Découvrir la plume de David Goudreault

Je voyais son nom passer depuis quelque temps. Dans le paysage littéraire québécois, il était difficile à rater! Étoile montante, de tous les prix, sa première trilogie, La bête à sa mère et suite étaient sur toutes les lèvres.

Ce n’est que la semaine dernière que je me suis finalement laissée tentée, profitant d’une visite au Port de Tête pour mettre la main sur « Ta mort à moi », son plus récent volume.

Je pourrais vous faire un résumé de l’histoire, mais très honnêtement, l’histoire, on s’en fout! C’est de la plume dont il s’agit: intelligente, moderne, jamais prétentieuse. On s’arrête à chaque deux phrases pour les savourer tant elles sont bien ficelées, montées à grands coups de zeugmes, de ruse et de mots choisis non pour leur rareté ou leur longueur, mais bien pour leur justesse.

Lire David Boudreault, quand tu es auteur, c’est te prendre une grande claque de « tu pourrais faire mieux » en pleine gueule.

Chroniques post-apocalyptiques… la suite!

On me l’a demandé maintes fois. Dans les classes, les salons du livre, les médias sociaux. « Est-ce qu’il va y avoir une suite? ». La possibilité d’une websérie a également remis la question sur la table. J’ai arrêté toutes mes manœuvres d’évitement et j’ai commencé à y penser.

Plus de trois ans après la sortie du premier, l’idée a jailli et je m’y suis finalement mise : j’ai un manuscrit en cours pour un deuxième tome.

Je l’ai entamé avant que le COVID ne se déclare. J’en étais environ à la moitié lorsque les écoles ont fermé. Je n’y ai plus touché pendant des semaines. DES SEMAINES. Comment écrire un livre de fin du monde alors qu’on a l’impression d’en vivre une?

Puis, jeudi dernier, profitant d’une sortie au parc, j’ai ouvert le document, et les mots ont bien voulus s’aligner.

Ça avance. Si bien que je l’ai promis à mon éditeur pour septembre! Qu’est-ce que je peux bien vous dire d’autre?

  • Il sera aussi court que le premier (désolée!)
  • On y verra Astride, Montréal, la bibliothèque, M.Beauséjour… mais un nouveau personnage viendra leur voler la vedette à tous.
  • Le titre, jusqu’à preuve du contraire, sera : « Chroniques post-apocalyptiques d’une jeune entêtée ».
  • Sa publication est prévue pour le printemps prochain.

Je vous tiens au courant, promis!

Un nouvelle histoire du Soutermonde… dans j’aime lire! 

Comme auteur jeunesse, il y a certaines institutions de notre propre enfance qu’il nous fait particulièrement plaisir de toucher du bout du doigt, comme créateur plutôt que lecteur. Signer chez Courte Échelle en était un. Ce mois-ci j’en réalise un deuxième: publier une histoire dans j’aime lire.

Bon, c’est dans mes premiers j’aime lire, et seulement la version québécoise, mais le bonheur n’en est pas moindre! Il y a quelques mois, ils m’ont demandé une histoire du Soutermonde pour les lecteurs débutants. Elle est sortie au début du mois, dans le numéro de mai (#42, ci-contre), mais entre mon déménagement et le COVID je ne l’ai vue que cette semaine.

En voici la première page:

La ratonne, c’est Gwendolyne, un personnage connu des lecteurs du Soutermonde, lorsqu’elle était petite. Il faut l’avouer, Baptiste s’est surpassé sur cette histoire! Ses personnages sont expressifs, ses mouvements dynamiques, et ses couleurs mettent une ambiance pas possible! J’ignore si le magazine se trouve encore en kiosque, mais, pour les intéressés, vous pouvez l’acheter directement du site de Bayard Canada.

Ce n’est pas la première présence du Soutermonde dans un des magazines de Bayard! En feuilletant des vieux Débrouillards cette semaine, mon fils est tombé sur cette petite merveille d’illustration faite par Jacques Goldstyn à l’occasion du spécial lecture de l’été dernier. L’écrou sur la queue du rat n’est pas une coïncidence, ce rongeur-lecteur accompagnait la suggestion de lecture du premier Soutermonde: Sammy Sans-Def.

Soit dit en passant, mon billet de la semaine prochaine annoncera une surprise que plusieurs lecteurs espèrent depuis longtemps…  Ne manquez pas ça!

