Archives de catégorie : Le métier

Un sursis pour l’angoisse

À la fin mai, je vous disais envoyer le manuscrit de Terre Promise en France. Il a fallu un mois de plus pour que tous les manuscrits soient envoyés, et un deuxième pour que certains arrivent, puisque quelques-uns ont dû partir par bateau.

Si je calcule 4 à 6 mois pour avoir des nouvelles, celles-ci devraient arriver pas mal maintenant… ou pas du tout.

À l’envoi, je m’étais donnée jusqu’à ma fête (la semaine dernière) pour recevoir des réponses. J’ai reçu une première lettre de refus à la mi-octobre, signe que les décisions commencent à se prendre. J’ai décidé de m’accorder un mois de plus, donc jusqu’à la fin novembre.

Et en attendant, j’angoisse, je doute, et je sursaute à chaque sonnerie de téléphone.

La non-acceptation de ce manuscrit ne serait pas une catastrophe. J’ai bon espoir de pouvoir le placer au Québec, il aura simplement pris un peu de retard. L’impact global sur ma carrière sera à peu près nul, mais ce serait quand même une déception, voire un échec. Un de plus dans la pile des désillusions de mon métier-pas-facile.

Parce qu’il est comme ça, mon métier : une suite de succès et d’échecs. Pour chaque série qui marche, une qui marche moins, pour chaque « oui », un « non », pour chaque arrivée en librairie, une disparition des tablettes.

Parfois, une fatigue s’installe…  pour disparaître à la prochaine bonne nouvelle.

PS : De manière amusante, un second refus est entré au moment même où j’écrivais ce billet. L’attente continue.

4 bonheurs d’être juge!

Ma carrière a beaucoup gagné en crédibilité dans les dernières années, notamment avec les nominations et prix récoltés par les chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage. Un des plaisirs collatéraux de tout ça, c’est qu’on me demande de plus en plus mon opinion. Cette année, je suis donc sur le jury de trois prix différents, et je dois avouer ADORER ça! Et pour plusieurs raisons!

Bonheur #1 : Recevoir sa caisse!
Être juge littéraire, c’est avant tout recevoir des textes, ou, encore mieux, DES LIVRES!!! Chaque fois, c’est un peu Noël : l’anticipation de se demander ce que l’on recevra, l’excitation d’ouvrir la caisse, j’en prendrais toutes les semaines!

Bonheur #2 : Les lectures imposées
Bon, je dois vous l’avouer, c’est le morceau qui fait peur. On n’a pas nécessairement de bons souvenirs des lectures imposées durant notre parcours scolaire, même si certaines d’entre elles sont restées avec nous (Merci au professeur qui m’a fait lire l’écume des jours!). Mais des lectures imposées, c’est aussi sortir de sa zone de confort et élargir ses horizons. Je suis toujours contente de réaliser que je suis capable de lire n’importe quoi! Même avec un très mauvais livre, j’y trouve mon compte. Je joue les directrices littéraires, je repère les atrocités, et, à travers tout ça, je deviens une meilleure autrice.

Bonheur #3 : Discuter de ses lectures
Évidemment, on n’est jamais le seul juge d’un concours! Il faut donc qu’il y ait délibération, et là, c’est comme un club de lecture privé! On rencontre d’autres gens allumés, qui ont lu les mêmes livres que  nous, et on découvre ce qu’eux ont retiré de chaque texte, ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils ont détesté. Ces discussions sont la cerise sur le gâteau, le grand partage par lequel tout est bonifié! La décision finale n’est jamais facile, mais la rencontre qui y mène est toujours stimulante!

Bonheur #4: Faire briller la lumière sur une oeuvre qui le mérite!
Quand j’aime un livre, j’ai envie d’en parler à tout le monde pour qu’ils le lisent à leur tour! C’est pourquoi je mets des critiques sur Goodread, et pourquoi certains ce mes billets de blogues parlent de mes lectures. Avec les prix littéraires, non seulement ça mets le livre en valeur, mais ça encourage l’auteur de continuer, d’en écrire d’autre, et ça, c’est gagnant pour tout le monde!

Bref, j’espère bien que ces trois prix pour lesquels je suis juge ne seront pas les derniers, car c’est vraiment un des beaux « bonus » de mon métier!

C’est une euphonie! m’exclamé-je.

Dans une lecture récente, j’ai fait la rencontre d’une forme nouvelle. Lors d’un dialogue en première personne du singulier, au présent, l’auteur utilise des verbes en terminaison en “é”.

Crié-je

M’exclamé-je

Fulminé-je.

