De la difficulté de choisir son temps de verbe

Moi, en train d'écrire chez Bric à brac livres
Moi, en train d’écrire chez Bric à brac livres

Pour mon écriture en direct chez Bric à Brac livre, je commençais un nouveau manuscrit. Je m’étais questionnée sur Facebook sur les caractéristiques de la narration. J’avais opté pour la 3e personne et le passé simple. Mais après 10 pages, je dois me rendre à l’évidence : ça ne marche pas.

J’ai donc décidé que, pour la séance de dimanche matin, je recommencerais à la 1ère personne. Ce qui me laissait la question du temps de verbe. Les trois options et leurs problèmes respectifs selon moi :

  • Le présent : Plus moderne et très dans l’action, mais il me semble que c’est un temps plus approprié à la narration à la 3e personne. Qui conte ce qui lui arrive au présent?
  • Le passé simple : Temps littéraire classique, mais sonne bizarre avec les verbes en « er » à la première personne : « Je mangeai une rôtie et me grattai l’oreille. » Me semble plus approprié à la troisième personne : « Il mangea une rôtie et se gratta l’oreille ».
  • Le passé composé : Temps plus familier, toujours utilisé à l’oral. Un éditeur m’a déjà fait la remarque que ce temps remplissait le texte de verbes « être » et « avoir », ce qui l’appauvrit. Il n’a pas tort.
Image pour toujours liée aux temps de verbe dans mon cerveau!
Image pour toujours liée aux temps de verbe dans mon cerveau!

Bref, rien de parfait!

Pour aider ma réflexion, je me suis penché sur ce qui existait. J’ai donc fait le tour des bibliothèques de la maison pour analyser les temps de verbes utilisés dans les livres écrits à la première personne :

  • Journal d’un chat assassin : Mélange de présent (pour les réflexions) et de passé composé (pour l’action)
  • Bine : Présent (ah ben! Il semblerait que ça existe!)
  • Géronimo Stilton : Passé simple
  • Aurélie Laflamme : Mélange de présente et de passé composé
  • Le journal d’Alice : Passé composé
  • La vie compliquée de Léa Olivier : Mélange de présent et de passé composé
  • L’escouade Fiasco : Temps présent, et ça marche très bien. Me serais-je trompée sur ce temps, ou est-ce que Julie Champagne est une magicienne? (Possibilité à ne pas négliger!)
  • Sloche à la framboise bleue : Présent et passé composé
  • Journal d’un dégonflé : Passé composé
  • Le petit Nicolas : Passé composé

J’ai également vérifié dans deux séries adultes que j’ai adorées (en fait, dans leurs traductions).

  • Dossiers Dresden : Passé simple
  • L’Assassin Royal : Passé simple

C’est clair, pour les journaux intimes, la recette est toujours la même (Présent et passé composé). Le problème, c’est que je ne m’enligne pas pour un journal intime, simplement pour une narration au « je ». Il y a des différences. Quand j’y pense bien, deux des influences derrière mon manuscrit sont Géronimo Stilton et Dresden Files*… et les deux partagent le même temps : le passé simple. Vendu!

MISE À JOUR : 24 heures plus tard, 5 pages d’écrites avec la narration 1ere personne et passé simple… et ça marche parfaitement! Yé! Plus que 85 pages à écrire.

*La troisième influence est une série de bandes dessinées, genre qui se moque bien du temps de verbe de la narration!

4 réflexions sur « De la difficulté de choisir son temps de verbe »

  1. Attention! L’anglais aime son « simple past », temps qui est toujours traduit par le passé simple en français, dont il se rapproche grammaticalement. Or, pour un anglophone, le simple past est un temps familier, oral, ce qui n’est pas le cas du passé simple pour un francophone. Le passé composé serait donc un meilleur équivalent.

    Cela dit, le passé composé à l’écrit donne effectivement un texte un peu pauvre. Le présent pourrait donc être bonne alternative. Et oui, il marche très bien à la première personne, à condition que le « je » évite de raconter le détail de ses actions. (« Je pose la main sur la poignée, tourne et pousse pour ouvrir la porte » c’est à éviter, ça fait un peu artificiel, tandis que « j’ouvre la porte » passe très bien.)

    Le passé simple au « je » est dangereux, parce qu’il présente à la fois le problème du « ça sonne de dire : je mangeai un toast » et le danger de la surdescription des détails des actions. Les deux difficultés se contournent, mais il faut les garder en tête. (Pour la surdescription, mon truc est d’essayer de prendre conscience de ce que je pense : quand j’ouvre une porte, je ne pense pas à tourner la poignée, quand je monte un escalier, à moins d’être ben saoule, j’ai pas besoin de me concentrer sur le mouvement de mes pieds, etc).

  2. @Gen: j’ai cru remarquer que les trois titres qui utilisent le passé simple sont en effet des traductions (de l’Italien dans le cas de Géronimo). C’est certain que le problème ne se pose pas en anglais, puisque le temps de verbe est le même à l’oral et à l’écrit! En même temps, les jeunes sont plus à l’aise qu’on le pense avec le passé simple. Dans une activité que je fais dans mes animations scolaires, je leur demande de changer un verbe dans ma phrase, et j’ai beau faire ma phrase au présent, ils me répondent systématiquement avec un verbe au passé simple! Par contre, je garde bien ton conseil en tête pour la surdescription!! Je tenterai d’y faire attention!

  3. Oui, les jeunes sont à l’aise avec le passé simple, justement parce qu’on leur lit beaucoup de traduction ou parce qu’on écrit beaucoup au passé simple pour eux. C’est plus pour nous que ça peut sonner bizarre. Personnellement, j’évite le passé simple surtout parce qu’il pose un problème quand on veut le mêler aux régionalismes et québécisme. « Je mangeai une rôtie » passe mieux que « Je mangeai une toast », mais j’ai plutôt tendance à vouloir écrire « toast ».

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