 

Une année virtuelle?

Avec la sabbatique, je prenais congé d’animations scolaires. Même si les classes françaises avaient voulu de moi, j’étais sur un visa touristique, et n’avais donc pas vraiment le droit de travailler.

J’avais tout prévu pour mon retour! J’avais collecté les courriels des professeurs m’ayant contacté dans l’année, et planifiais leur envoyer une relance vers la fin du printemps, histoire de commencer à remplir mon calendrier pour l’année scolaire 2020-2021. J’avais tout prévu… sauf la pandémie!

Parce que ramener les enfants et les professeurs en classe est une chose… permettre à une tierce personne pas du tout essentielle à l’équation de s’y ajouter en est une autre. “Les animations scolaires reprendront-elles?” est la question que se posent bien des auteurs jeunesse en ce moment.

Et comme les auteurs sont résilients, ils se relèvent les manches et s’adaptent. Bienvenue dans une ère d’animations par vidéoconférence!

J’ai des ami(e)s qui l’offrent depuis longtemps, entre autres pour rejoindre les classes de régions éloignées. Je l’ai moi-même déjà fait pour une présentation hors province. Ça marche plutôt bien, à condition de faire équipe avec la professeur, qui doit donner les tours de paroles (parfois même passer le micro, ou relayer les réponses) et gérer la discipline, puisqu’il est difficile de le faire à travers l’écran.

Bref, il est certain que, septembre venu, je serai disponible via internet pour les classes intéressées. Il me reste à réfléchir à l’adaptation de mon animation… (plus de visuel, peut-être? Une présentation PowerPoint pour accompagner?) et à espérer que les professeurs seront enthousiastes à l’idée!

Le grand retour! 

En septembre dernier, j’étais partie en France avec toute ma famille pour passer une sabbatique en Provence. Nous avons vendu notre maison de Montréal pour louer un meublé en pleine campagne près d’Aix-en-Provence, avons inscrit les enfants à l’école, et sommes partis pour cette aventure. 8 mois et demi plus tard, nous sommes de retour.

Je vous mets ici un bout de ce que j’ai écrit sur mon Facebook Perso, au matin du départ, et qui donne une bonne idée de mes bonheurs des huit derniers mois:

“Je laisse un petit morceau de mon coeur dans cette maison de Provence. Lorsque j’aurai besoin d’un « happy place« , je fermerai les yeux pour me retrouver dans le hamac, entourée de fleurs et de papillons. Je surveillerai du coin de l’oeil la sortie des lapins et la floraison des amandiers. J’écrirai, face à la Sainte-Victoire en observant les oiseaux entre deux chapitres. Je crapahuterai à travers les herbes, main dans la main avec ma plus jeune, à la recherche d’ insectes fabuleux. J’arpenterai le plancher froid pour ouvrir les volets, m’installerai au piano et jouerai un air d’Aznavour.” 

Il m’est difficile de dire ce que j’en retire. Pas encore assez de recul. Je devrais peut-être lire le livre de Marie-Julie Gagnon pour m’aider! Il faudra attendre aussi pour voir ce que ce séjour m’aura inspiré côté écriture! Je ne suis pas de ces auteurs qui écrivent leur vie au présent. Mes idées ont besoin de temps pour percoler. Chose certaine, j’ai écrit: un manuscrit de 40 000 mots avec lequel je ne sais pas trop ce qui arrivera, un troisième Pétronille, et le début d’un livre important dont je ne veux pas vous parler tout de suite. 

Je rentre reposée et prête à me plonger dans le tourbillon des Salons du livre et des animations scolaires… si jamais ceux-ci finissent par reprendre. 

Et comment on écrit le présent, maintenant?

Dans les dernières semaines, mon amie et collègue Valérie Fontaine a posé une question très intéressante sur un groupe de discussion d’auteurs: le traitement que l’ont doit réserver à la réalité actuelle dans nos écrits? Plus précisément, si on écrit un roman dit « miroir », doit-on faire fi de la crise actuelle et de ses répercussions ou, au contraire, les intégrer au roman?

Voyons chacune des trois options de plus près.