À la première rencontre, j’ai cru à une erreur. À la cinquième, j’ai bien dû accepter qu’aucun réviseur n’est assez mauvais pour en laisser passer autant, et j’ai demandé à quelques amis plus fort que moi en grammaire de m’éclairer.

Ce n’est pas une faute, c’est une euphonie, m’ont-ils expliqués, soit l’ajout de son ou de lettres pour que la juxtaposition de deux mots fonctionne mieux à l’oreille. Un exemple hyper courant: l’ajout du “t” dans “m’aime-t-il?”.

C’est une manière d’utiliser, au présent, la forme de dialogue utilisée dans la littérature au passé simple. D’autres auteurs m’ont avoué préférer la forme avec “que”.

            — Dialogue! que je lui crie.

J’ai écrit quatre de mes cinq derniers romans à la première personne du présent, et il ne m’est jamais venu l’idée d’utiliser l’une ou l’autre de ces formes.

Curieuse, je suis allé voir le manuscrit du Soutermonde, pour voir comment je gère les dialogues du narrateur.

J’ai deux tendances :

Soit je contextualise.

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Soit j’annonce à l’avance et utilise les deux points.

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Par contre, j’utilise volontiers la forme classique lorsqu’il s’agit de tiers personnages.

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Je ne crois pas qu’il y ait une forme meilleure que l’autre. Je réalise, par contre, que c’est à travers ces milliers de petits choix linguistiques qu’un auteur se crée un style personnel.

Tableau de l’enthousiasme de l’auteur

Je dis « l’auteur » dans le titre, mais en fait, je veux dire « moi »! Voici donc, en ligne de temps les hauts et les bas de mon enthousiasme et de ma confiance en mes projets lors des différentes étapes qui les mènent à la publication.

ligne du temps de l'enthousiasme de l'auteur

  1. L’idée! C’est le moment le plus pur. L’idée émerge, et on a l’impression qu’elle est géniale et qu’on est les premiers au monde à l’avoir (on l’est rarement!).

  2. Écriture du premier tiers : moment plutôt confus alors que je bâtis l’univers à tâton et que je cherche la voix du narrateur. Mon humeur vacille selon les blocages et les trouvailles.

  3. Peu à peu, durant l’écriture du deuxième tiers, je m’essouffle. J’ai l’impression d’y travailler depuis des lustres, et je n’en vois plus le bout. La question de « suis-je en train de perdre mon temps » émerge.

  4. Quelque part dans le troisième tiers, je me plonge dans les scènes qui me trottent en tête depuis le début, dans l’apogée de l’action et des interactions. Ô comme je vais surprendre le lecteur! C’est l’euphorie des derniers milles!

  5. Réécriture. Il fut un temps où je trouvais cette partie pénible, mais j’ai appris à l’apprécier. Je sais que c’est là que mon livre devient bon pour de vrai. D’une version à l’autre, je prends confiance.

  6. Envoi à l’éditeur. Le jour même, tout va bien! Il faut du courage pour appuyer sur « send », l’action me galvanise.

  7. Puis vient l’attente. Plus elle est longue, plus le moral descendra dans les bas-fonds.

  8. Acceptation de l’éditeur. Moment James Cameron.
  9. via GIPHY

  10. Attente des corrections. C’est systématique, plus ça fait longtemps que je n’ai pas touché à mon manuscrit, plus j’en oublie les qualités. Chaque période d’attente est une longue descente vers les enfers du doute.

  11. Réception des corrections : courte panique. AAAHHHH!!!! Que de rouge! Comment ai-je pu faire des erreurs aussi stupides? Serais-je seulement capable de régler ce problème narratif?

  12. Direction littéraire, et comme dans le premier re-travail, au fur et à mesure que les choses se placent, l’enthousiasme pour le projet et ma confiance en ses qualités remontent.

  13. Réception des illustrations, de la couverture et des épreuves mises en page. WOW! Ça ressemble à un livre! Un vrai, professionnel et tout! C’est con, mais on dirait qu’à chaque fois, je m’étonne de ne pas écrire des histoires sur des feuilles lignées brochées dans un coin.

  14. Attente jusqu’à la publication. Dès qu’il y a le mot « attente », on se dirige vers le bas!

  15. Publication, un jour toujours super excitant, mais anticlimatique, aussi! On a si hâte, et une fois qu’il arrive, il ne se passe en fait pas grand-chose. Viendra éventuellement le reste : critiques, ventes, disponibilités en librairies, possiblement nominations et messages de lecteurs, bref une autre série de hauts et de bas! Mais rendu là, on sera en pleine écriture du prochain… et on recommence!

Payés ou pas?

