Archives de catégorie : Inspiration

Écrire une nouvelle littéraire

Il y a quelques semaines, le magazine Opuscule m’a contacté pour me demander une nouvelle littéraire. J’avais un peu de temps entre deux manuscrits, alors, j’ai dit oui!

Une fois seule devant ma feuille blanche, j’ai réalisé que c’est un genre auquel je n’avais pas touché depuis l’université… peut-être même bien le Cégep! Il y a bien eu les courtes histoires du hors série À la recherche de Victor Cordi, mais il s’agit là plutôt de contes à raconter autour du feu que de nouvelles littéraires à proprement parler.

Me voici donc devant ma feuille blanche, complètement coincée avec l’idée qu’une nouvelle littéraire doit comporter une fin surprenante. C’est du moins ce que j’ai retenu de mes cours de français, ça m’apprendra à ne pas aller en lettres! Je pense, je pense, et à chaque idée que je trouve, la caricature de M. Night Shyamalan, telle qu’imaginée par Robot Chicken, m’apparaît.

 

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Bref, la fin surprenante, je ne peux m’y résoudre!

Histoire de m’inspirer, je suis allée fureter sur le site d’Opuscule à la recherche de ce que mes collègues ont fait avant moi. Reconnaissant son nom, je me suis laissée tenter par le texte d’André Marois. Je vous invite à faire de même en suivant le lien ci-dessous:

Facteur aggravant, texte d’André Marois  

Évidemment, sa fin est parfaite! Ce n’est pas tout à fait “a twist” dans le sens N. Night Shyamalan du terme, mais elle reste punchée, mémorable. Ça me donne un bon modèle… et ça me fout un peu la pression!

Je repense alors aux rares recueils de nouvelles que j’ai lu. Les Amazing Stories de ma jeunesse, et plus récemment Utopiales 2017. Les textes qui sont restés avec moi l’ont été de par leur univers plus que par leur trame narrative.

C’est donc par ce bout que je décide d’attaquer! J’ai créé un univers, en me disant que l’histoire viendrait bien.

Et une fois qu’elle est venue, j’ai tenté de lui faire une fin punchée sans être nécessairement une révélation. Une fin à la André Marois.

Le tout paraîtra sur Opuscule dans les prochains mois, je vous tiendrai au courant sur Facebook et Twitter!

9782897940225_largeEt pendant qu’on est sur le sujet des nouvelles littéraires et d’André Marois, je vous encourage à vous procurer son petit dernier: L’oeuvre incomplète d’Amilcar Torpp. Les nouvelles policières qui s’y retrouvent sont hyper-courtes, presque des vignettes, avec chacune leur propre page couverture. J’en suis environ à la moitié, et je suis complètement sous le charme!

P.S : S’il y a des professeurs qui me lisent, notez que L’œuvre incomplète d’Amilcar Torpp n’est pas un livre jeunesse, même si André Marois en écrit parfois. Reste que certaines des nouvelles seraient parfaites pour étude au secondaire.

L’inspiration est dans l’art!

Depuis un an, environ, je m’intéresse de plus en plus à l’art contemporain, tout particulièrement à celui dit « urbain », qui découle de la culture des graffiteurs.

Mes découvertes se font à travers le magazine Graffitiart, publié aux deux mois, et qui présente les œuvres phares du domaine. Chaque fois, j’y découvre au moins un nouvel artiste coup de cœur qui me transporte! Moi qui aime l’imaginaire, je suis ébahie de la capacité de ces artistes à m’émerveiller instantanément, à me raconter tout un univers simplement par une image. Mon propre imaginaire s’y nourrit.

Voici mes trois préférés ces temps-ci.

Dulk :
http://www.dulk.es/
Les peintures de Dulk me donnent envie, chaque fois, d’écrire des histoires. Que d’inspiration dans ces images complètement déjantées d’animaux au corps interrompus par des coupures. Un peu comme si Dali avait voulu raconter Lafontaine!

Dulk

 

Bordallo II:
http://www.bordaloii.com/
Il y a quelque chose de touchant dans ces animaux sculptés à partir de matériaux trouvés dans les poubelles! Ils pourraient se trouver à mi-chemin entre le mutant et le robot, et pourtant, ils ont une âme certaine.