Situer le roman AVANT la crise:
On écrit comme si rien ne s’était passé, comme si tout avait lieu dans l’année qui précède, ou encore dans une réalité alternative où ce satané virus ne s’est jamais pointé le bout du nez. Le problème? C’est que, tout le monde en est conscient, la crise changera des choses au niveau social, et ne pas tenir compte de ces changements risque de dater le roman! Une simple bise de bonjour, une boum entre amis, un concert dans une salle fermée et la temporalité du roman passe de « présent » à « passé »…  pour ne pas dire « dépassé! ».

Le situer PENDANT la crise:
Je crois que celui-ci est un piège! Tous les éditeurs craignent d’être inondés de « Journaux de confinement » dans les prochains mois. La vérité est que, juste après la crise, il y a de fortes chances pour que les lecteurs n’aient pas envie d’en entendre parler! Trop tôt! Pas assez de recul! Un peu comme une chanson de Noël au mois de février (ou de la neige au mois de mai, exemple tout à fait hypothétique) !

Le situer APRÈS la crise:
Évidemment, puisqu’il faut en moyenne une année (je dis moyenne, parce que ça peut être plus court comme ça peut être plus long) entre l’écriture d’un roman et sa sortie en librairie, on ose espérer que nous serons rendus à l’après. La meilleure manière de rester « actuel » est donc de tenter de prévoir les changements… mais comment? À moins d’avoir une machine à voyager dans le temps, des dons de voyance, ou un futurologue miraculeusement talentueux à portée de main, les chances de se tromper sont plus grandes que celles d’être justes! Porterons-nous des masques? Toujours? Seulement lorsque nous sommes malades? Juste dans les transports en commun? La forme des files d’attente sera-t-elle changée à jamais? Le télétravail deviendra-t-il la norme, créant ainsi un nouvel exode vers les campagnes?  QUI SAIT!!??

Bref, il y a zéro bonne solution!

Je me demande bien si les auteurs se sont posé la question lors de la Révolution française!

J’ai aussi bien hâte de voir, dans un an, les solutions qu’auront choisies mes collègues!

L’ inquiétude

Vous vous demandez ce que je fais (à part des casse-têtes) pendant ce temps de confinement? Et bien, comme tout le monde: je m’inquiète.

Je m’inquiète pour mes enfants et le genre d’enfance que je leur offre, pour les aînés qui doivent choisir entre risquer de mourir et risquer de ne vivre qu’à moitié, pour la situation dans les CHSLD qui me laisse sans mots, pour les entrepreneurs qui devront fermer boutique, pour les soignants au bout du rouleau et pour bien d’autres choses encore.

Aussi, je m’inquiète pour mon industrie.

Je pense à mes amis auteurs, particulièrement ceux qui comptent sur les animations scolaires pour y arriver. Je pense aux librairies vides qui font bien ce qu’elles peuvent avec la livraison, aux éditeurs qui étaient déjà à bout de souffle avant tout ce bordel.

Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « la chaîne du livre ». La littérature est une industrie aux multiples maillons, dont la survie de chacun est tributaire de la survie des autres. Il s’adonne que cette chaîne n’est pas solide-solide, et ce, depuis longtemps.

Des articles sortent, des études aussi. Sur les conséquences du confinement pour les libraires, les auteurs, les éditeurs. C’est à peine si j’ose les lire. Je me sens comme les petits singes proverbiaux : une grande envie de me boucher les yeux et les oreilles, comme si mon ignorance allait faire que le problème n’existera plus.

Lorsque j’en parle à mon entrepreneur de mari, il y voit des opportunités de réinvention. « Les éditeurs pourraient ceci… » « les librairies devraient cela… », « les auteurs… ». Il rêve la transformation de mon industrie pendant que moi-même j’en cauchemarde les séquelles. Parce que s’il y a une transformation, il y aura des laissés pour compte.

Je sais, mon industrie n’est pas la seule à souffrir. Elle n’est possiblement même pas la plus touchée ou la plus fragile. Mais, que voulez-vous, c’est celle qui est la plus proche de moi. Alors c’est plus fort que moi : je m’inquiète.

Les chroniques se dirigent… vers vos écrans!

Ça fait des mois que ça se trame et que je ne dis rien. Un producteur est tombé sur mes chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage et a décidé d’en faire une websérie. Il s’est entouré d’une équipe de feu, a embarqué Bayard, a trouvé un diffuseur potentiel.

