
Certaines choses sont en train de changer, discrètement, au niveau des salons du livre. Il y a deux ans, pour la première fois, un éditeur m’a proposé un paiement pour mes séances de signatures. Un second me l’offre cette année.
Il y a longtemps que mes frais de déplacement dans les salons sont remboursés : transports, repas, nuit d’hôtel au besoin. Payer les séances est quelque chose de plus nouveau. La première fois que j’ai entendu parler de l’idée de rémunérer les auteurs en Salon, ce sont les auteurs français qui en parlaient, à travers le mouvement #PAYETONAUTEUR. Ils se comparaient aux plantes vertes, notant que les salons payaient pour ces décorations… mais pas pour leur présence à eux.
Remarquez, ce ne sont toujours pas les salons qui rémunèrent, ce sont les éditeurs. Je remercie d’ailleurs les miens du fond du cœur. Dans la plupart des contrats, il est inscrit que les auteurs s’engagent à faire la promotion de leurs livres, et les salons sont toujours un peu tombés dans cette catégorie. Mais qu’est-ce qui est raisonnable? Combien de salons? Combien de jours? Une journée en salon, c’est une journée sans écrire, une journée loin de sa famille, bref une journée de travail. Rémunérer les heures en salon, c’est reconnaître que les auteurs y travaillent.
Je sais que cette nouvelle pratique vient avec certaines inquiétudes. De la part d’éditeurs, d’abord, pour qui les salons ne sont pas toujours lucratifs. De la part des auteurs, aussi, qui craignent que seules les vedettes se voient assigner des heures de signatures à l’avenir.
Je ne connais pas assez tous les aspects en jeu pour proposer des solutions parfaites à tout ça… je sais seulement que, dans un milieu où les artistes peinent statistiquement à vivre de leur art, cette rémunération additionnelle est une marque de respect fort bienvenue pour le maillon de base de la chaîne littéraire.