Bordallo II

 

Pejac :
http://www.pejac.es/
Ce que j’aime de Pejac, c’est qu’il transforme tout en art! La moindre tache de rouille, ou craque de béton peut devenir une toile sous son pinceau. Plutôt que de créer des univers complets, comme Dulk, il ajoute une touche de poésie au nôtre.

Pejac

Je vous encourage à cliquer sur le lien pour découvrir leur porte-folio complet, à les suivre sur les réseaux sociaux, à partager vos propres coups de cœur.

On a jamais trop d’art dans notre vie!

 

 

 

Les shadoks et mon amour des ovnis!

Comme auteur jeunesse, je suis bien placée pour savoir que les lectures de notre enfance forment l’adulte que nous deviendrons. Je vous parle aujourd’hui d’un univers qui m’a fortement influencé : Les Shadoks, de Jacques Rouxel.

Pour les Français, les Shadoks, c’est surtout une série de vignettes animées à la télévision. Elles sont d’ailleurs, évidemment, toutes disponibles sur Youtube, pour les curieux.

Couv_29242Mais pour moi, c’était un livre sous-titré Pompes à rebours, emprunté maintes fois à la bibliothèque de Sainte-Julie à l’époque, et sur lequel j’ai récemment remis la main (merci Amazon!). Comment vous résumer ce livre, si ce n’est que par quelques adjectifs : déjanté, bizarre, original, bref, un véritable ovni! Sous forme de faux documentaire, on y découvre un drôle de peuple à la fois imbécile et teigneux, qui vit sur une planète non loin de la terre. Le livre nous dévoile leur mode de vie ainsi que celui de leurs voisins, les Gibis. Le tout en glorieuses couleurs psychédéliques des années soixante-dix! Quelques vignettes pour vous en donner une meilleure idée :

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Les seules choses que j’ai vues qui pourraient s’y apparenter serait la série de comics américain Beanworld de Larry Marder, ou encore Les Mous de Delphine Durand. De gros coups de cœur dans les deux cas.

J’ai parfois droit à l’adjectif « déjanté » pour parler de mon imaginaire, mais devant Jacques Rouxel, je ne suis qu’un piètre amateur!

Trouvailles et trésors à Québec

Durant les vacances de Noël, nous sommes allés faire un petit tour à Québec en famille. Je voulais vous partager quelques-unes de mes trouvailles!

20180104_172101Un bijou de bibliothèque

La bibliothèque Claire-Martina été construite dans une ancienne église, un peu comme la bibliothèque Mordecai Richler dans le Mile-End où je suis allée faire une animation il y a quelques années, où celle de Memphrémagog, où ma mère m’a déjà amenée avec les enfants. Le résultat est toujours splendide! Après tout, les églises sont des lieux de silence, de recueillement, de beauté. Trois adjectifs qui se marient très bien avec la lecture!

Deux trésors dans une librairie

51TlbhwY4aL._SX320_BO1,204,203,200_Pèlerinage obligé, puisque mon Mari y a travaillé durant de nombreuses années, nous sommes passés faire un tour chez Première Issue, une librairie spécialisée dans la bande dessinée américaine. J’y ai trouvé un recueil des comics #1 à 13 de ma « série préférée que je n’ai pas lu » : The books of Magic. Quand j’ai commencé à lire des comics américains, la série était terminée, et je n’avais pas le budget pour acheter les reliures, plus dispendieuses. Une fois que j’en ai eu les moyens, les reliures n’étaient plus trouvables! C’est donc une nouvelle édition qui vient de sortir, et qui m’a remplie de bonheur! Une brève description : un adolescent à lunettes découvre qu’il est en fait un sorcier. Vous trouvez ça familier? C’est mieux si je vous dis qu’il un hibou pour animal familier? Non? Je sais, la coïncidence est grande, mais il précède le fameux Harry Potter de 4 ans. C’est beaucoup plus étrange, aussi. Après tout,  le héros sort du cerveau de Neil Gaiman, auteur du Sandman et de Coraline.