Un casting a même été fait!

Tout cela restait tout de même théorique…  mais cette semaine, le Fond indépendant de production (FIP) et le Fond des médias canadiens (FMC) ont annoncé leur décision de financement du programme de développement de séries de fiction de format court, et dans la liste, il y avait ceci :

Et soudain, le projet prend une nouvelle couche de réalité! Il sort du rêve et entre dans une première étape de conception, soit l’écriture du scénario de quelques épisodes, et, si tout va bien, le tournage d’un pilote (confinement permettant).

Après? Ce ne sera pas encore gagné! Il y aura d’autres étapes, d’autres financements à espérer, d’autres doigts à croiser. Mais maintenant que le projet n’est plus secret, je voulais partager avec vous mon excitation à l’idée de voir mon histoire se transposer dans un autre médium, et de voir mes personnages prendre vie, incarnés à travers le talent des acteurs.

Vous croiserez les doigts avec moi?

Mon casse-tête est plus beau que le tien!

En ces temps de confinements, les casse-têtes sont devenus très populaires. À quel point? Au point que lorsque j’ai voulu en commander un sur un site spécialisé, j’ai eu droit à un message d’erreur me disant que la poste les limitait à 800 colis par jour et que le nombre était déjà atteint.

Chacun à sa préférence lorsque vient le temps de faire un casse-tête : paysage, peinture, humour, etc. J’ai pensé profiter de l’occasion pour vous présenter un de mes univers graphiques préférés : Zozoville.

Il s’agit des œuvres de deux artistes allemands, Johan Potma et Mateo Dineen, qui se sont regroupés sous ce nom farfelu. Ils ont même leur propre galerie à Berlin, que je me promets bien de visiter un jour!

Je les ai découverts en casse-tête, au magasin de jouets de mon quartier. J’en ai déjà cinq, dont voici deux exemples:

Leurs œuvres trônent également en fond d’écran de mon téléphone et de toutes mes tablettes depuis longtemps!! J’ai bien l’intention, un jour, de me payer un original! En attendant, je reconstruis l’image, un morceau à la fois.

Les trois ingrédients de la productivité

La plupart des auteurs (et des artistes en général), dans mon réseau, ont de la difficulté à être productifs depuis le début du confinement. Comme je suis pas mal dans le même bateau, je me suis penchée sur la question : qu’est-ce qui me rend productive d’habitude? Quelle est la recette secrète?

J’en suis arrivée à trois ingrédients tout à fait indépendants les uns des autres. En fait, personnellement, n’importe lequel des trois, à lui tout seul, suffit à me rendre productive! Évidemment, l’accumulation permet une efficacité accrue!

La motivation : Ou si vous préférez, l’envie d’écrire! À quel point l’histoire qui m’habite m’emballe, à quel point les idées affluent, à quel point les doigts me démangent de toucher le clavier! J’imagine qu’on pourrait appeler ça « l’inspiration », aussi.

Le temps : Avec suffisamment de temps pour se mettre à la tâche, l’auteur finit par être capable de trouver sa zone et écrire quelques pages. Elles ne seront pas nécessairement bonnes, mais de l’encre sera couchée sur le papier, c’est déjà ça!

Une date de tombée : C’est la résultante du « pas le choix! ». Si un manuscrit est dû, quelles que soient les conditions de travail, l’auteur trouvera un moyen d’avancer. Ça ne veut pas dire qu’il ne sera pas obligé de repousser l’échéance, mais il avancera au meilleur de ses capacités!

L’état actuel des choses fait que la motivation est difficile à trouver, la situation était assez préoccupante pour laisser très peu de place aux muses. On pourrait penser que le confinement permettrait aux artistes de se consacrer entièrement à leur art, mais en fait, la présence des enfants réduit chez plusieurs la possibilité de s’attabler à la tâche pour plus de 20 minutes (des fois plus, des fois moins, selon l’âge des enfants!). Finalement, s’il s’adonne, comme c’est mon cas, que vous n’avez pas de manuscrit à remettre avant-hier-dernier-délai, qu’est-ce qui reste comme productivité?

Rien! Il ne reste rien!

Alors, ne vous en faites pas, chers amis auteurs, si vous n’écrivez pas ces temps-ci. Vous n’êtes pas les seuls!