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Les Abysses : Les Parmissois

Deuxième petit bout de dévoilement pour Les Abysses, soit une nouvelle race à l’étage desquelles se réfugieront nos héros : les Parmissois.

Ils sont petits, avec les pupilles qui prennent presque toute la place dans l’orbite de leurs yeux. Ils vénéraient une pierre lumineuse qui permet la vie à leur étage des Abysses, jusqu’à ce que les Lorkistes (propriétaires de la mine de lave du premier tome) viennent installer une roue similaire à celle que l’on retrouve dans les 10 premières minutes du film Conan.

Depuis, les choses sur leur étage ont beaucoup changé.

Toute la troupe en compagnie d’Ibolie, la Parmissoise qui les receuille. (Illustration Mathieu Benoit)

Les Abysses Tome 2 : La roue arrivera en librairie dans la première semaine du mois d’avril! Je vous en dévoilerai la couverture la semaine prochaine, mais pour les pressés, les Éditions Druide m’ont dit qu’eux-mêmes la partageraient demain sur leurs réseaux!

Dans lequel mon originalité en prend pour son rhume

J’ai profité de la relâche pour faire quelques lectures de livres jeunesse québécois, à moitié pour le plaisir, et à moitié par conscience professionnelle. Après tout, c’est une bonne idée de savoir ce qui se fait, et j’adore avoir des livres autres que les miens à recommander.

Mais voilà, PAR DEUX FOIS, j’ai retrouvé une idée que j’utilise dans Limbo-Cumulus, ce qui m’a envoyé dans une spirale de doute et de frustration.

Le premier se trouve dans le fabuleux Le deuxième étage de l’océan (lisez-le si ce n’est déjà fait!). Déjà, avec son aventure imaginaire et sa structure en vers, j’y retrouvais beaucoup de Paul Thibault. Je sais, je n’ai pas inventé l’idée d’écrire des romans jeunesse en rime, Lewis Caroll et François Gravel l’ont fait bien avant moi. En fait, le problème n’était pas là. C’est surtout que l’aventure commence alors que le jeune garçon trouve un escalier qui mène dans les nuages… soit EXACTEMENT le début de mon roman Limbo-Cumulus, présentement dans les mains de mon éditeur.

Le second se trouve dans le non moins fabuleux Au beau débarras de Simon Boulerice. C’est tout petit, c’est un détail, mais ça m’a tout de même arraché un juron sonore dans mon salon. On y retrouve un personnage non-binaire qui s’appelle Serge-Sophie. Dans Limbo-Cumulus, j’ai un personnage non-binaire qui s’appelle… Jean-Sophie. On me demande parfois si j’ai déjà été victime de plagiat, et j’explique alors que les coïncidences sont bien plus fréquentes. Ces deux noms similaires pour une sorte de personnage pourtant pas si courant en littérature jeunesse québécoise en sont un bel exemple.

Verdict : Après avoir boudé un peu (mon mari peut témoigner), j’ai pris les décisions ci-dessous.

Décision n.1 : Je vais garder mon escalier qui monte dans les nuages. Le concept est assez générique, et mon escalier est différent (fait de brume solidifiée, alors que celui de Carle Coppens est en fer forgé invisible). Par contre, pour éviter d’empirer la ressemblance, je vais devoir rayer Julie Rocheleau de ma liste de souhaits d’illustrateurices pour Limbo-Cumulus, alors que j’aurais eu grand envie de travailler avec elle.

Décision n.2 : Je vais changer le nom de Jean-Sophie. J’adorais ce nom, il était parfait, mais la ressemblance est flagrante. Jean-Charlotte? Grabriell? Un nom inventé en rapport aux nuages? J’ai plus d’un an pour réfléchir; je trouverai bien.

Les Abysses : le millithopatte

Le deuxième tome de ma série Les Abysses (couverture du premier tome ci-contre) sort dans environ un mois, et voici venu le temps pour moi de commencer à vous en révéler quelques secrets, à commencer par une nouvelle créature que rencontreront Gauthier et ses amis.

Je vous présente le millithopatte :

La racine grecque « Lithos » veut dire pierre. Il s’agit donc d’un insecte géant se nourrissant de roches. Il mange les plus friables, mais peut également creuser à travers le sous-sol des abysses pour créer des tunnels.