20180104_185848Deuxième trésor? Une mini-exposition surprise! Sur un des murs de l’escalier de la librairie se trouve une série de toiles faites par PisHier, illustrateur jeunesse bien connu! Il y fait d’heureux mélanges de culture pop, comme par exemple Bobba Fette qui capture Charlie.ou Dr Strange qui pose devant le T.A.R.D.I.S. de Dr Who!

P.S. Désolée pour la piètre qualité de l’image, allez plutôt voir les originaux ici!!

La narration de l’art moderne

20180105_125853La température glaciale ne portant pas trop aux sports d’hiver, nous avons également visité le musée d’art contemporain, plus précisément l’exposition permanente d’art contemporain De Ferron à GBL. Ce qui est bien avec l’art contemporain, c’est qu’il y a tant de styles que tout le monde finit par y trouver son compte! Mon coup de cœur personnel était pour cette œuvre, intitulée The Scar Project (le projet cicatrice), de Nadia Myre, et dont chaque morceau était inspiré d’un témoignage de grande douleur, psychologique ou physique, raconté à l’artiste. J’ai passé de longues minutes devant cette mosaïque de toiles, à essayer de faire le chemin inverse : m’imaginer l’histoire qui a inspiré chaque parcelle.

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de passer chez Pantoute, pourtant une de mes librairies préférées. J’aurais pu en profiter pour leur demander d’ouvrir une succursale à Montréal…? Non? Allez!! Il y a plein de locaux libres dans le Plateau Est…

Cinq idoles en deux jours

nycc-logo-largeJe reviens duComicCon de New York, cette grande foire de culture Geek américaine! Évidemment, dans ce festival, il y a une énorme salle d’exposition remplie de kiosques où acheter des produits dérivés, mais l’essence même de l’événement ne se trouve pas dans ces objets qui, avouons-le, pourraient très bien s’acheter en ligne. C’est surtout, du moins pour moi, une occasion d’entendre et parfois même de rencontrer certains des créateurs dont j’apprécie le travail! Et j’ai été gâtée!!!!

Il y a d’abord eu les tables rondes et conférences.

14523202_10153739080402191_64037339443924815_nJ’y ai entendu Steven Moffat, un des meilleurs scénaristes de DrWho, et co-créateur de l’excellente série Sherlock dans une conférence portant sur les séries britanniques. On y a vu en primeur le premier épisode complet de Dirk Gently’s holistic detective agency, tiré d’une série de l’auteur Douglas Adams, mieux connu pour son « Guide du routard galactique » (une autre idole personnelle!).  Grande surprise, la deuxième série présentée, Class, a été créée et écrite par Patrick Ness, un des grands noms de la littérature jeunesse, qui a pris place sur l’estrade! Je dois avouer n’avoir rien lu de lui, mais je vais m’y mettre, c’est certain, maintenant que je l’ai entendu parler! Finalement, dans le segment sur Dr Who, on a eu droit à Peter Capaldi, le Docteur actuel, en personne. Ce n’est pas parce que je viens pour les créateurs que je n’apprécie pas les acteurs qui portent le matériel à l’écran, bien au contraire! On peut parfaitement être professionnelle ET groupie!

book_cover2La deuxième conférence que j’ai vue était celle sur Mr Robot, une incroyable série américaine portant sur un hacker avec de sérieux troubles mentaux. La conférence devait en fait promouvoir un livre dérivé de la série, mais le créateur et scénariste principal, Sam Esmail, y était! C’est un véritable plaisir que de l’entendre parler de son processus de création! Les réflexions que j’en ai tirées feront d’ailleurs parties d’un billet à lui tout seul.

14572311_10153739900182191_5518441484225627414_nLa troisième était une table ronde de créateurs avec trois légendes du comic book : Chris Claremont (créateur des X-Men), Walt Simonson (dessinateur et scénariste de Thor) et nul autre que Stan Lee (à droite), qui se passe désormais de présentation. Cerise sur le Sunday, le tout était modéré par Kevin Smith, un autre grand créateur de culture populaire. Le plus grand plaisir ici était d’entendre les trois vieux de la vieille se rappeler des anecdotes de leurs débuts chez Marvel, avec le modérateur plus jeune y mettant son grain de sel. Il est intéressant de se rappeler que tout le monde a déjà été un débutant… même le créateur des X-men!