Illustration de Merlin2525 prise sur clipart.orgLa semaine dernière, le mot clic #PayeTonAuteur se promenait sur les réseaux sociaux pour inciter le Salon du Livre de Paris à payer les auteurs en animation et en tables rondes. Pendant ce temps, de mon côté, je me voyais offrir, pour la première fois, une rémunération pour deux activités distinctes pour lesquelles je n’avais jamais été payée auparavant. Alors, essayons d’y voir clair : quand un auteur devrait-il être payé?

Étrangement, la personne qui a démystifié cette question pour moi n’est pas un auteur, mais bien une actrice (Salut N!) qui a l’habitude des sollicitations de toutes sortes.  Voici ce que j’ai retenu de ses explications :

Un artiste n’est pas payé lorsque… il est clairement là pour parler de sa dernière œuvre, avec aucun autre effort à fournir que d’être là et répondre aux questions

un artiste devrait est payé lorsque… on se donne en spectacle ou qu’il est présent pour son expertise et/ou opinion

Pour des acteurs, ça veut dire aller gratuitement à tout le monde en parle discuter du dernier film/pièce de théâtre qui sort pendant la fin de semaine, mais être payé pour cuisiner devant les caméras avec Christian Bégin.

Pour un groupe de musique, ça veut dire ne pas être payé pour être interiewé à la radio entre deux chansons du disque, mais l’être pour faire une performance en direct à Belle et Bum.

Et pour un auteur, ça veut dire quoi?

Ne pas être payé pour: 

  • Séance de signatures en salon ou en librairie
  • Entrevue dans laquelle un animateur/journaliste pose les questions, quel que soit le média (télé, radio, web, magazine, etc.)

Mais être payé pour :

  • Animation scolaire ou en salon, puisqu’il est seul sur l’estrade à donner un « show ».
  • Tables rondes, puisqu’il est alors question de son expertise/opinion
  • Lecture de texte/heure du conte puisqu’il se donne en spectacle

Évidemment, c’est de la théorie tout ça! Dans la pratique, c’est plus compliqué! Il y a les faveurs dûes, les amis, les classes de nos enfants, les organismes de bienfaisance, les petits événements sympathiques mais sans budgets, et bien d’autre. Bref, parfois, du cas par cas, mais ça aide d’avoir un guide général!

Finalement, l’analyse ne serait pas complète si je ne parlais pas un peu du monde des affaires. Ça fait des années que je vois mon mari donner des conférences, ici comme à l’international, sans paiement de la part des organisateurs. La différence? Il continue de recevoir un salaire de la part de son employeur pendant ces événements! Il n’est pas obligé de prendre une journée sans solde, ce qui est le cas d’un auteur lorsqu’il n’écrit pas.

La roulette russe des taxes

Illustration de casino prise suropenclipart.orgQuoi? On va parler d’impôts? Quel sujet non-littéraire, me direz-vous! Mais il est une bête noire avec laquelle tous les travailleurs autonomes, y compris les auteurs, doivent composer, j’ai nommé la TPS et la TVQ.

Je m’explique. Il existe un plafond de 30 000$ de revenus, en dessous duquel un travailleur autonome ou un auteur n’est pas obligé de charger la TPS-TVQ à ses éditeurs et clients. Je fais confortablement du limbo sous cette barre depuis des années.

Je pensais pouvoir ignorer ces taxes encore longtemps puisque, dans ma naïve tête de citoyenne mal informée, je croyais que les droits d’auteurs ne comptaient pas dans le calcul du 30 000$! J’ai appris en fin d’année dernière que oui, ça compte.

J’ai d’abord paniqué! Je savais que j’avais fait une bonne année, avec un nouveau client de pige, et plus d’animations scolaires qu’à l’habitude! Or, si j’avais dépassé le fameux plafond, il m’aurait fallu recontacter tous mes clients (et éditeurs) de l’année pour leur réclamer la TPS-TVQ plusieurs mois après que le contrat soit terminé. PAS SUPER TENTANT!

Parce que le problème est là : on ne commence pas à charger les taxes APRÈS avoir atteint le 30 000$, mais bien RÉTROACTIVEMENT pour toute l’année en cours!

Tous ceux qui ont déjà fait de la pige le savent, la facturation n’est pas toujours une partie de plaisir. Alors, imaginez une facturation rétroactive sur 12 mois! Ouch!

Fin de l’histoire : en décembre, j’ai fait un calcul rapide de mes revenus de l’année, et ça va, je passe encore sous la barre. Je n’ai jamais été aussi contente d’avoir un tout petit revenu!