Dans les premiers chapitres de ce nouvel opus, nos amis se retrouveront traqués… puis capturés par un de ces insectes.

On leur souhaite bonne chance!!!

Le chemin de mon inspiration

Pour un petit contrat de pige, je devais écrire une histoire de 400 mots, sur sujet libre. Je suis partie de l’idée de faire se rencontrer les mascottes d’équipes sportives des écoles de mes deux plus jeunes, soit les aigles et les cactus.

Ma première phrase était : « Un jour, un aigle tomba amoureux d’un cactus ».

L’aigle est rapidement devenu un vautour, puisque les chances de leur rencontre dans le désert devenaient statistiquement plus probables.

Évidemment, le problème d’un rapprochement physique allait être au cœur de l’histoire, mais je ne voyais pas comment le résoudre. L’idée est finalement venue : l’être aimé avec lequel le vautour discutait depuis des jours était en fait un lézard camouflé entre les épines du cactus.

Mon histoire d’amour entre un aigle et un cactus serait donc finalement une histoire d’amour entre un vautour et un lézard.

Inventer des histoires, c’est choisir, changer d’idée, et parfois abandonner les pistes originales.

C’est aussi parfois faire toute cette réflexion entre 5h et 6h du matin, alors qu’on ferait mieux de dormir avant que le cadran ne sonne, mais ça… c’est une autre histoire!

Écrire dans le chaos

Il fut un temps où je n’écrivais que lorsque la maison était vide.

Il fut un temps où j’avais un bureau, juste à moi, dans la moitié d’un salon double.

Aujourd’hui, j’apprends à écrire dans le chaos.

Il y a bien un bureau dans le sous-sol dans notre parcelle de triplex, mais mon mari, qui travaille à distance et passe le plus clair de son temps en téléconférence, est plus dérangeant que moi, alors c’est lui que l’on cache dans le bureau. Moi, je travaille sur la table de la salle à manger, entre la caisse de clémentines et les restants de miettes de pain du déjeuner.

Mes enfants ont grandi. Ils n’ont plus l’âge de venir me déranger aux cinq minutes. Au contraire, ils ont celui de s’enfermer dans leur chambre et de ne sortir qu’à l’heure des repas. Alors quand ils décident de partager l’espace avec moi, je les laisse faire, même si j’ai un chapitre à terminer. La table où j’écris est à deux mètres du divan du salon, dans la même pièce. La semaine dernière, j’ai écrit pendant que mon jeune adulte y jouait a des jeux vidéo. La semaine d’avant, pendant que mon deuxième, fiévreux, y dormait pour récupérer.

En conférence au Comiccon, Cory Doctorow conseillait d’apprendre à écrire dans toutes les conditions : sans rituel, quel que soit l’endroit ou l’état d’esprit.

J’essaie de faire comme lui.

Dans une entrevue, j’ai déjà lu que Stephen King, une fois sobre, avait installé une console de jeux dans son bureau et qu’il avait retissée des liens avec ses grands enfants en leur permettant de venir y jouer à n’importe quelle heure, qu’il travaille ou non.

J’essaie de faire comme lui.

Lorsque l’on parle de la conciliation famille-travail, on pense habituellement à la femme d’affaires qui quitte le bureau plus tôt pour aller chercher les enfants à la garderie. Dans mon cas, c’est surtout une question de tolérance… et de concentration!

Mon dernier jeu vidéo: Once a tale

Il y a environ quatre ans, j’ai fait un contrat en jeux vidéo pour la compagnie Carcajou. Un vrai beau projet comme je les aime : créatif, original, indépendant.

Le jeu est fait en stop-motion, ce qui lui donne une touche visuelle très distinctive, et permet au joueur de contrôler Hansel et Gretel dans leur quête pour retrouver leurs parents. Au fil des niveaux, ils rencontreront d’autres personnages de contes classiques, mais il ne fait pas pour autant s’attendre à une histoire à la Shrek. L’idée était de lier ces contes à des thèmes plus sérieux entourant différentes formes de maltraitance des enfants.