Mais ce que j’ai préféré est l’Allée des artistes

Dans une salle à part du ComicCon se trouve quelque chose de plus proche d’un Salon du livre, soir le « Artist Alley ». Sur des tables en rangées d’oignons, des scénaristes et illustrateurs y rencontrent leurs fans, vendent leurs œuvres (je reparlerai, de cet aspect une autre fois) et font des dédicaces. Mon mari étant un véritable connaisseur de comic-book, j’ai donc rencontré de grands noms (Chris Claremont vu la veille à la table ronde, Larry Hama et Geoff Darrow) sans véritablement réaliser l’honneur que c’était.

Plus important, j’y ai rencontré mes idoles à moi!

young-justice-47Une de mes séries de Comic Book préférées et probablement ma série de superhéros numéro un est Young Justice, paru au début des années 2000. Je savais que l’illustrateur, Todd Nauck, y serait, et j’ai donc amené un de mes numéros favoris pour le faire signer. Ce que je ne savais pas, c’est que le scénariste, Peter David, y était également, à une autre table. J’ai donc pu faire signer mon comic deux fois plutôt qu’une, jaser avec ces deux créateurs, et leur dire aussi tout l’amour que je porte à leur œuvre! Ils étaient tous deux accueillants, sympathiques, et juste assez bavards pour que ça ne soit pas inconfortable. Je garderai leur grâce en tête la prochaine fois que je me trouverai de l’autre côté de la table, dans un salon du livre.

9782355741784_mediumLe dernier rencontré est Ted Naifeh, créateur de la série Courtney Crumrin, avec lequel j’ai eu une fascinante discussion sur les personnages à enfance malheureuse (j’en reparlerai aussi!). Je suis reparti avec un recueil d’une série plus récente, histoire de continuer à découvrir ses histoires. La découverte de nouveauté, c’est aussi un des avantages de ce genre d’événement.

Bref, j’en suis revenu énergisée et inspirée. Comme disait Walt Simonson dans la table ronde des créateurs, parfois, on voit ce que les autres font, et on soupire en se disant qu’on ne fait pas le poids… puis on court à notre bureau pour travailler plus fort encore! C’est ce que je tenterai de faire cette semaine : travailler fort pour rattraper tout ces géants!

P.S: Oui, je sais, j’ai dit « 5 » dans le titre, et j’en au surligné beaucoup plus… c’est que certains méritaient d’être en gras sans nécessairement être de mes idoles!

Inspirations italiennes

Les voyages sont une merveilleuse source d’inspiration. Ils permettent de voir d’autres réalités et d’ainsi élargir son esprit sur ses attentes de ce qui est possible, voire attendu. Je reviens d’un mois en Italie, et voici les deux choses qui m’ont le plus marqué, le plus inspiré.

Le Palio de Sienne

La grande place de Sienne, bien remplie pour une des courses préliminaire du Palio (photo: Sébastien Provencher)
La grande place de Sienne, bien remplie pour une des courses préliminaire du Palio (photo: Sébastien Provencher)

Le Palio est une course de chevaux traditionnelle qui a lieu deux fois par année sur la place centrale de Sienne, depuis des centaines d’années. Elle oppose les 17 quartiers de la ville, chacun ayant son jockey, et surtout, son emblème! Parce que ce sont ces emblèmes qui m’ont charmée!  Tout d’abord, elles sont omniprésentes dans la ville pendant la semaine de la course! Drapeaux, banderoles, et lampadaires urbains aux couleurs de chaque quartier décorent la ville, sans oublier les foulards portés par les habitants pour afficher leurs allégeances.

(Photo Sébastien Provencher)
Un des monuments paré des drapeaux de son quartier (Photo Sébastien Provencher)

Ensuite, elles sont superbes, armoiries chatoyantes dignes des plus grands contes médiévaux.

L'emblême du dragon (photo Romy Provencher)
L’emblême du dragon (photo Romy Provencher)

Mais surtout, certaines sont magnifiquement absurdes! À côté des symboles glorieux classiques tels, le dragon, le loup et l’aigle s’en trouvent d’autres, totalement inattendus (surtout pour une course!), mais brandis avec tout autant de fierté, comme par exemple l’oie, la tortue, la chenille… l’escargot!