Une auteure prudente aurait tout de suite demandé son numéro de taxe pour l’année suivante. Personnellement, j’ai préféré me taper une autre année de la roulette russe des taxes! Il faut croire que j’aime vivre dangereusement! On s’en reparle en décembre?

Démystifier le GG!

mathilde poissonVoilà, les gagnants des prix du Gouverneur Général ont été annoncés, et c’est à Véronique Drouin et son L’importance de Mathilde Poisson qu’est revenu l’honneur du prix Jeunesse-Texte. Ne vous inquiétez pas pour moi, avec la pile de nomination à laquelle j’ai droit cet automne, je ne suis aucunement contrite que le grand prix m’ait échappé! Au contraire, juste la nomination, c’était déjà extraordinaire! J’en profite donc pour vous partager quelques apprentissages sur ce prix prestigieux!

On ne sait pas d’avance si on est finaliste…
Pour la plupart des prix, l’auteur et son éditeur sont avertis d’avance de la nomination qui s’en vient. Parfois, même, plusieurs mois d’avance. On fête donc en catimini avec ses proches, puis on attend l’annonce publique pour pouvoir s’exciter avec les autres. Pour le GG, j’ai appris ma nomination en même temps que tout le monde! Je dois l’avouer, c’est beaucoup plus excitant.

… mais on sait rapidement si on gagne!
Les finalistes sont avertis que, s’ils sont lauréats, ils recevront un coup de fil une semaine après l’annonce publique des nominations. On ne passe donc que quelques petits jours dans l’incertitude, puis on attend l’annonce officielle pour re-fêter avec les autres.

Le seul rôle du gouverneur est cérémonial
Bon, c’est peut-être moi qui suis naïve, mais je pensais que la Gouverneur Général avait son mot à dire sur les lauréats. J’imaginais qu’un comité choisissait les finalistes, et que c’est le (ou la!) Gouverneur en poste qui choisissait parmi ceux-ci. J’ai réalisé après coup l’impossibilité de la chose! Avec les volets anglophones et francophones, ça fait quand même 70 livres à lire, ce qui n’est pas à la portée de tous! (Bravo, donc, à tous les comités de sélection de tous les prix du monde, qui en lisent bien plus que ça!)

Et côté cérémonie, seuls les Lauréats sont invités à Ottawa. Les autres recoivent leur récompense par la poste.

Le relationniste de presse est fourni!
Comme finalistes, on se fait demander nos disponibilités pour le relationniste de Presse responsable du prix. Il faut l’avouer, c’est une belle touche, après tout, l’idée d’un prix est de mettre le “spotlight” sur quelques titres! J’ai envoyé les miennes avec le sarcasme de penser que seuls les finalistes des prix adultes seraient contactés, et j’ai rapidement été démentie avec une demande de réponses-courriels de la part du magazine l’Actualité. Bravo à eux de s’intéresser à nous!

Les prix littéraires sont exemptés d’impôts
Ça, je dois l’avouer, c’est une jolie surprise! C’était inclus dans la lettre finale reçue du Conseil des arts! Bon, ils protégeaient leurs fesses en disant bien que l’avis de leurs conseillers fiscaux ne constituait pas un conseil fiscal (??!!??), mais l’extrait de texte de loi rendait la chose assez claire, du moins au niveau fédéral. Il faudra creuser au niveau provincial au printemps!

Bref, une très belle aventure que tout ça! Ma seule déception? Ne pas avoir rencontré Julie Payette! N’importe quel autre Gouverneur Général m’aurait laissé de glace, mais, pour toutes les femmes québécoises de ma génération, son entrée à la NASA constituait la première véritable preuve tangible que tout nous était possible.

Réviser en morceau

J’ai toujours écrit mes manuscrits d’un coup, en premier jet, pour réviser le tout par la suite. Mais sur mon dernier manuscrit terminé (les rats), qui faisait une fois et demie la taille des plus longs précédents, j’ai trouvé le processus interminable! Et quand je ne fais que re-travailler trop longtemps sans rien créer de neuf, mon humeur finit par s’en ressentir!

Alors cette fois-ci, j’essaie quelque chose de nouveau avec Terre Promise. Je réviser mon texte à tous les 10 000 mots environ, ou à chaque arc narratif, selon le cas. Et quand je dis révise, je veux dire que je le travaille jusqu’au bout :

  • Re-travail à l’ordinateur
  • Re-travail papier
  • Antidote orthographe, phrases longues et répétitions

Ça ne me sauvera pas de tout relire d’un coup une fois terminé, juste pour m’assurer de l’uniformité du tout, mais avec un peu de chance, ça sera assez rapide pour ne pas me tanner!