Une démo gratuite est sortie il y a quelques semaines, et il est possible d’ajouter le jeu à sa liste de souhaits sur la plate-forme Steam pour être informé de sa sortie officielle. Voici la bande annonce pour vous donner un avant-goût:

J’ignore à quel point l’histoire que j’ai mise en place a été conservée. C’est le propre de la pige de n’être impliqué qu’à certaines étapes du projet et de laisser l’équipe permanente prendre la relève. Chose certaine, je suis fière de voir mon nom au générique du démo, même si la piètre performance de mon ordinateur ne m’a pas permis de le jouer en entier!

Contre-exemple de comment structurer un roman complexe!

Une autrice m’a contacté cette semaine pour me demander conseil. Elle abordait un roman à la structure similaire à celle des Chroniques post-apocalyptiques et se demandait comment j’avais bâti le tout. Ma réponse est compliquée parce que j’ai utilisé une méthode différente pour chacun des trois tomes, alors voici en gros comment ça s’est passé pour chacun.

Premier tome : Je l’ai écrit sous le coup de l’émotion, au fur et à mesure, sans planification aucune. Très mauvaise idée! J’ai passé des jours à retravailler la structure une fois le premier jet terminé, en relisant des pages et des pages à chaque fois que je changeais un morceau de place pour m’assurer que la continuité était respectée. Je ne recommande pas!

Deuxième tome : Retoucher à mes personnages me faisait tellement peur que j’ai écrit toute la ligne narratrice du nouveau personnage (Kiara), puis tous ses retours en arrière, avant de m’attaquer aux scènes d’Astrid et de M.Beauséjour. J’ai finalement intercalé les histoires ensemble, puis tout retravaillé longuement pour que ça se tienne. Je ne recommande pas non plus!

Troisième tome : Comme mon nouveau personnage (Hatim) avait déjà fait une apparition dans chacun des deux premiers tomes, certains moments de son histoire possédaient déjà une date fixe. J’ai donc fait une ligne de temps sur laquelle j’ai placé ces événements, pour ensuite remplir les trous avec le reste de son histoire. J’y ai ajouté les nouvelles péripéties des personnages déjà existants et ça a très bien marché! Est-ce que ça veut dire que ce livre a été plus facile à écrire? NON! Parce que j’ai ensuite changé cinq fois d’idées sur l’endroit à partir duquel le « présent » commencerait par rapport aux retours en arrière, m’obligeant à réécrire certains passages plusieurs fois. Oups!

Bref, j’ai conseillé à l’autrice de faire un plan solide de chacune de ses lignes narratives, puis de mettre le tout sur une ligne de temps pour voir comment elles interagissent les unes avec les autres. Je lui ai surtout conseillé de ne pas écrire tant que le résultat se sa planification n’était pas satisfaisant. Si je pouvais retourner en arrière et me donner conseil à moi-même, c’est ce que je ferais!

Les Belles histoires vraies, en avance sur leur époque!

Au début de l’hiver, j’ai eu la chance de trouver le trésor ci-dessous un croque-livre de mon quartier.

Cette collection de biographies a fortement marqué ma jeunesse. En me fermant les yeux, je peux sans effort retrouver des images d’une bonne dizaine d’entre eux. J’ai donc replongé dans celui-ci avec délice.

Mes premières impressions? Les illustrations au feutre ne sont pas à la hauteur de mon souvenir, mais quel livre des années 80 l’est vraiment? Le sujet est bien vulgarisé, les phrases simples, et si le procédé d’ajouter un « compagnon imaginaire » à chaque héros peut sembler naïf, il reste efficace pour alléger le sujet. L’écriture est fluide, malgré quelques fautes de style, dont la répétition ci-dessous reste la plus cocasse :

Bref, un bilan mitigé, jusqu’à ce que j’arrive à la page « autres titres de la collection », et que toute l’importance de l’œuvre me frappe.

Trente ans avant la vague des biographies de femmes rebelles, culottées, allumées et autres,  elle a offert à ma génération des modèles de femmes, dans un univers culturel où les héroïnes étaient rarissimes. À cinq livres sur une vingtaine, on est loin de la parité, mais l’exploit n’en est pas moins extraordinaire.

Au-delà des critiques de ce qui aurait bien ou mal vieilli, j’ai donc seulement envie de dire un énorme « Merci » à ceux qui ont conçu et publié cette collection. Grâce à vous, les femmes de ma génération ont pu se dire qu’elles pourraient faire de grandes choses, comme Marie Curie, Eleanor Roosevelt, Helen Keller, Elizabeth Fry et Margaret Mead.