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Trois drapeaux ramenés en souvenir! L’escargot ornera mon bureau.

 

En plus d’être merveilleusement festif et de nous donner l’impression de se promener dans Hogwart un jour de match de Quidditch, le Palio m’a rappelé que l’inattendu est toujours plus intéressant que son inverse, mais aussi, que la noblesse peut se trouver dans les symboles les plus insoupçonnés.

Les Grottes de Frasassi

C’était la visite que j’attendais avec le plus d’impatience, et je n’ai pas été déçue, loin de là.  Les grottes de Frasassi comptent parmi les plus grandes d’Europe et sont absolument spectaculaires. La nature dans toute sa force, sa grandeur et son originalité. Quelques photos (prises sur Internet, puisqu’on n’avait pas le droit d’en prendre nous-mêmes) pour vous en donner une idée :

(Photo par Ben Francis sur Flickr)
(Photo par Ben Francis sur Flickr)
(Photo par Ben Francis sur flickr)
(Photo par Ben Francis sur flickr)

Les photos seules  ne peuvent rendre l’échelle de ces formations. Attardez-vous à la taille de la passerelle sur la dernière photo et dites-vous que,dans cette caverne, on aurait pu construire une cathédrale

Dans ces grottes, j’étais Yoko Tsuno, un membre honoraire de la patrouille des Castors, un explorateur du centre de la Terre, un astronaute en cavale sur une autre planète, et bien d’autres choses encore. Une ambiance tellement « hors de la normalité » que l’imagination ne peut faire autrement que s’enflammer.

Bref, si, dans les prochaines années, vous trouvez des courses d’escargots géants ou une petite fille vivant en ermite dans une immense grotte, vous saurez que l’Italie est à blâmer pour ces envolées lyriques!

Trésors d’argot

Je vous ai déjà parlé du langage des Clapontins, que l’on rencontre dans Victor Cordi, Cycle 1, Livre 3: (« Fais-toi un petit trou bien conformiam, mon placo ! Tu en as pour une targe !  » ou encore « on peut dire que tu nous as fait courtailler »)

Je également parlé de mon amour pour les mots inventés. Ces deux choses ont une seule et même origine : ma fascination, depuis l’adolescence, pour l’argot français.

b818acb811e9f3d888c4f4f8daf91749.504x500x1J’ai eu deux maîtres en la matière. Tout d’abord, le chanteur Renaud, découvert à l’adolescence. Si ses œuvres les mieux connues n’ont que quelques perles facilement compréhensibles (« tu sais ma môme, que j’suis morgane de toi »), ses chansons plus vieilles devenaient, pour la Québécoise que je suis, de véritables casse-têtes à déchiffrer (« Quand l’baba cool cradoque est sorti d’son bus volkwagen qu’il avait garé comme une loque devant mon rade»)

Puis, dans la vingtaine, je suis tombée sur Pierre Perret, grâce à une amie. Ce fut le coup de foudre, et il reste, aujourd’hui encore, mon préféré parmi la « vieille garde » de la chanson française. Je suis sa page Facebook juste pour le plaisir de voir des statuts qui commencent par « Salut mes loulous », et où on ne dit pas : « Les enfants étaient super » mais bien, « les lardons étaient aux œufs ».

Vous ne pouvez imaginer mon bonheur lorsque, il y a une semaine ou deux, je suis tombée sur ces deux petites merveilles :

Pierre Perret Le renard et la cigogne          Pierre Perret Le loup et l'agneau
 

Des fables de Lafontaine, racontées par Pierre Perret! Je ne savais même pas que ça existait!

On y trouve des rimes sublimes :
«  Honteux comme un taureau, qui aurait paumé ses cornes,
Le renard s’était fait roulé dans le pop corn »

Des phrases quasi incompréhensibles pour le néophyte :
« Le loup à toute burbure, enjambe le cresson »

Et des morales discutables :
« Tuer un p’ptit agneau sans défense?…  c’est bien laid…
Mais c’est pas dégueulasse avec des flageolets !»

Bref, un trésor pour moi, de ce type de trésor qu’on ne trouve que dans les librairies de livres usagés. Le dos de la couverture en annonce deux autres titres, je mettrai la main dessus, je le jure!

