Cette semaine a lieu le Salon du livre de l’Estrie, sous le thème « Résister ». Comme j’y suis l’auteur jeunesse à l’honneur jeudi (mais juste jeudi, il ne faut pas exagérer!), j’ai dû me poser la question : quelles sont mes zones de résistances personnelles?
1- Résister contre la censure
Alors que nos voisins du sud interdisent les livres qui touchent des sujets qui ne plaisent pas à leur président, il est d’autant plus important de porter l’étendard de l’ouverture d’esprit! Le jour même ou notre propre premier ministre annonçait que le gouvernement n’utiliserait pas le pronom « iel » dans ses communications, je sortais le livre Continent-Stratus, qui l’utiliser pour désigner un de ses personnages importants, soit le maître des nuages (ou « Lo maîtrem des nuages » pour les initiés). Je ne suis pas peu fière de ce timing pourtant tout à fait involontaire!
2- Résister contre la morosité et le cynisme
À partir du moment où la littérature jeunesse s’est échappée des cadres pédagogiques et religieux, elle s’est permise de pousser les limites. Des livres de plus en plus sombres, des héros de plus en plus rebelles sont apparus. J’ai décidé d’opposer à cette tendance des livres lumineux, remplis d’espoirs. Un critique français a déjà qualifié le résultat de « neuneu ». Je m’en fiche, c’est ma marque à moi : j’écris des livres gentils et préfère l’émerveillement à la peur.
3- Résister contre la simplification littéraire
On reproche souvent à mes livres leur niveau de langage trop élevé pour le public cible. J’ose le vocabulaire soutenu, les phrases inversées, et parfois même, Ô infamie, le passé simple. Certains passeurs (et éditeurs!) craignent que les lecteurs ne s’y retrouvent pas. Ils ont raison : mes livres ne sont pas pour tous. J’ai choisi consciemment d’écrire ce que l’on appelle dans le milieu des « livres défis », qui perdent certains lecteurs en chemin, mais font avancer ceux qui persistent.
Heureusement, chaque auteur choisit ses propres zones de résistance. C’est ce qui crée la fameuse « bibliodiversité » qui permet à chaque lecteur de trouver le livre qui lui convient. Si tous les auteurs résistaient de la même manière, le milieu littéraire serait bien pauvre!