sans gêne. La prochaine fois, la réponse aura changé de décennie : j’ai 50 ans aujourd’hui.

Je suis chanceuse, j’ai un des métiers artistiques dans lequel vieillir est le moins problématique. Aucun éditeur ne m’a jamais parlé de mon poids, de mes rides ou de mes cheveux blancs. Pas de culte de la jeunesse, ou d’invisibilité âgiste : personne ne s’attends à ce qu’un auteur soit beau et lisse!

Ma deuxième chance est que je ne suis pas une autrice « hip » ou « actuelle ». J’essaie (je dis bien j’essaie!!!) d’écrire des classiques, des livres sans âge, universels. J’ai choisi le bon genre pour y arriver : il est plus facile d’éviter les références culturelles ou technologiques dans les romans de l’imaginaire que dans les romans miroir.

Par contre, un auteur jeunesse ne doit pas être dépassé, et là, l’âge de mes enfants m’inquiète plus que le mien! À 19, 16 et 13 ans, ils sont désormais plus vieux que la plupart de mes lecteurs et je ne pourrai bientôt plus me fier à eux pour répondre à mes questions de langage ou de références. Au souper, il ne m’est pas rare de prononcer des phrases commençant par : « les enfants, comment appelez-vous…? » ou encore « est-ce que vos amis connaissent…? ».

Je vieillis, et je perds progressivement mon focus-groupe maison.

Heureusement, l’imaginaire n’a pas d’âge, et les émotions des jeunes restent les mêmes, quelle que soit l’époque. Je suis bonne pour d’autres décennies encore.

Mon père rêvait de jouer son âge au golf… si tout va bien, j’aurai publié le même nombre de livres que mon âge d’ici la retraite!