 

Ma mère

photo m'manTous les soirs de mon enfance, ma mère s’est installée dans le lit de mon frère pour nous faire la lecture du soir à tous les deux. Albums, grand-livre-pour-piger, bandes dessinées, tout y est passé. Elle qui se croyait peu créative, elle avait une voix différente pour chaque Schtroumpf.

Des années plus tard, elle a offert à mes propres enfants la même attention et la même énergie que celle à laquelle j’avais eu droit. Elle qui se croyait sans imagination, je l’ai surpris à maintes reprises à leur inventer des histoires impossibles pour leurs petshops ou leurs toutous.

Elle se savait sportive, avec raison. C’est elle qui m’a appris à lancer une balle de base-ball, à nager la brasse, à plonger du tremplin. Elle a montré à trois de ses petits-enfants à skier, encourageant les plus timides, et retenant les plus téméraires avec un harnais. Soixantenaire, elle n’hésitait pas à monter en ski nautique (un seul ski, oui madame), juste pour prouver qu’elle en était encore capable.

Elle se savait excellente gestionnaire, aussi. Ses employés à la Banque Nationale (jusqu’à 300 dans les dernières années) l’ont tous adoré. Elle le leur rendait bien. Ce don pour l’organisation se faisait sentir à chaque fois qu’elle recevait. Ma mère aimait les maisons pleines. Amenez-en de la visite! Petit général de 4 pieds 11, lorsqu’elle prenait les choses en mains, tout roulait au quart de tour.

Ma mère n’hésitait jamais à faire passer les autres avant elle. Généreuse à l’extrême, elle se serait fendue en quatre pour ses enfants, ses petits-enfants, son amoureux, ses amis, sa famille.

Elle était forte, courageuse, résiliente.

Elle qui se croyait sans flamboyance, elle aurait fait une parfaite héroïne de roman.

Ma mère s’est éteinte hier, à 67 ans, suite à une bataille de deux mois contre la leucémie.

3 Conseils littéraires du Comic Con

Tout d’abord un petit mot sur ce dont ne parlera pas ce billet, soit la faillite de Courte Échelle. J’ai sur le sujet plus de questions que de réponses pour l’instant, je me reprendrai la semaine prochaine, quand le tout aura été mieux digéré.

Mais maintenant, place au…

New_York_Comic_Con_logo.svg_La semaine dernière, mon mari m’a surprise avec des billets pour le Comic Con de New York en l’honneur de nos 15 ans ensemble, et de ma quarantaine qui approche. Il y a bien longtemps que ce salon de la bande dessinée américaine s’est élargi pour inclure la totalité de la culture geek, et j’ai eu le plaisir d’y entendre trois grands créateurs que j’admire beaucoup, soit R.L. Stine (romans jeunesse Goosebumps), Dan Harmon (série télé Community) et Cory Doctorow (Romans jeunesse et adulte : Little Brother, Pirate Cinema, Makers). Voici la leçon principale que j’ai retenue de chaque panel.

 

rl-stine-1R.L.Stine
Cet auteur est une légende, pour avoir créé la série « Goosebumps », connue sous le nom « Chair de Poule » en français. Son âge avancé et sa grande renommée lui permettent de n’avoir plus rien à prouver. Il se permet donc d’être baveux avec l’animateur, et de ne répondre aux questions que s’il en a envie. À un membre de l’assistance qui lui demande d’improviser un cadavre exquis avec les autres panélistes, il répond simplement : « Not gonna happen » et passe à une autre question. Moi qui suis incapable de faire autrement que d’être gentille, je ne peux qu’admirer!

 

Le panel parlait de la création de monstres dans les romans jeunesses/jeunes adultes, et R.L.Stine y a dit cette chose magistrale :

« Les enfants s’identifient bien plus aux monstres qu’aux personnages humains de mes histoires ».

Ça m’a rappelé Max et les Maximonstres, et comment les émotions négatives sont quelques choses à explorer et à accepter en littérature jeunesse.