Autre avantage, comme je commence à véritablement croire en mon texte environ au deuxième re-travail, ça me permet d’y croire plus vite, une section à la fois!

Allez-y, appelez!

ScreenHunter_01 Aug. 14 09.08Dans les groupes d’auteurs, il est une demande qui revient environ tous les trois mois. À chaque fois, elle suit un peu le même schéma : « Mon éditeur devait me donner des nouvelles, le délai est passé, devrais-je l’appeler? »

Derrière la question se cachent deux angoisses! Premièrement, l’auteur s’inquiète que le retard dans les nouvelles cache une catastrophe. Il se met à s’imaginer que l’éditeur a changé d’idée, qu’il n’aime plus le manuscrit, qu’il ne le publiera pas finalement, ou quelque chose du genre. Il faut dire que les auteurs ont de l’imagination (ça fait partie du métier), et qu’on a tous entendu des histoires d’horreurs dans le genre, lorsqu’on en a pas directement vécu nous-mêmes!

Cette angoisse, je la comprends! La dernière fois qu’un éditeur a arrêté de me donner des nouvelles, il a fait faillite! :-/

Le problème, c’est la deuxième angoisse. L’auteur n’ose pas appeler, parce qu’il a peur de déranger! On apprend à l’adolescence qu’il faut se faire désirer, et ne pas appeler l’élu de notre cœur trop souvent pour ne pas le faire fuir! Mais la relation avec l’éditeur n’est pas une relation amoureuse; c’est une relation d’affaires! Il ne va pas changer d’avis sur une publication à cause d’un appel impromptu, du genre : « pas question que je le publie, il ose m’appeler une fois par six mois! ».

Bref, à la demande « devrais-je appeler? », ma réponse est toujours la même : absolument! Ne rongez pas votre, frein, demandez des nouvelles! Répondre à votre coup de fil fait partie du travail de votre éditeur comme de remettre les manuscrits à temps fait partie du vôtre! Je me demande d’ailleurs si, dans la liste des tâches officielles de l’éditeur, il n’y a pas une ligne qui dit : « Rassurer les auteurs, qui sont de grands sensibles ». Il devrait.

Et de l’autre côté, chers éditeurs, n’hésitez pas à nous contacter plus souvent! Les auteurs sont toujours contents d’avoir des nouvelles de leurs œuvres, aussi triviales soient-elles (les nouvelles, pas les œuvres!), et de se faire demander de parler un peu de leurs projets en cours. Vous y trouverez peut-être même votre compte, j’ai déjà donné des manuscrits à des éditeurs juste parce qu’ils m’avaient parlé au bon moment!

De la longueur de mes manuscrits

Illustration de cyberscooty prise sur openclipart.orgJe n’ai jamais été très bonne pour « faire long ». À l’école, lorsqu’un professeur demandait deux pages, j’en avais une et demi. Lorsqu’il en demandait 10, j’en avais 8… en grossissant les caractères et en élargissant les marges (je connais tous les trucs!). Ce n’est pas que je n’ai pas grand-chose à dire, c’est que je le dis de manière concise, par défaut.

Depuis que je suis auteure, j’ai appris à compter en mots plutôt qu’en pages. En gros, ça donne ça :

  • 16 000 mots pour les Terra Incognita
  • 10 000 mots pour les Gardien des soirs de bridge
  • 20 000 mots pour les Victor Cordi

Le chiffre peut sembler impressionnant, mais, très honnêtement, ce n’est rien! Prenez une grosse brique, par exemple un George R.R. Martin, elle comptera plutôt dans les 300 000 mots. En y pensant bien, c’est le double de la série entière de Victor Cordi!

Lorsque je sors trois livres dans une année, on s’exclame que je suis prolifique, mais tous ces mots mis bout à bout ne font que la moitié d’un Mylène Gilbert-Dumas, et à probablement même pas le tiers d’un Elisabeth Tremblay! (p.s. je m’ennuie de votre blogue mesdames!)

Comme dans toutes pratiques, à force d’exercer, on évolue! J’ai récemment terminé mon manuscrit des Rats (nom actuel : « La ballade de Johnny Sans-Dèf »), et il compte 31 000 mots! Un record pour moi!

Et finalement, le plus grand problème d’un manuscrit plus volumineux, ce n’est pas tellement l’écriture… mais bien la révision! Je suis dans ma deuxième passe de re-travail de mes rats, et je me sens comme un pré-ado à l’arrière d’une voiture en partance pour le Lac-Saint-Jean : « Quant est-ce qu’on arrive? C’est looooonnng!!! »