Voyage en Louisiane #2 : le français

Drapeau de la Louisiane

En retournant dans mes billets de l’année 2023 pour écrire mon bilan, j’ai réalisé que je n’avais jamais écrit le deuxième billet sur mon voyage en Louisiane. Le voici donc, avec plusieurs mois de retard!

Au niveau du français en Louisiane, mes attentes étaient modestes. Je pensais y rencontrer des jeunes qui parlent un français de niveau langue seconde avec un fort accent cajun.

En réalité, les jeunes que j’ai rencontrés avaient un excellent français… et l’accent de France. Leurs parents ne sont pas cajuns, ce sont des anglophones qui ont décidé d’envoyer leurs jeunes en école d’immersion parce qu’elles sont réputées et que le ratio professeurs-élèves y est beaucoup moins élevés que dans les écoles régulières. La majorité de leurs professeurs viennent de la France grâce à une entente spéciale entre la Louisiane et ce pays. J’ai entendu des histoires d’élèves d’immersion incapables de communiquer avec leurs grands-parents cajuns parce que leur français est trop différent.

La relation des élèves avec notre langue est assez ambiguë, aussi. Ils ne l’apprennent ni par envie ni par tentative de conserver leur culture. Ils ont pour la plupart l’intention de ne plus jamais parler cette langue une fois leur scolarité terminée. J’avais eu un peu les mêmes échos de la part des jeunes en immersion francophones de Vancouver.

Je ne peux m’empêcher d’y voir une opportunité ratée. Au-delà de leur apprendre la grammaire et l’orthographe, il faut intéresser ces jeunes à la culture de langue française : les livres, les films, la musique. Un professeur avait bien une guitare sur laquelle il leur jouait du Joe Dassin. Ils ont 13 ans… c’est Big Flo et Oli, Angèle, Roxanne Bruneau, Fouki ou P’tit Béliveau qu’il faut leur faire écouter.

Il me semble aussi que des professeurs franco-canadiens (québécois ou autres) seraient plus aptes à bâtir des ponts entre les deux cultures.

Il ne faut pas généraliser mon expérience à New Orleans et Bâton Rouge. On m’a assuré que dans certains villages de Louisiane, notamment celui de Lafayette, la culture cajun est toujours bien vivante.

Je ne peux qu’espérer que ça soit vrai, parce qu’il ne suffit pas d’apprendre la langue à des jeunes pour que survive une culture. Même si c’est un bon premier pas.

Limbo-Cumulus partie 8… et 9 

Dans cette série de billets, nous étions rendus à l’étape 8 : la recherche d’un éditeur. Vous vous en doutez, ça ne se passe pas vraiment de la même manière pour un auteur débutant que si on est dans le métier depuis longtemps.

Voici comment la recherche d’éditeur est censée se passer :

  • Regarder les éditeurs compatibles avec son projet sur le répertoire de Communication-Jeunesse
  • Visiter le site internet de chaque éditeur pour trouver l’adresse à laquelle envoyer les manuscrits
  • Rédiger un courriel qui explique qui on est et inclure un résumé de notre histoire et de nos intentions
  • L’envoyer à tous les éditeurs choisis avec notre manuscrit en attachement
  • Attendre 3 à 6 mois.

Voici comment elle s’est passée pour moi dans le cas de Limbo-Cumulus

  • Parler informellement de son projet à un éditeur avant même d’avoir commencé
  • Lui envoyer directement le manuscrit terminé
  • Attendre 2 semaines

Et puisque j’ai une entente verbale avec eux (je dévoilerai leur identité sur mes réseaux sociaux lorsque le contrat sera signé), je peux commencer l’étape 9, la plus terrible selon moi, j’ai nommé : L’ATTENTE!

Et elle sera longue!

Les calendriers de publications des maisons d’édition sont bien souvent planifiés plus d’une année à l’avance. Lorsque j’ai envoyé mon manuscrit à mon éditeur, il ne restait donc plus de place pour une publication en 2024.  Et comme l’équipe commerciale désirait avoir mon roman pour la rentrée littéraire, c’est à l’automne 2025 qu’il sortira, soit près de deux ans après que je leur ai envoyé le manuscrit.

Ne vous étonnez pas de ne pas voir passer d’autres billets dans cette série avant longtemps. En attendant, voici les billets précédents :