 

ScreenHunter_01 Oct. 13 06.36Dan Harmon
Un autre personnage que ce scénariste surtout connu pour la série Community. Mal dégrossi serait probablement la meilleure manière de le décrire.  Ce qui m’a rejointe le plus est sa théorie sur la procrastination, ou pourquoi est-ce qu’on attend à la dernière minute pour n’écrire que lorsqu’on commence à paniquer, une tendance contre laquelle je me bats tous les jours! En gros :

« La dernière minute nous donne la permission d’écrire même s’il y a des chances que ça soit mauvais ».

Il expliquait être un perfectionniste, et qu’avoir tout le temps du monde pour écrire le paralyse avec la pression de n’avoir pas d’excuse pour que ce ne soit pas la meilleure chose du monde.

 

Cory-DoctorowCory Doctorow
J’ai adoré l’écouter parler, c’est un homme d’une grande intelligence. Pourtant, ce que j’en retiens est presque trivial.

« Apprenez à écrire dans n’importe quelle situation ».

On parle parfois des rituels des auteurs, de leur bureau, leur crayon, la musique qu’ils écoutent, l’état d’esprit dont ils ont besoins. Mais il y a des jours où ces choses ne sont pas atteignables et il faut écrire quand même! Comme il disait, il y a des jours ou les mots sortent tout seul, et d’autre où ils ne s’arrachent qu’avec difficulté… mais en rétrospective, lorsqu’on se relit, on est rarement capable de différencier les jours A des jours B tant la qualité du résultat est la même. Si on apprend à écrire dans les pires jours comme dans les meilleurs, on ne sera jamais bloqués.

L’univers des livres participatifs

Comme vous le savez peut-être tous, je viens du monde de l’interactif. Site web, jeux vidéo, applications, j’ai touché à peu près à tout! Je suis donc toujours un peu fascinée lorsque les autres médiums, dits « passifs », décident de faire participer les spectateurs à leur tour.

L’exemple que tout le monde connait, c’est l’émission de télévision Dora. Plusieurs fois par épisodes, la petite exploratrice se tourne vers la caméra et passe une commande telle que « Lève les bras dans les airs », « Souffle sur les nuages » ou le classique « dit : « Chipper, arrête de Chipper »! ». Ceux de ma génération savent que le principe n’est pas nouveau, les Oraliens et les 100 tours de Centour nous faisaient déjà répéter des formules à l’époque!

Contrairement à l’ordinateur, la télévision n’a aucun  moyen de savoir si l’enfant s’est exécuté, je refuse d’appeler ces épisodes « interactifs », puisque l’interaction, par définition, doit être réciproque. Je préfère donc le terme « participatif »

Évidemment, les livres ne sont pas en reste! Le premier véritable livre participatif sur lequel je suis tombée est Un livre de Hervé Thullet, maître du genre. En voici la première page :

ScreenHunter_01 Jul. 05 07.38

Sur la page suivante, le point aura changé de couleur. Au fil des pages, le livre nous demandera d’appuyer, brasser, souffler, et plusieurs autres actions encore. Les points dans le livre réagissent d’une page à l’autre selon l’action exécutée. Une petite merveille! Vous pouvez voir la bande-annonce anglophone du livre sur YouTube, ça vaut le détour!

Lorsque j’ai fait part de mon intérêt pour ce genre à mon éditrice de La Courte Échelle, elle m’en a fait découvrir plusieurs autres :

ScreenHunter_02 Jul. 05 07.40Il y a des chats dans ce livre, de Viviane Shwartz

Que vous pouvez voir en anglais au complet par ici, et qui a été une véritable obsession de ma plus jeune pendant des mois! Les trois chats sont très sympathique, et les participations sont variés et bien intégrées.

 

 Chuuuuut, de Sally Grindley

Cette fois-ci, c’est l’ambiance qui est bien réussie! D’une page à l’autre, on se promène dans le château de l’Ogre, accompagnés par la peur de le réveiller! Pour enfants courageux seulement!

 

Turlututu,histoires magiquesEt un recueil comprenant plusieurs histoires de Turlututu, du même Hervé Thullet mentionné plus haut

Chaque histoire est très très courte, moins d’une dizaine de pages, mais l’univers visuel est éclaté, et les enfants sont toujours content de participer. Inégal.

Vous vous en doutez, c’est un genre auquel je me suis essayée… mais ça, c’est une histoire pour une autre semaine (et qui paraîtra en octobre)!